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Titre : lure it back to cancel half a line
Auteur : Smarceus (Participant.e 16)
Pour : Petit Poisson (Participant.e 20)
Fandom : Arcane
Persos : Ekko + Jinx
Rating : PG
Disclaimer : Arcane ne m'appartient pas.
Prompt : Je voudrais bien une fic sur la relation entre Ekko et Jinx après l’épisode trois où Silco l’a recueillie. Par exemple, un moment où Ekko essaierait de convaincre Jinx de venir avec lui au lieu de rester avec Silco, quitte à se mettre en danger (ce qui lui aurait valu le surnom de « Boy Savior », peut-être ?).
Notes : J'ai fait quelque chose de plus Ekko-centric que prévu, j'espère que ça te satisfaira quand même ! Le titre vient d'un poème tiré des Rubaïyat d'Omar Khayyam, spécifiquement de la traduction d'Edward Fitzgerald.




Le monde, ça n'existe pas. Ekko apprend ça le jour où tout s'écroule.

Le monde, après tout, ce n'est rien de plus qu'une histoire qu'on se raconte pour se rassurer. Il n'y a pas de réalité tangible. Il n'y a que des choses fragiles, transitoires, vaporeuses, des conceptions et des représentations qui se brisent au moindre impact avec une chose un peu plus acérée, un peu plus vorace.

(Au final, comme Ekko le constatera un jour, même les choses les plus dangereuses finissent par se briser. La seule constante, la seule réalité à laquelle tout est soumis et devant laquelle tout est amené à s'effondrer et disparaître,



c'est le temps.)







Pendant ce qui lui paraît une éternité, Ekko se retrouve seul. (Plus tard, des souvenirs lui reviendront par bribes ; un matelas qui sent le renfermé ; la chaleur d'un bol de soupe qu'on place entre ses mains ; l'étreinte tremblante d'une voisine âgée ; les miettes d'un biscuit sur ses doigts ; les murmures inquiets qui filtrent à travers le plancher d'un grenier. Une semaine de désespoir abject et d'apathie mutique, la tête sous l'eau, paralysé faute de savoir dans quelle direction lutter pour retrouver la surface ; une semaine d'entraide et de bienveillance qui l'a empêché de sombrer totalement, et qu'il s'efforcera de rendre à sa communauté chaque seconde de sa vie d'adulte.)



Pour l'heure, Ekko ne voit rien, n'entend rien, ne sent plus rien ; le monde s'est effondré et tout ceux qu'il aimait ont disparu avec lui.







Quand Ekko revoit Powder pour la première fois après la fin du monde, elle a des tâches de peinture sur le visage, les doigts, les vêtements. Pendant un instant Ekko reste figé de l'autre côté de la rue, tant l'image est vivace dans ses souvenirs. Powder éclaboussée de bleu, de jaune vif et de rose criard, souriant de toutes ses dents et faisant signe à Ekko de la rejoindre au milieu de la pile de mécanismes inaboutis qu'elle persiste à nommer l'un après l'autre.

La Powder de l'autre côté de la rue ne sourit pas. Elle se tient recroquevillée, crispée, le regard anxieux parcourant la foule sur un rythme saccadé — et Ekko réalise, pour la première fois, la chance qu'il a eu d'être recueilli, protégé, soigné. Nourri. Powder lui semble plus frêle que jamais, et Ekko ne sait pas si c'est parce qu'elle a passé les dernières semaines sans pouvoir manger à sa faim, ou si c'est simplement parce qu'il a passé ces dernières semaines à la voir en rêve avec tous les autres, exsangue et inerte au milieu des décombres.



Oubliant tout de la mission de coursier qui l'a conduit dans ce quartier, il se précipite à travers la foule pour la rejoindre. Les petits doigts de Powder semblent trembler là où elle s’agrippe à sa propre manche, et soudainement chaque seconde de plus écoulée sans qu'Ekko puisse lui tenir la main lui paraît insoutenable.



"Powder !"



