[identity profile] flo-nelja.livejournal.com posting in [community profile] obscur_echange
Titre : Bye Bye princesse (Partie 1)
Auteur : Drac (Participant 8)
Pour : Oreo (Participant 30)
Fandom : Princess Princess
Couple : Shihodani Yûjiro x Kôno Tôru
Rating : Tout public
Disclaimer : Les personnages de cette fic ne m'appartiennent pas, tous sont nés du cerveau et de la main géniale de Mikiyo Tsuda aussi connue sous le pseudonyme Taishi Zaou. Louée soit-elle pour toutes les heures de bonheur qu'elle m'a offertes.
Prompt : "Princess Princess : Tôru x Yûjiro : Comment ils se rapprochent de plus en plus l'un de l'autre, le passage de l'amitié à l'amour, avec pourquoi pas un peu de jalousie pour pimenter le tout."
Note : À la base ce devait être une petite histoire courte... mouais, à croire que je ne suis pas très douée. Je m'excuse pour les fautes d'orthographe qui parsèment sans doute ce texte, je ne me suis relue qu'une fois.
Note de la modératrice : La fic est très longue, j'ai dû la couper en plusieurs posts.


xxx
Bye bye princesse


xxx
Sa main lui faisait mal. Sa mâchoire l'élançait douloureusement. Les projecteurs l'aveuglaient, créant des points lumineux qui dansaient dans son champ de vision. Mais les cris et les ovations ne s'arrêtaient pas, il parvenait même à entendre de longs sanglots qui montaient du public. Des fleurs volaient pour atterrir sur scène, la sueur dégoulinait le long de son dos et il sentait ses cheveux se mouiller sous sa lourde perruque. Tout son être moulu, fourbu et courbaturé n'aspirait qu'à une chose : se carapater d'ici en vitesse et se mettre tout nu avant de se jeter sous une bonne douche bien fraîche. Mais il resta là, souriant comme un Bouddha, digne comme une reine, doux comme une princesse, saluant ses fans pour la dernière fois, se demandant si le club photo vendrait d'autres clichés après la soirée de ce soir...
La voix amplifiée du président Arisada retentit dans tout le gymnase :
"Et ainsi se clôt cette cérémonie commémorative. Puisse la douce image de nos princesses vous accompagner pendant ces vacances."
La lumière des projecteurs s'éteignit lentement presque à regret tandis que des gémissements de protestation s'élevaient de la foule rassemblée dans le gymnase. Son bras lourd, presque gourd tomba sans grâce et pendit mollement à ses côtés. Il avait encore des flashs de couleur dans les yeux et dans l'obscurité de la salle il ne distinguait plus rien. Il essaya de faire un pas mais le monde sembla tanguer dangereusement. Déglutissant face à l'effort incommensurable que lui demandait le simple fait de maintenir son équilibre il respira profondément espérant tirer des forces de l'air raréfié en oxygène et plein de l'odeur lourde de centaines de garçons excités massés en un seul endroit fermé. La tête lui tournait, sans doute pour être en harmonie avec le globe terrestre qui ondulait sous ses pieds. Ses bras de plus en plus lourds semblaient le tirer vers le sol, ou peut-être tiraient-ils le sol vers lui. Il n'entendait plus rien et une sorte de froid commençait à descendre sur son visage le faisant frissonner. Il se rendit alors compte qu'il était sûrement sur le point de tourner de l'oeil, juste le genre de réaction physique à la mords-moi le noeud dont il avait besoin maintenant, surtout dans ce costume. Mais se mettre en colère ne semblait pas calmer le monde qui se rebellait autour de lui et le froid envoyait des petits hameçons de glace jusque dans ses os.
Une main se saisit de la sienne et le monde sembla retrouver sa fermeté le temps qu'on le traîne hors de la scène et l'asseye de force sur une chaise lui mettant une barre de céréales chocolatées dans la main.
Tôru leva les yeux pour les poser sur le visage courroucé de son camarade et meilleur ami.

"Imbécile. Je savais bien que tu n'avais pas assez mangé ce midi, tout ça pour essayer d'économiser tes derniers tickets de cantine ! Bon, sang, tu te rends compte l'émeute que ç'aurait été si la lumière s'était rallumée sur ton corps de princesse évanouie. Mais qui m'a flanqué d'un abruti pareil !"
Yûjiro fulminait, marchant à longues enjambées furieuses devant le corps à demi léthargique de son colocataire.
"Et puis donne-moi ça !" ordonna-t-il en lui arrachant des mains la barre énergétique. D'un coup sec il déchira l'emballage et fourra la nourriture dans la bouche de Tôru. "Mâche-moi ça sinon c'est moi qui le fait."

