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Titre : Mer de sentiments
Auteur : Atrahel (Participant.e 5)
Pour : ParanormalSyndrome (Participant.e 2)
Fandom : Sinbad (DreamWorks)
Persos/Couple : Sinbad/Proteus
Rating : K
Disclaimer : Le film appartient à DreamWorks
Prompt : Sinbad/Proteus + Une histoire autours de la notion d’absence et de départ. Sinbad aime naviguer et être loin de l’océan est difficile mais il tente de s’en éloigner pensant que c’est la meilleure chose à faire pour des raisons que vous pouvez choisir.
- Ou n’importe quoi d’autre tant que c’est un hurt/comfort
Notes : J’écris rarement sur des personnages qui souffrent de manière aussi profonde que Sinbad dans ce texte, j’espère que cela se ressent et répond à ta demande ! Ce texte m’est venu tout seul, un vrai plaisir à rédiger, merci pour ce prompt !
Sinbad soupire alors qu’il observe la mer, à l’horizon. Si proche et pourtant si loin à la fois. Cela fait bientôt deux heures qu’il est assis là, sur le toit du palais royal, à contempler les flots, sans rien faire de plus.
Le soleil décline doucement sous ses yeux, et le pirate a ainsi tout le loisir d’apprécier les différentes palettes de couleurs qui viennent orner les vagues sous ses yeux. Orange, doré, violet, bleu, presque toutes les gammes y passent. S’il pouvait, l’homme resterait là à jamais, les yeux perdus dans ce paysage idyllique.
Tout son corps n’aspire qu’à l’eau, à sentir les embruns sur sa peau et le sel dans sa gorge. Par tous les dieux, que c’est compliqué de résister à l’appel du large. Mais il s’est juré de limiter ses interminables voyages sur les nombreux océans du globe, et même s’il commence à en pâtir, il sait que le jeu en vaut la chandelle.
-J’étais sûr que je te trouverais ici, résonne soudain une voix dans son dos, et Sinbad a un pauvre sourire.
Voilà justement la chandelle en question.
-Tu me connais si bien, répond-il d’une voix qu’il espère enthousiaste et amicale, alors qu’il tourne la tête en direction de son amant, Proteus.
-Ouh là, toi, tu me couves quelque chose, souffle le prince, qui vient s’asseoir à côté de lui, au bord du toit.
Leurs cuisses se frôlent, et ils restent là un instant, en silence, occupés à se jauger du regard. Proteus est le premier à rompre le contact visuel, et ses grands yeux d’ébène vont se perdre au large, comme ceux de Sinbad, moins d’une minute auparavant.
-D’accord, ne me parle pas si tu n’en as pas envie, mais que tu dises quelque chose ou pas, moi, je reste là.
-N’as-tu donc pas un conseil des ministres ou que sais-je encore à gérer, par le plus grand des hasards ? marmonne Sinbad.
Il n’a pas eu l’intention de se montrer aussi sec, mais à la légère crispation qu’il voit au coin des yeux de Proteus, il sait qu’il a loupé son coup. Encore. Heureusement, le futur roi de Syracuse a l’habitude du caractère de son compagnon, et il ne fait aucun commentaire à propos de son agressivité mal placée.
-Malheureusement pour toi, non. Ou du moins, si, il y a bien cette réunion des chefs d’Etat, mais j’ai réussi à m’éclipser discrètement.
-Ton père aura ma peau s’il découvre à quel point je t’influence, ricane le pirate, qui refuse de lâcher le visage de son amant des yeux.
S’il y a bien quelque chose de plus captivant que l’océan, c’est Proteus. Le jeune homme est un véritable livre ouvert : il ne cherche jamais à cacher la moindre de ses émotions, aussi infime soit-elle. Sinbad jalouse cette particularité, lui dont la langue ne se délie réellement qu’avec l’aide d’alcool ou de sexe.
-Ne t’en fais pas, tant que tu réchauffes mon lit, il a promis que rien ne pourrait t’arriver, rétorque Proteus, les pupilles luisant d’amusement.
-Oh alors je suis en vie grâce à vous, Majesté ? Vraiment, c’est trop d’honneur que vous me faites de partager votre couche, roucoule Sinbad d’une voix aussi suave que possible, alors qu’il mime une petite révérence.
En réponse, Proteus lui flanque un petit coup de coude dans le thorax, un rire pendu aux lèvres.
-Arrête de dire des bêtises !
-C’est pourtant ce que je fais de mieux.
L’autre sourit au pirate, et s’appuie un instant contre lui. Ils retombent dans un silence confortable, seulement interrompu par le bruit des vagues et de la populace en contrebas.
-Plus sérieusement Sin… S’il y a quelque chose qui ne va pas, tu me le dirais, pas vrai ? finit quand même par demander Proteus, qui n’a pas oublié le début de leur interaction, contrairement à ce que le marin a pu espérer.
-Je… Je n’en suis même pas sûr, en fait, soupire le plus âgé, et il quitte encore son amant des yeux pour se replonger dans sa contemplation de l’eau.
