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Titre : Yesterday is just a past time
Auteur : Pongu (Participant 2)
Pour : aJiT (Participant 14)
Fandom : Dogs
Persos/Couple : Haine/Badou-ish
Rating : R
Disclaimer : Miwa Shirow
Prompt : Dogs : Haine/Badou. Un truc angst avec Haine qui se réveille d'un cauchemar et Badou qui est dans la même pièce, ils sont en cavale ou pas.
Notes : Le titre est une ligne piqué à la chanson Bright Side, de Thornley. Et euh, j'espère que je n'ai pas trop forcé la note sur la partie cauchemar de la demande (ça a un peu décidé d'avoir une vie propre pendant que j'écrivais ce passage, au détriment du reste). J'espère aussi que ça remplit quand même un peu le critère angst. ;^^

Ils sentent la poudre et la poussière. Peut-être même que ce qui se terre en dessous de ces deux odeurs, c'est celle cuivrée du sang. Badou dit qu'ils sentent le boulot comme ils avancent dans le couleur mal éclairé, avec les lumières qui tremblent, une ampoule rend l'âme après leur passage. Il fait aussi remarquer qu'il est vraiment crevé. Puis, plus rien. Il tire sur sa cigarette, nuage bleuté.

Haine pense dans le silence qu'ils sentent comme la mort.

Le numéro 119 les arrête, avec le neuf qui a glissé autour de la vis qui fixe le chiffre et qui se prend maintenant pour un six, parce que c'est la chambre qu'ils viennent de louer pour la nuit. La porte s'ouvre en craquant sur du demi-noir: les rideaux laissés ouverts laissent filtrer les néons et leur lumière fade depuis la fenêtre. Le rouquin laisse tomber la clé de la chambre sur la commode, il y a un toc métallique contre la surface du bois rayée par les cicatrices laissées par des lames, des ongles, par des brûlures anciennes. Il écrase sa cigarette dans le cendrier qu'une femme de chambre n'a pas vidé.

Il se débarrasse de son manteau qui tombe comme une pelure par terre sans qu'il s'en soucie beaucoup. Il s'étire et le geste remonte son chandail, découvre quelques doigts de large de peau pâle, défait et refait l'image imprimée sur le blanc du tissu. Il baille à s'en décrocher la mâchoire, tellement que des larmes lui piquent le coin des yeux.

"Je prends le lit", annonce-t-il.

Haine s'y laisse tomber, l'ignorant complètement quand un doigt accusateur le pointe.

"J'ai dis que je-"

Un regard à peine le décourage de continuer et quand Badou lâche un hmpf! irrité, l'autre homme ne fait que se retourner sur le côté et fermer les yeux pour couper court à ses jérémiades. Le matelas s'enfonce dans son dos et le rouquin recule rapidement en levant les mains devant lui quand Haine pointe sur lui l'oeil noir de son Luger.

"...Pourquoi tous ces motels minables n'ont qu'un lit par chambre?"

Badou s'éloigne à contrecoeur, fait un détour pour fermer les rideaux et il va rejoindre le canapé aux motifs passés de mode, à la couleur effacée. Il a l'odeur de la cigarette, du renfermé quand il se laisser tomber dessus. Il tourne le dos à Haine qui ne l'écoute plus, grommèle encore, entre ses dents, tout bas.

"T'as peur qu'on partage le même lit ou quoi?"

***

Deux mains. Deux mains pâles devant son visage, elles l'effleurent à peine, le glacent et pendant un instant, il ne sait pas à qui elles appartiennent. Ni les mains, ni les longs bras et leur peau froide qui glissent sur sa poitrine. Une main s'arrête au-dessus de son coeur, une main revient vers son front.

"...Badou?"

Mais les cheveux ne sont pas roux, ils sont rouge sang. Tellement pleins, tellement imbibés de cette couleur qu'elle tombe goutte à goutte sur son visage et il voit le sourire méchant au-dessus de sa tête. L'Autre n'est qu'une forme blanche dévorée de rouge, ses pieds mangés par les ténèbres.

"Peux-tu vraiment m'échapper?", demande un murmure tout autour de lui sans que les lèvres de l'Autre bougent. "Peux-tu vraiment échapper à toi-même?", demandent les mots et les doigts au-dessus de son cœur vont caresser sa gorge et les ongles tranchent le bandage qui tombent en plumes légères qui disparaissent au loin, même s'il n'y a pas de vent pour les y souffler.

Son cou lui brûle soudain comme du métal chauffé à blanc. L'anneau de métal siffle et il hurle, presque vivant, douleur insupportable, et Haine essaie de le cacher de ses mains, il essaie de l'étouffer pour le faire taire. Mais les brûlures sur ses mains disparaissent et il recommence. Il cache son cou et il brûle sa peau. Sur sa peau s'évaporent les marquent, elles reviennent à chaque brûlure et repartent.

"Laisse-moi sortir", souffle une voix à son oreille et des doigts glacés calment le feu qui nait dans le métal sous sa nuque, dans le métal qui défigure son cou. "C'est ce que tu es", lui dit la voix, caressante, suppliante, comme un ordre auquel Haine voudrait ne pas devoir résister. "Ce que je suis.

"Non", répond-t-il.

L'Autre, il sait que c'est lui. Il sait qu'ils sont tous deux le même monstre et ils sont soudain face à face: l'un la parfaite image de l'autre. Parfaitement semblables et entièrement différents à la fois. Sur le visage de l'Autre, il y a un rictus moqueur, une blague méchante qu'il ne raconte pas: elle est trop près de la vérité.