Persuadé, à juste titre que Shihôdani était capable de le mâcher pour lui avant de lui donner la becquée, Kôno s'empressa d'obéir. La barre était dure et avait un goût de plastique mais avoir quelque chose dans la bouche lui faisait du bien. Et quand Akira arriva avec un soda il sentit son taux de sucre retrouver un niveau satisfaisant et permit à son corps las de s'installer confortablement sur son siège, étendant ses jambes aux bas blancs sans aucune élégance. Yûjiro avait cessé de tourner en rond, son visage avait repris une expression plus sereine.
Le brouhaha venant du gymnase diminuait. Une sorte de calme mâtiné d'un soupçon de tristesse semblait s'emparer des trois amis.
"Alors..."

"Eh bien..."

Les deux princesses avaient parlé en même temps. Ça les fit naturellement sourire, mais aucune ne reprit la parole, c'était comme s'ils voulaient prolonger, ne serait-ce qu'un tout petit peu ce moment.
"C'est fini !"

L'exclamation s'accompagna d'un bruit de pas bondissant et joyeux et Mikoto déboula près d'eux, des étoiles plein les yeux, le visage à peine débarbouillé, les cheveux encore humides de sueur, mais portant des vêtement de garçon et ayant semé sur son chemin tous ses accessoires de princesse.

"C'est fini !"

Jamais encore les deux princesses de l'Ouest ne l'avaient vu aussi gai et rayonnant, même quand il parlait de sa petite amie son visage ne s'éclairait pas d'un tel contentement. Il finit sa course d'une petite pirouette sur lui-même.

"C'est fini !" clama-t-il en se penchant vers ses deux compagnons d'infortune et de travestissement qu'il régala de ce sourire épanoui qu'il avait toujours refusé à ses admirateurs.
"Mikoto, tu as du rouge à lèvres tout autour de la bouche, on a l'impression que tu t'es fait bisouillé par une armée de carpes."
Mais le jeune homme ne répondit pas à la provocation presque habituelle du blond. Il se contenta d'inspirer avec délices.
"Je m'en fiche. Ça y est, c'est fini ! Plus jamais de robes, plus jamais de perruques, plus jamais de maquillage, plus jamais d'épilation, plus jamais de spectacles. C'est fini ! On est libres !"
Tôru leva les yeux au ciel. Mais malgré les exagérations évidentes, Mikoto avait raison. S'en était fini de la vie de princesse et quelque part il avait l'impression de sentir un petit pincement au coeur à l'idée que cette page de sa vie allait être tournée.
xxx
Il s'ennuyait. Il n'avait pas envie de lire. Il n'y avait rien à la télé. Il avait fini tous les jeux qu'il avait en retard et aucune nouveauté ne le tentait. Il avait l'impression d'avoir dormi pendant des jours et il n'avait pas envie de sortir. Il se sentait un peu déprimé. A la limite il aurait aimé qu'il pleuve, comme ça il aurait eu une bonne raison d'être coincé à la maison à rien faire. Mais derrière la fenêtre le soleil le narguait d'un éclat presque miraculeux pour un début de printemps. Bien sûr il aurait pu aller faire les magasins ou encore aller dans une salle d'arcade, chercher une petite amie. Mais une sorte de pressentiment lui suggérait d'éviter de se promener seul. Parfois en pleine rue il sentait comme des regards étranges posés sur lui. Et puis il y avait ces maudits bigleux qui le prenaient toujours pour une fille... Bref une raison de plus de rester calfeutré chez lui à ruminer... rien du tout. Il n'avait même pas de raison d'être déprimé. D'ailleurs il était sûr qu'aujourd'hui même ce sale petit traître de Mikoto était en train de sortir avec sa petite amie. Et cette seule pensée suffisait à le rendre fou de colère. Pourquoi est-ce que Mikoto avait une petite amie et pas lui ? C'était injuste. Et puis la tête énamourée de Mikoto quand il parlait d'elle, c'était juste ridicule !

Il soupira et décroisa les jambes tout en continuant de regarder le plafond.