Le soleil a pratiquement disparu derrière l’horizon, maintenant. Ce n’est plus qu’une question de minutes. Déjà, des chandelles s'allument partout en ville, et même dans le palais. Tout est si calme, si organisé, que Sinbad sent une nausée le traverser.
Il n’a rien à faire ici. Lui est un homme d’action, d’aventure. Il a besoin de sa dose d’adrénaline quotidienne, que ce soit par le biais d’une tempête, d’une déesse maléfique ou d’un hibou géant mangeur d’hommes.
Mais non, il est coincé ici, à terre. Même marcher sur un sol stable réussit à le rendre mal à l’aise.
Oh, ne vous y trompez pas, il est heureux d’être avec Proteus, très heureux même. Dix ans à ne pas voir son ami d’enfance, et maintenant, ils se voient tous les jours, comme si rien ne les avait jamais séparés. Mais même ça ne suffit pas à calmer la douleur lancinante que ressent le pirate en permanence, alors qu’il ne peut que regarder la mer sans jamais aller voguer dessus.
Une partie de son esprit lui chuchote d’ailleurs qu’il est plus compliqué de vivre ici, dans une ville portuaire, là où il peut voir, sentir et toucher l’eau, mais qu’il ne peut pas aller naviguer, plutôt qu’au milieu des terres, où il serait au moins abrité de la tentation.
-Comment s’appelait ce type, déjà dans la mythologie… Celui coincé entre de quoi manger et de quoi boire, mais qui ne peut jamais atteindre ni l’un ni l’autre ? finit par marmonner le pirate.
-Tantale ?
-Hm. Tantale, c’est ça. Bah… J’avoue que j’ai l’impression d’être un peu comme ce gars-là, tu vois.
-C’est-à-dire ? insiste Proteus, quand Sinbad se mure à nouveau dans un silence tendu.
L’autre a même replié un genou contre sa poitrine, et triture maladroitement un bracelet d’or que lui a offert Marina au retour de sa première expédition en solo. Par tous les dieux, en parlant de son amie, dire qu’il lui a confié son navire pendant son séjour à terre… Il a confiance en elle, mais maintenant qu’il y repense, il se sent bouffé par la jalousie de la savoir là-bas, en pleine mer, alors que lui est encore et toujours ici.
-Je… Je ne suis pas fait pour la vie ici.
-Quel scoop, soupire le plus jeune, visiblement peu surpris.
-Te moque pas ! réplique le pirate, sourcils froncés et mâchoire serrée.
-Je ne me moque pas, Sinbad, reprend Proteus avec plus de douceur, alors qu’il passe ses mains sur les épaules de son amant, dans un simulacre de massage, pour essayer de l’apaiser. Mais je te connais depuis qu’on est enfant. Je sais bien que la vie à terre t’est étrangère, voire hostile. Tu as toujours aimé barboter dans les vagues plutôt que marcher, de toute façon. Tu te rappelles ? Dès que je te perdais de vue, il me suffisait de m’approcher de l’eau pour te retrouver, soit sur le port, soit déjà en train de te baigner.
Le prince sourit, et appuie sa tête contre l’épaule de son compagnon. Il ferme les yeux un instant, puis les rouvre, et les plonge dans la mer en contrebas.
-Si tu veux partir, que tu en ressens le besoin, même le plus infime, je ne te retiendrais pas, murmure-t-il, et il n’y a aucune tristesse dans son ton, seulement le plus pur des encouragements.
Et Sinbad aurait préféré qu’il pleure, oh oui, qu’il aurait préféré ça. Parce que si Proteus versait ne serait-ce qu’une larme, il abandonnerait toute idée de prendre le premier navire en partance pour le bout du monde, et resterait à Syracuse, comme ça, sans la moindre hésitation. Mais maintenant qu’il a l’approbation de son cadet, le dilemme lui semble encore plus cruel.
Proteus, l’homme qu’il aime, le soutient pleinement dans son désir absolu de liberté. Comment pourrait-il abandonner un être aussi bon et compréhensif, tout ça pour partir provoquer une nouvelle fois la Mort elle-même, quelque part là-bas, au beau milieu d’un univers froid et impitoyable ?
-Pourquoi tu fais ça ? balbutie soudain Sinbad, qui sent sa gorge se serrer de plus en plus.
-Faire quoi ? demande Proteus, dont la tête se redresse quand il entend le premier accroc dans la voix de son amant.
-Dire que tu es prêt à me laisser partir, m’encourager…
-N’est-ce pas ce que tu veux ?
-Mais je ne sais pas ce que je veux justement ! Je ne sais plus ! Évidemment que j’ai envie de fuir cet endroit, parce que ça me rend malade d’être bloqué sur des pavés quand tout ce que je veux c’est retourner sur les planches de mon navire ! Et en même temps, je sais que si je pars, c’est toi que je perdrais ! Et… Et toi tu es là, à me dire que cette seconde option n’est pas si grave que ça ! Comment je suis censé le prendre ?! Comment je dois agir par rapport à ça ?! Partir et te dire adieu, ou rester et m’autodétruire, parce que loin de la mer, je ne suis bon qu’à ça ?!