Elle sursaute si violemment à son cri qu'Ekko bondit presque sur les derniers mètres. Vite, vite, la rejoindre, la retrouver, la rassurer, prendre sa main et rire et jouer comme avant, vite



"Comment tu m'as appelée ?" Ses yeux sont immenses, affolés, refusent de se focaliser sur lui. Son corps tout entier semble s'être tendu, et Ekko craint soudain qu'elle ne prenne la fuite. Mais devant quoi ?



"... Powder ?" Il ralentit, lui laisse de l'espace, lève les mains en signe d'apaisement, sa liesse maintenant ternie par la confusion. Il ne se souvient pas avoir jamais eu cette distance entre eux auparavant. Powder le dévisage, toujours aussi tendue.



"Non, non non non– pas, pas Powder.



- Qu'est-ce que tu–



- Mylo a raison. Vi a dit– Vi a raison. Y'a juste Jinx." Elle chuchote presque le surnom, comme effrayée que quelqu'un l'entende dans la foule. Ekko tend une main tremblante main vers la sienne, lentement, sans la quitter des yeux, et essaye de ne pas laisser couler ses larmes quand elle sursaute violemment à son contact. Paume contre paume, il réalise à quel point elle est agitée. Elle balance son torse et ses bras d'avant en arrière, son visage secoué de tics nerveux, ses mains tressaillant comme lors de ses pires crises d'angoisse.



"Powder, de quoi tu parles ?



- Non, non– Ils disent–



- Attends, Powder. Mylo et– et Vi, ils sont plus– Ce surnom, c'était pas ce qu'ils pensaient vraiment. Tu le sais, hein ?"



Ekko serre ses doigts gelés entre les siens, et a l'impression, peut-être illusoire, de sentir la chaleur y revenir. Il sent ses larmes commencer à couler mais il refuse de fermer les yeux ; et si elle disparaissait à nouveau ?



"Powder." Elle ne le regarde toujours pas en face, mais elle a cessé de sursauter à chaque fois qu'il l'appelle par son nom. Il ne savait pas que c'était possible de pleurer à la fois de joie et de tristesse.



"Powder. Tu es vivante...."



Elle écarquille les yeux, le dévisage pour la première fois, comme si la question ne s'était jamais posée.



"Ben, toi aussi ?"



Il ne peut pas s'en empêcher, il éclate de rire. Powder ressemble à un hibou tellement ses yeux sont ronds de le voir s'esclaffer entre deux reniflements, et il repart de plus belle. Toute la tension qui semblait enserrer Ekko dans un étau se dissipe, et s'évapore, devant la mine ahurie de son amie ; il voit bien qu'elle commence à croire qu'il se moque d'elle et à s'énerver, mais il s'en fiche, elle est vivante, elle va encore assez bien pour tirer sur leurs mains liées par de petits coups secs, pour gonfler les joues et froncer les sourcils, pour faire cette moue boudeuse dont Mylo adorait se moquer, pour commencer à geindre 'Mais, Ekko, arrête ! Mais arrête, t'es trop bête !' comme quand ils étaient encore—



Le rire d'Ekko se calme, l'hilarité le quitte peu à peu comme une vague qui se retire, et il se sent presque vidé. Il serre la main de Powder entre les siennes. Il se sent fébrile, nerveux, épuisé. Elle, au moins, a l'air un peu plus calme. Elle tapote son épaule maladroitement de sa main libre, comme pour le réconforter. Elle le dévisage toujours, son expression troublée impossible à prendre au sérieux avec la minuscule tâche de peinture vert néon qu'il vient de remarquer au bout de son nez.



"Pourquoi tu souris ?



- Ben... je t'ai dit, tu es vivante !"



Elle esquisse un petit sourire frêle en réponse, et Ekko sent quelque chose comme du soulagement, de l'espoir, de la trépidation gonfler dans sa poitrine.



"Et si t'es vivante, peut-être ! Peut-être que les autres– Peut-être que Vi–"



En une syllabe, toute trace de chaleur et d'affection disparaît du visage de Powder. Elle enfonce ses ongles dans la main d'Ekko comme pour lui faire lâcher prise, et il en glapit de douleur.