Sous eux, sur le carrelage noir et blanc, le blanc vire au rouge lentement et l'Autre s'efface. Il ne reste plus rien. Il ne reste que des carrés de noir et des carrés de blanc qui disparaissent à leur tour, recouverts par une vague qui lèche le plancher. Elle descend de lui, une mer rouge de sang et quand il baisse les yeux, ses vêtements sont noyés dans la même couleur liquide, collante, qui presse avec lourdeur ce qu'il porte contre sa peau.

Il voudrait arracher ses vêtements, mais un rire léger, l'impression du mouvement le distrait.

Son regard suit le mouvement. Ses cheveux, son sourire, son regard. Elle est restée petite. Elle est restée comme elle était autrefois, il y a si longtemps, il était une fois... Lily. Il se souvient la fin de cette histoire. Pas de fin heureuse.

"Qu'est-ce que tu fais là?", lui demande-t-il en s'agenouillant devant elle.

Sa gorge est nouée et il voudrait tendre une main vers sa joue, mais Haine ne sait pas s'il peut avoir un geste doux. Il voudrait demander autre chose. Demander pardon. Juste un mot à dire et il reste muet. Misérable. Maudit, peut-être. Elle le regarde, les yeux brillants.

"...Qu'est-ce que tu fais là?", répète-t-il et chaque mot dévore son corps de souffrances qu'il ne sait pas nommer.

"Tu m'as tuée", sourit-elle, si gentiment, et c'est le pire coup qu'elle pouvait lui donner.

Son sourire a quelque chose d'innocent, mais quand il baisse les yeux, il n'y a rien sous le torse. Il n'y a qu'une cascade d'entrailles et de chairs arrachées et le sang coule et coule et par terre, d'autres voix se mêlent au rire de Lily. Par terre, il y a les corps de tous les autres, étalés sur le velours de rouge comme les morceaux épars d'un casse-tête grotesque, et Haine se relève et il recule d'un pas.

"Non!"

Lily reste là; elle flotte lentement vers lui en tendant les bras et elle lui sourit. Elle sourit et il y a encore de la lumière dans ses yeux. Il l'entend. Le même crack! que cette fois-là, longtemps auparavant, quand ses doigts ont défoncé son crâne. Les bras s'effondrent et la lumière dans ses yeux s'éteint et le corps tombe, immobile enfin et Haine reste figé, incapable de fuir la scène.

"Pourquoi?", demande une voix sous ses pieds. "Pourquoi?", répètent d'autres voix en choeur.

"Je ne sais pas!", crie Haine, voix rauque, en faisant un autre pas en arrière.

Des mains touchent son pied et pourquoi? est dit à nouveau et pourquoi faut-il que cette main appartienne au prêtre, dont la tête est des mètres plus loin? Haine recule et une main le touche encore, gentiment, en silence et il ne veut pas la voir, mais c'est Nill qui lui sourit, qui ne peut lui faire que la moitié d'un sourire triste. Il ne sait même pas où est l'autre moitié de son corps.

Il recule, recule, recule encore et à sa droite, à sa gauche on lui demande pourquoi? Il voit peut-être un éclair de roux, ou peut-être pas, et il détourne les yeux avant de le découvrir parmi les autres. Haine ne veut plus rien voir et il se détourne. Il court, court, court encore. Il ignore les pourquoi? parce qu'il n'a pas de réponse. Il veut sortir de là, mais les voix le poursuivent sans relâche.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi?

Haine n'arrive pas à leur hurler de se taire et il court plus vite pour fuir les murmures qui le traquent. Des mains, des bras le font trébucher, avec des prières silencieuses dans chaque effleurement: pourquoi es-tu encore vivant? Pourquoi? Ses mains, ses genoux glissent sur le sang et il se retourne dans une geste brusque, rampe en arrière à toute vitesse pour que les mains le libèrent. Une autre de ses mains au long bras sans corps un bout vient s'aplatir sur sa poitrine et le pousse. Il surprend le sourire de l'Autre au-dessus de lui comme il tombe. Il entend sa voix.

"Tu ne peux pas te cacher de moi..."

Il a l'impression de tomber, de tomber sans fin et le noir sous lui refuse de l'engloutir.

Il y a une main encore, une autre main et il veut la chasser. Il lui crie de partir, de disparaître, mais la main agrippe la sienne et la serre et le tire vers le haut. Cette main reste contre la sienne, chaude, vivante: elle le tire lentement loin de l'horreur et des voix, de tous les murmures.

De lui-même.

***

"Hé", une claque sur sa joue. "Hé réveille!", une autre claque et quand il ouvre enfin les yeux, il y a une myriade de taches de rousseur au-dessus de lui, un rideau de cheveux roux qui descend sur son visage.

Il y a dans l'oeil de Badou quelque chose comme de l'inquiétude, qui s'évapore aussitôt qu'il réalise que Haine est réveillé. Que Haine le regarde en retour. Le rouquin détourne le regard comme pris en faute et il y a un silence. Un silence juste assez long pour défaire les chaînes tissées par le cauchemar.

Badou ne demande pas si ça va; Haine n'admet pas les plaies rouvertes laissées par le cauchemar. Il ne sait pas quand il a agrippé la main de l'autre homme, avant ou après qu'il se réveille, il sait qu'il la serre dans la sienne à lui faire mal: les jointures sont blanches, ses ongles laissent des demi-lunes dans la peau. Mais le rouquin ne se plaint pas et peut-être qu'il la serre en retour, juste un peu. Seulement pour que Haine comprenne qu'il n'est pas seul.

L'oeil de Badou revient sur lui, rieur cette fois. Il pointe le lit et sourit:

"Si tu ne veux pas dormir dessus, moi je peux, dis?"

C'est à ce moment que Haine réalise qu'il n'a pas tombé seulement dans le cauchemar.
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