Sa tirade laisse Sinbad essoufflé, et il lui faut de longues minutes pour reprendre ses esprits. Il tremble, et ne le réalise que quand la main de Proteus vient cajoler la sienne. Le plus jeune le regarde d’un air inquiet, et lui laisse tout le temps dont il a besoin pour revenir à lui.
Quand le marin y parvient enfin, le prince soupire, de soulagement, ou de gêne, Sinbad n’en sait rien, et ne veut honnêtement pas savoir. Puis il vient glisser ses doigts le long de ses joues tannées par le sel et le soleil, et lui offre un sourire des plus resplendissants, du genre de ceux qui donnent au pirate l’envie de l’embrasser et de ne jamais lâcher ses lèvres.
-Premièrement, tu vas respirer un bon coup, commence Proteus, dont les pouces tracent maintenant des cercles apaisants sur les pommettes de son amant. Ensuite, tu vas te calmer sur le mélodrame. Et pour finir, tu vas me faire le plaisir d’aller préparer un sac de voyage dès qu’on aura fini cette discussion, parce que tu as vraiment besoin de retourner faire l’idiot sur un bateau, au moins pendant quelques temps.
-Mais…
-Laisse-moi parler, tranche le jeune homme, de sa plus belle voix de futur roi, celle à laquelle on ne peut qu’obéir, alors Sinbad fait exactement ça, il obéit, et se tait. J’aurai aimé que tu m’en parles avant, vraiment. Parce que nous aurions pu trouver une solution avant que tu ne te fasses autant de mal. Mais c’est trop tard pour changer ce qui n’a pas été fait, alors tant pis, allons de l’avant. Je vais organiser un voyage diplomatique, ou même simplement te confier à Marina quand elle reviendra. N’importe quoi, pourvu que tu retournes à ton élément. Et ce n’est pas parce que tu seras loin d’ici que tu me perdras, d’accord ? Je ne vais pas me vexer que tu aies besoin de prendre le large de temps à autre, parce que je te connais, comme je viens de te le dire. Tu n’es jamais complet autrement que sur un navire, et si possible en pleine tempête. C’est comme ça que tu es Sinbad, ça, c’est le vrai toi. Celui qui s’enferme ici, qui se force à participer aux réceptions de mon père et qui fait des courbettes devant des crétins parfumés, ce n’est pas toi. En revanche, le bandit intrépide et avide de liberté, prêt à tout pour ne profiter ne serait-ce que de quelques minutes des embruns sur sa peau, ça, c’est le vrai toi. Celui dont je suis tombé amoureux, même si avouons-le, il me rend fou très souvent. Je parle de cet homme, Sinbad, et j'aimerais que tu me fasses le plaisir de le redevenir, pour moi, mais aussi et surtout pour toi. Tu n’es pas un Livre de la Paix qu’on peut entreposer et admirer à loisir, sans jamais le faire voyager. C’est pour ça que je suis tout à fait enclin à te laisser partir, sans m’opposer à ta décision. Tu ne m’appartiens pas, et je n’ai aucune légitimité à t’ordonner de rester ici.
Cette fois, c’est Proteus qui semble un peu à bout de souffle. Ses yeux scintillent d’une émotion mal contenue, et il regarde Sinbad d’un air de dire qu’à cet instant, si le marin lui demande quelque chose, n’importe quoi, il dirait oui, sans hésiter.
Soulever une montagne, sans hésiter.
Séparer la mer en deux, absolument.
Renoncer à son trône, son héritage, et fuir avec lui, avec grand plaisir.
-Epouse-moi, demande Sinbad à la place, parce que c’est tout ce que son cerveau surchargé peut suggérer en cet instant.
Le prince écarquille les yeux comme une chouette, et reste interdit une seconde qui leur paraît durer une éternité. Le pirate a d’ailleurs du mal à réaliser ce qu’il vient de se passer, puis une terreur sourde s’empare de lui.
-Est-ce que j’ai pensé à voix haute… ? balbutie l’homme, tétanisé.
-J’accepte, répond Proteus, et il a l’air encore plus surpris de sa réponse que de la question de son amant.
Le silence s’abat à nouveau sur eux, et ils se regardent un long moment avant de réagir comme n’importe qui de sensé dans une situation pareille : ils éclatent de rire.
Et leur hilarité est Ô combien incontrôlable. Proteus en a les larmes aux yeux, tandis que Sinbad finit plié en deux, juste là, penché vers le vide menant tout droit au perron du palais.
-Quand on va raconter ça à Marina ! s’esclaffe le pirate, et leur fou-rire redouble d’intensité à l’idée de la tête que fera leur amie au moment où ils lui parleront de ce moment de leur vie.
-Cette fois, si elle ne part pas définitivement, c’est qu’elle sera aussi toquée que nous ! répond Proteus, maintenant appuyé autant que faire se peut contre Sinbad.