"De. Quoi. Tu. Parles." Son visage semble



- Powder... ?" se distordre, ses



- Vi m'a LAISSÉE. Ils m'ont TOUS laissée." yeux le fusillent et ses



-Powder !" joues sont tordues de



-Ils sont MORTS et il reste plus RIEN !" spasmes et il ne



- Powder, arrête !" reconnaît plus sa



- J'ai tout CASSÉ !" voix



- JINX !!"





Les bruits de la rue semblent soudainement assourdis, lointains, et Ekko réalise qu'il n'y a presque plus personne autour d'eux. Un vide semble s'être créé spontanément, comme il s'en crée souvent, étrangement, autour de...



Il fixe la main qui s'est abattue sur l'épaule de Powder, remonte le long du bras noueux jusqu'au visage froid de l'homme qui semble prêt à le frapper.



... Silco.



Ekko plisse les yeux et redresse inconsciemment les épaules. Il n'y a que quelques semaines que Silco s'est proposé comme le nouveau leader de la basse ville, mais même un gamin des rues peut reconnaître un loup qui se présente comme un chien. Il y a quelque chose de détaché, de prédateur, presque de monstrueux chez cet homme, et ce n'est pas son visage. Ekko a entendu les rumeurs. Il ne sait pas ce qu'il s'est passé à l'ancienne usine, mais il sait que Silco était forcément responsable.



Pour l'heure, l'homme se tient droit comme une lame, une main gantée fermement agrippée à l'épaule de Powder, l'autre occupée à signaler discrètement à un homme de main de se tenir à l'écart, pour l'instant. Il fait face à Ekko seul, immensément terrifiant dans sa froide imprévisibilité.

Powder semble au bord des larmes. Même le regard rivé sur Silco, Ekko voit du coin de l’œil son menton trembler. Il ne comprend pas ce que le nouveau truand du coin voudrait à une gamine comme Powder. Tous les fragments d'hypothèses qui lui viennent lui glacent le sang.



"Lâchez-la !"



Silco le considère, impassible. Il se tourne finalement vers Powder, avec un calme désinvolte qui ne fait qu'accroître le malaise d'Ekko.



"Jinx ?" Cette fois encore, Ekko entend ce nom avec la violence d'une gifle. Comment cet homme ose-t-il ?



"C'est juste mon copain Ekko..." Elle ne relève pas le surnom, soupire simplement, et sa voix est si calme par rapport à la minute précédente, si blasée qu'Ekko a l'impression d'entendre parler quelqu'un d'autre, ou peut-être d'avoir rêvé la scène. "On était voisins."



Silco jette un coup d’œil à leurs mains toujours entrelacées. Ekko ressent comme une marque au fer rouge les griffures infligées par Powder. Silco hoche la tête presque imperceptiblement, et caresse d'une main distraite les cheveux de Powder. Ekko a l'impression d'avoir du plomb dans les entrailles.



"Je vois. Rentrons, Jinx.



- Lâchez-la ! Et– et son nom c'est Powder !"



Ekko tire de toutes ses forces sur la main de Powder pour l'attirer à lui, l'éloigner de ce sale type, s'enfuir, vite

Silco est sur lui en un instant, une main serrée au tour du cou d'Ekko et l'autre toujours délicatement posée sur la tête de Powder.



"Par égard pour Jinx, je laisserai passer pour cette fois. Tu pensais sauver ton amie. C'est un noble sentiment. Mais il n'y a personne à sauver ici, à part toi." Il resserre légèrement sa prise, et Ekko relâche enfin les mains de Powder pour essayer de lutter frénétiquement contre sa poigne. "Tu serais bien avisé de ne plus jamais de la bouleverser à ce point. Tu n'auras pas de seconde chance." Il se redresse dans un mouvement rigide, presque mécanique, et Ekko est hissé avec lui de quelques centimètres, ses pieds gesticulant frénétiquement pour rester en contact avec le sol, sa vision obscurcie par les larmes, le manque d'air et la panique. "Ne t'approche plus de ma fille."



