[Fic] Me voir à travers l'avenir, Le portrait de Dorian Gray, Dorian

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Titre : Me voir à travers l'avenir
Auteur : Cassyael (dauphin_noire)
Pour : Chapichapo (bagin31)
Fandom : Le portrait de Dorian Gray
Persos/Couple : Dorian/Dorian
Rating : 13+
Disclaimer : Rien ne m'appartient tout est à Oscar Wilde
Prompt : Fic - Le portrait de Dorian Gray
Personnage principal : Dorian
Le jeune Dorian lors d'un voyage dans le pays de votre choix, rencontre son sosie parfait. Libre à vous d'imaginer une amitié ou pas, la contrainte est qu'ils ne doivent se voir qu'à périodes éloignés d'au moins cinq-dix ans pour que le visage et le corps du sosie puissent porter les marques du temps. Imaginer la réaction, les pensées de Dorian en « se » voyant vieillir.
Notes : Je me suis bien amusée à imaginer Dorian se rencontrer lui-même, même si j'ai probablement écourté par rapport à ce que tu aurais aimé lire! J'espère tout de même que ça te plaira!



Me voir à travers l'avenir

Il était encore bien naïf dans ses années, voyageant d'un pays à l'autre à la recherche de nouvelles expériences, de nouvelles jeunes femmes à entraîner dans ses orgies pour partager les plaisirs de la chair. Et il s'amusait. Oh! oui, il s'amusait comme il ne l'avait jamais espéré. Il n'avait seulement pas envisagé de rencontrer un homme qui faisait plus que lui ressembler, un homme qui était son sosie parfait. Dorian n'avait pas été le seul surpris; l'autre homme l'avait également été. Ils s'étaient longuement observés, cherchant les différences entre leurs deux corps, en vain. La seule qui lui sauta aux yeux, fut que l'autre n'avait pas, à son instar, lié un pacte de jeunesse éternelle avec le diable. L'autre homme allait vieillir alors que Dorian conserverait en tout temps la même apparence.

Dans un élan de curiosité- que serait-il devenu s'il n'avait pas vendu son âme?- Dorian incita l'homme à le retrouver trente ans plus tard...





Trente ans s'étaient écoulées. Dorian n'avait rien oublié de ce rendez-vous qu'il avait alors planifié. À vrai dire, jamais il n'avait été aussi fébrile. D'une certaine façon, ça lui semblait bien plus excitant que n'importe quelle nuit de débauche à laquelle il avait pu participer dans les dernières décennies. Peut-être serait-il encore un jeune homme séduisant? Sûrement, il n'avait qu'à regarder l'apparence qu'il abhorrait dans ses jeunes années pour savoir qu'il ne pourrait que bien vieillir...même si vieillir représentait pour lui la pire des hantises. La première pierre posée vers le chemin qui le conduirait vers la mort. Non, Dorian ne pouvait tout simplement pas vieillir. Il avait encore à profiter de ces orgies charnelles qui avaient occupées ses nuits des trente dernières années.

L'endroit où le rendez-vous avait été prévu était loin d'être un monde qui ressemblait au sien. Un café miteux dans un quartier pauvre et les fêtes devaient se faire bien rares. Dorian ne s'y rendit pas immédiatement. Il demeura en retrait, caché dans l'ombre d'une ruelle, attendant l'arrivée de son double. Il patienta une dizaine de minutes avant de le voir apparaître sur la terrasse du café, dos voûté et s'aidant d'une canne pour avancer.

Un hoquet de surprise s'échappa des lèvres de Dorian. Ce ne pouvait être lui, ce ne pouvait être le reflet de ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas conclu ce pacte avec le diable. L'homme qui se tenait à quelques mètres de lui était d'une laideur si repoussante qu'il en devenait impossible de ne pas le dévisager. Son visage entier était couvert de pustules qui se cachaient à travers ses rides affreuses. Sa peau, devenu trop lâche avec l'âge, pendouillait mollement, enlevant toute grâce à sa silhouette. Ses cheveux, disparus par endroit pour ne laisser que cercle de peau désert à travers la chevelure, étaient plus gras que possibles, emmêlés en de multiples endroits.

Dorian ne s'approcha jamais de la silhouette. Il refusa de dévoiler sa présence, même lorsque l'autre homme commença à montrer des signes d'impatience, sa tête tournant dans tous les sens à la recherche de son rendez-vous, en vain. Il était incapable de l'approcher, pris dans une sorte de fascination morbide et d'une peur qu'un simple contact avec l'individu vienne qu'à le contaminer. Plusieurs fois, il regarda sa propre peau, s'attendant à voir les pustules y pousser ou les marques du temps s'y dessiner.

Lorsqu'il se détourna de la scène, presque malade de dégoût, il se félicita silencieusement de ses choix de vie. Jamais il n'aurait voulu ressembler à ça. Il se pressa vers des rues plus fréquentables pour quelqu'un comme lui, pressé de trouver des gens avec qui terminer cette soirée qui tournait à l'horreur...