Ils rigolent comme ça encore une dizaine de minutes, blottis l’un contre l’autre. Le soleil est maintenant couché depuis longtemps, et les étoiles brillent au-dessus de leurs têtes. Ouais, c’est définitivement la bonne nuit pour demander son meilleur ami de longue date en mariage, alors Sinbad ne regrette pas vraiment son manque de filtre, cette fois-ci.
Et puis une réalisation le frappe, et son rire meurt dans sa gorge. Il continue de sourire, cependant.
-Euh… Proteus… ?
-Oui Sinbad ?
-Est-ce que deux hommes ont seulement le droit de se marier, ici ? Je sais que ça se fait dans quelques contrées du monde, j’ai d’ailleurs moi-même été à deux doigts de me fiancer à de nombreuses reprises -je te raconterai à l’occasion, c’était tordant-, mais à Syracuse ? Jamais entendu parler de ça. Et puis tu es prince, et même si ton père accepte notre relation… Oui, je sais, il la tolère plus qu’il ne l’accepte. Au moins, il a arrêté de lâcher ses chiens sur moi à chaque fois que je m’approche de toi. Mais du coup ? Pour le mariage ?
Le prince réfléchit un instant, puis secoue la tête.
-Je vérifierai les lois, mais je ne pense pas que ce soit légal, tu as raison. Enfin, on s’en fiche non ?
-Pardon ?
-Quoi ? Les lois sont faites pour être enfreintes non ? ronronne le jeune homme, très amusé de la situation.
-Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Proteus ? Eris, c’est encore vous ? finit par demander Sinbad, dont le visage s’orne d’un nouveau sourire goguenard.
-Tu me demandes en mariage sur un parfait coup de tête, et maintenant tu me traites de déesse maléfique ? Que de romantisme mon cher !
-Hé, maintenant tu comprends pourquoi Marina m’a plaqué !
-Oui, ça explique pas mal de choses, en effet. Et je devrais peut-être en faire de même, finalement… taquine Proteus, alors qu’il fait mine d’y réfléchir sérieusement.
-A peine fiancé et déjà divorcé, quelle tragédie… Est-ce que j’aurai quand même le droit à une part de ton héritage, du coup ? minaude le marin, alors qu’il bat des cils de façon tout à fait ridicule.
-Tu es ignoble ! s’écrie le prince entre deux hoquets de rire.
-Eh oh, c’est de cet homme dont tu es tombé amoureux je te rappelle, tu l’as dit toi-même !
-Je reviens sur ce que j’ai dit ! Je nie, et je…
Sinbad l’embrasse avant qu’il puisse finir, et il répond au baiser avec grand plaisir, se fondant contre l’autre homme comme tant de fois auparavant, et comme tant de fois dans un futur plus ou moins proche.
Quand ils se séparent, le prince et le pirate semblent incapables d’arrêter de sourire, à tel point qu’ils en ont même mal aux joues.
Le silence retombe sur eux, comme une couverture moelleuse, et ils restent immobiles, à s’observer dans le calme. Enfin, Proteus se redresse, et tend la main à son amant. Ce dernier s’en saisit, et laisse son cadet l’aider à se lever.
-On fait quoi maintenant ? demande le plus vieux.
Son compagnon sourit, et le ramène vers l’intérieur du palais.
-On va aller préparer ta future expédition. Et ne résiste pas. Ça te fera le plus grand bien, tu le sais aussi bien que moi.
-Mais et le mariage ? Je veux t’épouser tout de suite moi ! Cette nuit, allons chercher un prêtre, menaçons-le ou payons-le, qu’importe !
Proteus s’arrête, de nouveau au bord du fou-rire, et vole un autre baiser à son aîné. Même s’il trouve l’empressement de Sinbad hilarant, il ne peut nier être profondément touché par sa volonté de se marier dès ce soir.
-Si Marina loupe la cérémonie, elle aura notre peau à tous les deux, tu le sais ça ?
-Et alors ! On mourra en hommes mariés, c’est génial non ? Toi qui voulais du romantisme !
-Et quoi de plus romantique que de te laisser languir jusqu’à ton retour à terre ? taquine le prince, alors qu’il pousse Sinbad contre un des murs du palais.
Ils sont poitrine contre poitrine, et le plus jeune savoure les battements effrénés du cœur de son amant, qu’il peut sentir à travers sa fine chemise de soie rouge.
-Je ne te pensais pas si sadique, grommelle Sinbad en retour, et il dépose ses mains sur les hanches de Proteus.
-Sadique ? Peut-être… Personnellement, je vois surtout cela comme une garantie pour que tu me reviennes sain et sauf.
-Je déteins vraiment sur toi… Tu as raison, mieux vaut que je parte quelque temps, finalement ! ricane le pirate, et il appuie une nouvelle fois ses lèvres contre celles de son cadet, avec une douceur que personne ne pourrait soupçonner chez un homme comme lui.
Et pourtant, pour Proteus, Sinbad est capable de tout. D’être délicat, patient, respectueux du protocole… Ou même de repartir naviguer quelques mois par an, bien que ça, il le fasse aussi pour lui-même, évidemment.