Silco le relâche enfin et Ekko s'écroule misérablement à genoux, haletant et hoquetant, aspirant à grandes goulées l'air vicié de la basse ville. Il a une idée très claire et peu flatteuse du tableau qu'il doit offrir en cet instant : un gamin faible et pathétique, prostré au sol devant un adulte impossible à défier, le visage souillé de morve et de larmes, les mains tremblantes autour de son propre cou. Il brûle de rage, d'impuissance, de désespoir. Il peut à peine respirer et il brûle déjà de l'envie de se battre, de lutter, de reprendre ce qui a été arraché.



Avec le retour de l'oxygène, il se rappelle brusquement de Powder. Elle a assisté à toute la scène, elle doit être terrifiée et il n'a pas réussi à la tirer des griffes de Silco, elle est toujours à sa merci, elle... !



... elle se tient les bras croisés près de l'homme en question, qui a toujours une main posée sur ses cheveux constellés de peinture, et elle regarde Ekko, l'air vaguement désintéressée. Revêche. Blasée. Ekko ne comprend pas où est passée la fille qui souriait à ses bêtises un peu plus tôt. Il a tellement de questions, mais il n'arrive pas à prononcer un seul mot.



Silco prend la petite main de Powder dans la sienne et tourne les talons. Elle se laisse faire, se retourne à moitié pour faire au revoir de la main à Ekko comme si de rien n'était.



"À pluuus~~~"



Ekko ne peut que la regarder en silence. Il reste prostré au sol et s'efforce de reprendre son souffle, et il la regarde s'éloigner, disparaître dans la foule, comme happée par Silco et ses sbires, comme si elle n'avait jamais été qu'une hallucination, et qu'Ekko était à nouveau,

toujours,



seul.





Plus tard, Ekko apprendra que Powder était en escapade ce jour-là par peur que Silco la gronde pour avoir fait exploser sa chambre et une partie de l'étage. Un homme de Silco qui se tenait dans le couloir y avait perdu un bras.

Ekko apprendra également que Powder avait simplement été privée de gadgets et de bricolage ce soir-là, après que Silco l'ait rattrapée, après avoir laissé Ekko gisant dans la poussière, après avoir laissé la marque de sa main autour du cou d'Ekko.


Ekko apprendra tout cela de Powder elle-même, qui, ayant fait le mur par rébellion contre cette punition jugée injuste, sera venue trouver Ekko pour se plaindre de la rigueur abusée de son père adoptif.

Il apprendra par la même occasion qu'elle avait toujours su où le trouver ces dernières semaines. Qu'elle considérait Silco comme sa famille, comme quelqu'un qui enfin la comprenait, qui ne passait pas son temps à la dénigrer et à la faire se sentir petite et maladroite et inutile et geignarde et dangereusement stupide et....



(Le long de cette diatribe, Ekko n'arrivera pas à s'ôter de la tête l'idée de l'homme qu'elle avait estropié ce matin même, et il regardera son amie bouder et râler comme une princesse gâtée, et il repensera à l'explosion de l'usine qui leur avait tant coûté.

Il ne gardera pas de souvenirs précis de la dispute terrible qui s'ensuivra, tant son choc sera énorme et sa rage brûlante. Il saura seulement que ça aura été la dernière fois qu'il l'aura appelée Powder.



Plus tard encore, il apprendra, sinon les détails, du moins la forme, les contours, le poids du passé entre Silco et Vander, et il ne pourra pas s'empêcher de se demander si Jinx et lui sont voués à répéter un cycle qu'ils ne feront qu'infliger au monde qu'ils laisseront derrière eux, comme une histoire héritée dont ils n'endosseraient les rôles que le temps d'une représentation.)



Des mois plus tard, encore seul dans ce qui deviendra le havre d'une communauté libre et vibrante, Ekko peindra le portrait de son amie Powder, disparue trop jeune, sur un mur nu qui un jour accueillera autant de vies que Silco en aura brisées. Elle, et tant d'autres, alimenteront la flamme de la révolte, leurs sourires immortalisés sur cette fresque une douce chaleur autour de laquelle la communauté grandira et se reconstruira un monde, selon ses propres règles.

Ekko reculera du mur, les mains encore tâchées de peinture, prendra une inspiration, une seconde, fermera les yeux, une seconde, poussera Jinx hors de ses pensées pour ne garder que le souvenir de Powder,



et passera à la seconde suivante.



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