Auteur : Atrahel (Participant.e 5)
Pour : ParanormalSyndrome (Participant.e 2)
Fandom : Sinbad (DreamWorks)
Persos/Couple : Sinbad/Proteus
Rating : K
Disclaimer : Le film appartient à DreamWorks
Prompt : Sinbad/Proteus + Une histoire autours de la notion d’absence et de départ. Sinbad aime naviguer et être loin de l’océan est difficile mais il tente de s’en éloigner pensant que c’est la meilleure chose à faire pour des raisons que vous pouvez choisir.
- Ou n’importe quoi d’autre tant que c’est un hurt/comfort
Notes : J’écris rarement sur des personnages qui souffrent de manière aussi profonde que Sinbad dans ce texte, j’espère que cela se ressent et répond à ta demande ! Ce texte m’est venu tout seul, un vrai plaisir à rédiger, merci pour ce prompt !
Sinbad soupire alors qu’il observe la mer, à l’horizon. Si proche et pourtant si loin à la fois. Cela fait bientôt deux heures qu’il est assis là, sur le toit du palais royal, à contempler les flots, sans rien faire de plus.
Le soleil décline doucement sous ses yeux, et le pirate a ainsi tout le loisir d’apprécier les différentes palettes de couleurs qui viennent orner les vagues sous ses yeux. Orange, doré, violet, bleu, presque toutes les gammes y passent. S’il pouvait, l’homme resterait là à jamais, les yeux perdus dans ce paysage idyllique.
Tout son corps n’aspire qu’à l’eau, à sentir les embruns sur sa peau et le sel dans sa gorge. Par tous les dieux, que c’est compliqué de résister à l’appel du large. Mais il s’est juré de limiter ses interminables voyages sur les nombreux océans du globe, et même s’il commence à en pâtir, il sait que le jeu en vaut la chandelle.
-J’étais sûr que je te trouverais ici, résonne soudain une voix dans son dos, et Sinbad a un pauvre sourire.
Voilà justement la chandelle en question.
-Tu me connais si bien, répond-il d’une voix qu’il espère enthousiaste et amicale, alors qu’il tourne la tête en direction de son amant, Proteus.
-Ouh là, toi, tu me couves quelque chose, souffle le prince, qui vient s’asseoir à côté de lui, au bord du toit.
Leurs cuisses se frôlent, et ils restent là un instant, en silence, occupés à se jauger du regard. Proteus est le premier à rompre le contact visuel, et ses grands yeux d’ébène vont se perdre au large, comme ceux de Sinbad, moins d’une minute auparavant.
-D’accord, ne me parle pas si tu n’en as pas envie, mais que tu dises quelque chose ou pas, moi, je reste là.
-N’as-tu donc pas un conseil des ministres ou que sais-je encore à gérer, par le plus grand des hasards ? marmonne Sinbad.
Il n’a pas eu l’intention de se montrer aussi sec, mais à la légère crispation qu’il voit au coin des yeux de Proteus, il sait qu’il a loupé son coup. Encore. Heureusement, le futur roi de Syracuse a l’habitude du caractère de son compagnon, et il ne fait aucun commentaire à propos de son agressivité mal placée.
-Malheureusement pour toi, non. Ou du moins, si, il y a bien cette réunion des chefs d’Etat, mais j’ai réussi à m’éclipser discrètement.
-Ton père aura ma peau s’il découvre à quel point je t’influence, ricane le pirate, qui refuse de lâcher le visage de son amant des yeux.
S’il y a bien quelque chose de plus captivant que l’océan, c’est Proteus. Le jeune homme est un véritable livre ouvert : il ne cherche jamais à cacher la moindre de ses émotions, aussi infime soit-elle. Sinbad jalouse cette particularité, lui dont la langue ne se délie réellement qu’avec l’aide d’alcool ou de sexe.
-Ne t’en fais pas, tant que tu réchauffes mon lit, il a promis que rien ne pourrait t’arriver, rétorque Proteus, les pupilles luisant d’amusement.
-Oh alors je suis en vie grâce à vous, Majesté ? Vraiment, c’est trop d’honneur que vous me faites de partager votre couche, roucoule Sinbad d’une voix aussi suave que possible, alors qu’il mime une petite révérence.
En réponse, Proteus lui flanque un petit coup de coude dans le thorax, un rire pendu aux lèvres.
-Arrête de dire des bêtises !
-C’est pourtant ce que je fais de mieux.
L’autre sourit au pirate, et s’appuie un instant contre lui. Ils retombent dans un silence confortable, seulement interrompu par le bruit des vagues et de la populace en contrebas.
-Plus sérieusement Sin… S’il y a quelque chose qui ne va pas, tu me le dirais, pas vrai ? finit quand même par demander Proteus, qui n’a pas oublié le début de leur interaction, contrairement à ce que le marin a pu espérer.
-Je… Je n’en suis même pas sûr, en fait, soupire le plus âgé, et il quitte encore son amant des yeux pour se replonger dans sa contemplation de l’eau.
Le soleil a pratiquement disparu derrière l’horizon, maintenant. Ce n’est plus qu’une question de minutes. Déjà, des chandelles s'allument partout en ville, et même dans le palais. Tout est si calme, si organisé, que Sinbad sent une nausée le traverser.
Il n’a rien à faire ici. Lui est un homme d’action, d’aventure. Il a besoin de sa dose d’adrénaline quotidienne, que ce soit par le biais d’une tempête, d’une déesse maléfique ou d’un hibou géant mangeur d’hommes.
Mais non, il est coincé ici, à terre. Même marcher sur un sol stable réussit à le rendre mal à l’aise.
Oh, ne vous y trompez pas, il est heureux d’être avec Proteus, très heureux même. Dix ans à ne pas voir son ami d’enfance, et maintenant, ils se voient tous les jours, comme si rien ne les avait jamais séparés. Mais même ça ne suffit pas à calmer la douleur lancinante que ressent le pirate en permanence, alors qu’il ne peut que regarder la mer sans jamais aller voguer dessus.
Une partie de son esprit lui chuchote d’ailleurs qu’il est plus compliqué de vivre ici, dans une ville portuaire, là où il peut voir, sentir et toucher l’eau, mais qu’il ne peut pas aller naviguer, plutôt qu’au milieu des terres, où il serait au moins abrité de la tentation.
-Comment s’appelait ce type, déjà dans la mythologie… Celui coincé entre de quoi manger et de quoi boire, mais qui ne peut jamais atteindre ni l’un ni l’autre ? finit par marmonner le pirate.
-Tantale ?
-Hm. Tantale, c’est ça. Bah… J’avoue que j’ai l’impression d’être un peu comme ce gars-là, tu vois.
-C’est-à-dire ? insiste Proteus, quand Sinbad se mure à nouveau dans un silence tendu.
L’autre a même replié un genou contre sa poitrine, et triture maladroitement un bracelet d’or que lui a offert Marina au retour de sa première expédition en solo. Par tous les dieux, en parlant de son amie, dire qu’il lui a confié son navire pendant son séjour à terre… Il a confiance en elle, mais maintenant qu’il y repense, il se sent bouffé par la jalousie de la savoir là-bas, en pleine mer, alors que lui est encore et toujours ici.
-Je… Je ne suis pas fait pour la vie ici.
-Quel scoop, soupire le plus jeune, visiblement peu surpris.
-Te moque pas ! réplique le pirate, sourcils froncés et mâchoire serrée.
-Je ne me moque pas, Sinbad, reprend Proteus avec plus de douceur, alors qu’il passe ses mains sur les épaules de son amant, dans un simulacre de massage, pour essayer de l’apaiser. Mais je te connais depuis qu’on est enfant. Je sais bien que la vie à terre t’est étrangère, voire hostile. Tu as toujours aimé barboter dans les vagues plutôt que marcher, de toute façon. Tu te rappelles ? Dès que je te perdais de vue, il me suffisait de m’approcher de l’eau pour te retrouver, soit sur le port, soit déjà en train de te baigner.
Le prince sourit, et appuie sa tête contre l’épaule de son compagnon. Il ferme les yeux un instant, puis les rouvre, et les plonge dans la mer en contrebas.
-Si tu veux partir, que tu en ressens le besoin, même le plus infime, je ne te retiendrais pas, murmure-t-il, et il n’y a aucune tristesse dans son ton, seulement le plus pur des encouragements.
Et Sinbad aurait préféré qu’il pleure, oh oui, qu’il aurait préféré ça. Parce que si Proteus versait ne serait-ce qu’une larme, il abandonnerait toute idée de prendre le premier navire en partance pour le bout du monde, et resterait à Syracuse, comme ça, sans la moindre hésitation. Mais maintenant qu’il a l’approbation de son cadet, le dilemme lui semble encore plus cruel.
Proteus, l’homme qu’il aime, le soutient pleinement dans son désir absolu de liberté. Comment pourrait-il abandonner un être aussi bon et compréhensif, tout ça pour partir provoquer une nouvelle fois la Mort elle-même, quelque part là-bas, au beau milieu d’un univers froid et impitoyable ?
-Pourquoi tu fais ça ? balbutie soudain Sinbad, qui sent sa gorge se serrer de plus en plus.
-Faire quoi ? demande Proteus, dont la tête se redresse quand il entend le premier accroc dans la voix de son amant.
-Dire que tu es prêt à me laisser partir, m’encourager…
-N’est-ce pas ce que tu veux ?
-Mais je ne sais pas ce que je veux justement ! Je ne sais plus ! Évidemment que j’ai envie de fuir cet endroit, parce que ça me rend malade d’être bloqué sur des pavés quand tout ce que je veux c’est retourner sur les planches de mon navire ! Et en même temps, je sais que si je pars, c’est toi que je perdrais ! Et… Et toi tu es là, à me dire que cette seconde option n’est pas si grave que ça ! Comment je suis censé le prendre ?! Comment je dois agir par rapport à ça ?! Partir et te dire adieu, ou rester et m’autodétruire, parce que loin de la mer, je ne suis bon qu’à ça ?!
Sa tirade laisse Sinbad essoufflé, et il lui faut de longues minutes pour reprendre ses esprits. Il tremble, et ne le réalise que quand la main de Proteus vient cajoler la sienne. Le plus jeune le regarde d’un air inquiet, et lui laisse tout le temps dont il a besoin pour revenir à lui.
Quand le marin y parvient enfin, le prince soupire, de soulagement, ou de gêne, Sinbad n’en sait rien, et ne veut honnêtement pas savoir. Puis il vient glisser ses doigts le long de ses joues tannées par le sel et le soleil, et lui offre un sourire des plus resplendissants, du genre de ceux qui donnent au pirate l’envie de l’embrasser et de ne jamais lâcher ses lèvres.
-Premièrement, tu vas respirer un bon coup, commence Proteus, dont les pouces tracent maintenant des cercles apaisants sur les pommettes de son amant. Ensuite, tu vas te calmer sur le mélodrame. Et pour finir, tu vas me faire le plaisir d’aller préparer un sac de voyage dès qu’on aura fini cette discussion, parce que tu as vraiment besoin de retourner faire l’idiot sur un bateau, au moins pendant quelques temps.
-Mais…
-Laisse-moi parler, tranche le jeune homme, de sa plus belle voix de futur roi, celle à laquelle on ne peut qu’obéir, alors Sinbad fait exactement ça, il obéit, et se tait. J’aurai aimé que tu m’en parles avant, vraiment. Parce que nous aurions pu trouver une solution avant que tu ne te fasses autant de mal. Mais c’est trop tard pour changer ce qui n’a pas été fait, alors tant pis, allons de l’avant. Je vais organiser un voyage diplomatique, ou même simplement te confier à Marina quand elle reviendra. N’importe quoi, pourvu que tu retournes à ton élément. Et ce n’est pas parce que tu seras loin d’ici que tu me perdras, d’accord ? Je ne vais pas me vexer que tu aies besoin de prendre le large de temps à autre, parce que je te connais, comme je viens de te le dire. Tu n’es jamais complet autrement que sur un navire, et si possible en pleine tempête. C’est comme ça que tu es Sinbad, ça, c’est le vrai toi. Celui qui s’enferme ici, qui se force à participer aux réceptions de mon père et qui fait des courbettes devant des crétins parfumés, ce n’est pas toi. En revanche, le bandit intrépide et avide de liberté, prêt à tout pour ne profiter ne serait-ce que de quelques minutes des embruns sur sa peau, ça, c’est le vrai toi. Celui dont je suis tombé amoureux, même si avouons-le, il me rend fou très souvent. Je parle de cet homme, Sinbad, et j'aimerais que tu me fasses le plaisir de le redevenir, pour moi, mais aussi et surtout pour toi. Tu n’es pas un Livre de la Paix qu’on peut entreposer et admirer à loisir, sans jamais le faire voyager. C’est pour ça que je suis tout à fait enclin à te laisser partir, sans m’opposer à ta décision. Tu ne m’appartiens pas, et je n’ai aucune légitimité à t’ordonner de rester ici.
Cette fois, c’est Proteus qui semble un peu à bout de souffle. Ses yeux scintillent d’une émotion mal contenue, et il regarde Sinbad d’un air de dire qu’à cet instant, si le marin lui demande quelque chose, n’importe quoi, il dirait oui, sans hésiter.
Soulever une montagne, sans hésiter.
Séparer la mer en deux, absolument.
Renoncer à son trône, son héritage, et fuir avec lui, avec grand plaisir.
-Epouse-moi, demande Sinbad à la place, parce que c’est tout ce que son cerveau surchargé peut suggérer en cet instant.
Le prince écarquille les yeux comme une chouette, et reste interdit une seconde qui leur paraît durer une éternité. Le pirate a d’ailleurs du mal à réaliser ce qu’il vient de se passer, puis une terreur sourde s’empare de lui.
-Est-ce que j’ai pensé à voix haute… ? balbutie l’homme, tétanisé.
-J’accepte, répond Proteus, et il a l’air encore plus surpris de sa réponse que de la question de son amant.
Le silence s’abat à nouveau sur eux, et ils se regardent un long moment avant de réagir comme n’importe qui de sensé dans une situation pareille : ils éclatent de rire.
Et leur hilarité est Ô combien incontrôlable. Proteus en a les larmes aux yeux, tandis que Sinbad finit plié en deux, juste là, penché vers le vide menant tout droit au perron du palais.
-Quand on va raconter ça à Marina ! s’esclaffe le pirate, et leur fou-rire redouble d’intensité à l’idée de la tête que fera leur amie au moment où ils lui parleront de ce moment de leur vie.
-Cette fois, si elle ne part pas définitivement, c’est qu’elle sera aussi toquée que nous ! répond Proteus, maintenant appuyé autant que faire se peut contre Sinbad.
Ils rigolent comme ça encore une dizaine de minutes, blottis l’un contre l’autre. Le soleil est maintenant couché depuis longtemps, et les étoiles brillent au-dessus de leurs têtes. Ouais, c’est définitivement la bonne nuit pour demander son meilleur ami de longue date en mariage, alors Sinbad ne regrette pas vraiment son manque de filtre, cette fois-ci.
Et puis une réalisation le frappe, et son rire meurt dans sa gorge. Il continue de sourire, cependant.
-Euh… Proteus… ?
-Oui Sinbad ?
-Est-ce que deux hommes ont seulement le droit de se marier, ici ? Je sais que ça se fait dans quelques contrées du monde, j’ai d’ailleurs moi-même été à deux doigts de me fiancer à de nombreuses reprises -je te raconterai à l’occasion, c’était tordant-, mais à Syracuse ? Jamais entendu parler de ça. Et puis tu es prince, et même si ton père accepte notre relation… Oui, je sais, il la tolère plus qu’il ne l’accepte. Au moins, il a arrêté de lâcher ses chiens sur moi à chaque fois que je m’approche de toi. Mais du coup ? Pour le mariage ?
Le prince réfléchit un instant, puis secoue la tête.
-Je vérifierai les lois, mais je ne pense pas que ce soit légal, tu as raison. Enfin, on s’en fiche non ?
-Pardon ?
-Quoi ? Les lois sont faites pour être enfreintes non ? ronronne le jeune homme, très amusé de la situation.
-Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Proteus ? Eris, c’est encore vous ? finit par demander Sinbad, dont le visage s’orne d’un nouveau sourire goguenard.
-Tu me demandes en mariage sur un parfait coup de tête, et maintenant tu me traites de déesse maléfique ? Que de romantisme mon cher !
-Hé, maintenant tu comprends pourquoi Marina m’a plaqué !
-Oui, ça explique pas mal de choses, en effet. Et je devrais peut-être en faire de même, finalement… taquine Proteus, alors qu’il fait mine d’y réfléchir sérieusement.
-A peine fiancé et déjà divorcé, quelle tragédie… Est-ce que j’aurai quand même le droit à une part de ton héritage, du coup ? minaude le marin, alors qu’il bat des cils de façon tout à fait ridicule.
-Tu es ignoble ! s’écrie le prince entre deux hoquets de rire.
-Eh oh, c’est de cet homme dont tu es tombé amoureux je te rappelle, tu l’as dit toi-même !
-Je reviens sur ce que j’ai dit ! Je nie, et je…
Sinbad l’embrasse avant qu’il puisse finir, et il répond au baiser avec grand plaisir, se fondant contre l’autre homme comme tant de fois auparavant, et comme tant de fois dans un futur plus ou moins proche.
Quand ils se séparent, le prince et le pirate semblent incapables d’arrêter de sourire, à tel point qu’ils en ont même mal aux joues.
Le silence retombe sur eux, comme une couverture moelleuse, et ils restent immobiles, à s’observer dans le calme. Enfin, Proteus se redresse, et tend la main à son amant. Ce dernier s’en saisit, et laisse son cadet l’aider à se lever.
-On fait quoi maintenant ? demande le plus vieux.
Son compagnon sourit, et le ramène vers l’intérieur du palais.
-On va aller préparer ta future expédition. Et ne résiste pas. Ça te fera le plus grand bien, tu le sais aussi bien que moi.
-Mais et le mariage ? Je veux t’épouser tout de suite moi ! Cette nuit, allons chercher un prêtre, menaçons-le ou payons-le, qu’importe !
Proteus s’arrête, de nouveau au bord du fou-rire, et vole un autre baiser à son aîné. Même s’il trouve l’empressement de Sinbad hilarant, il ne peut nier être profondément touché par sa volonté de se marier dès ce soir.
-Si Marina loupe la cérémonie, elle aura notre peau à tous les deux, tu le sais ça ?
-Et alors ! On mourra en hommes mariés, c’est génial non ? Toi qui voulais du romantisme !
-Et quoi de plus romantique que de te laisser languir jusqu’à ton retour à terre ? taquine le prince, alors qu’il pousse Sinbad contre un des murs du palais.
Ils sont poitrine contre poitrine, et le plus jeune savoure les battements effrénés du cœur de son amant, qu’il peut sentir à travers sa fine chemise de soie rouge.
-Je ne te pensais pas si sadique, grommelle Sinbad en retour, et il dépose ses mains sur les hanches de Proteus.
-Sadique ? Peut-être… Personnellement, je vois surtout cela comme une garantie pour que tu me reviennes sain et sauf.
-Je déteins vraiment sur toi… Tu as raison, mieux vaut que je parte quelque temps, finalement ! ricane le pirate, et il appuie une nouvelle fois ses lèvres contre celles de son cadet, avec une douceur que personne ne pourrait soupçonner chez un homme comme lui.
Et pourtant, pour Proteus, Sinbad est capable de tout. D’être délicat, patient, respectueux du protocole… Ou même de repartir naviguer quelques mois par an, bien que ça, il le fasse aussi pour lui-même, évidemment.