C'était la première année où il avait envie que les vacances se terminent vite. Bien sûr, au moins cette fois-ci il n'avait pas à craindre les crises de Sayaka. Cette année sa petite soeur ne l'avait pas collé, elle passait ses journées dehors avec ses copines à faire les magasins et parler de mecs. Et quand elle lui dirigeait la parole c'était pour lui demander des nouvelles de Yûjiro en pouffant derrière ses mains comme un hamster. Comportement normal pour une vraie petite soeur quoi. Enfin c'était sans compter sur les magasines bizarres qu'elle laissait traîner un peu partout dans la maison : Être x Garçons, Juin, Coup de vent... Il avait eu le malheur d'en feuilleter un qui traînait sur la table basse et avait failli ne jamais s'en remettre. Il avait aussi été sur le point de sortir casser la gueule à Shihodani pour avoir mis des idées pareilles dans la tête de sa soeur.
Il n'avait pas envie d'appeler Yûjiro. Enfin non, ce n'était pas ça. Bien sûr qu'il voulait voir son meilleur ami, avec qui d'autre pourrait-il sortir s'amuser ? Mais Yû était en famille, et il avait sans doute besoin d'être tranquille avec son petit frère et son beau-père, il avait besoin de temps pour forger des liens avec le petit. C'était égoïste de vouloir se l'accaparer alors qu'il avait sa compagnie tout le reste de l'année.

Se tournant sur le côté il éloigna le blond de ses pensées. Akira était surbooké, toute sa fratrie semblait décidée à ne pas le laisser à qui que ce soit d'autre pendant les vacances, surtout Sakamoto-sama qui avait répondu assez sèchement au téléphone quand il avait appelé pour prendre des nouvelles.

Il fixa son sac à dos qui traînait sur le tatami à côté de lui. Sa plaquette de purikura était tombée juste à portée de main. Il regarda d'un oeil indifférent les visages de toutes ces personnes se bousculant dans la petite cabine. Puisqu'il ne pouvait voir ni Akira, ni Yûjiro, ni même ce petit félon de Mikoto il avait essayé de se faire une sortie avec ses amis du collège. On disait toujours que se retrouver avec de vieux amis est une des meilleures choses de la vie. Mais la journée ne s'était pas du tout passée comme prévu. Que ce soit au niveau des filles qui lui avait battu froid pour une raison qu'il n'avait pas compris, des garçons dont il avait du mal à suivre la conversation, des blagues qu'ils partageaient et qu'il ne comprenait pas puisqu'il n'était plus dans leur établissement. Sans compter qu'il n'avait pas pu parler de grand chose à propos de son lycée, entrer dans les détails l'aurait obligé à parler du système de Princesses, une chose qu'il préférait occulter. Et la journée avait continué à sombrer dans le drame quand ils avaient croisé son ex-petite amie, celle-là même que Sayaka avait blessé dans un accès de jalousie incontrôlée. La fille s'était enfuie en pleurant et il était resté seul avec le nouveau petit ami furieux et exigeant des explications...
Une super journée pour de super vacances.
Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et la voix de sa tante s'éleva dans la maison :

"Je suis rentrée ! Tôru, descends, j'ai une surprise pour toi !"
Le jeune homme descendit l'escalier en s'étirant. Cela devait bien faire des années que sa tante ne lui avait pas ramené de surprises en rentrant des courses, à croire qu'elle était heureuse qu'il soit de retour à la maison.

"Tiens, range les gâteaux dans le placard."
Comme toujours, Tôru obéit à sa mère adoptive, l'aidant à mettre les courses à leur place, enlevant les emballages autour des yaourts, rangeant les légumes dans le bac et passant un coup d'éponge sur la table avant de demander :

"Voulez-vous du thé, mère ?"
Midori sourit à son fils adoptif. Quelle joie de l'avoir de retour à la maison, si serviable, et puis si beau, avec son visage fin de jeune fille, ses longs cils, ses belles mains blanches ! Ah, quel bonheur d'être la maman d'une beauté pareille et de pouvoir se vanter devant toutes les commères du quartier !

"Je veux bien Tôru."

Il la servit avec toute la grâce d'un jeune prince et elle dut se retenir de ne pas le serrer très fort sur son coeur en soupirant devant tant d'élégance. Mais heureusement pour lui elle se reprit et sortit deux morceaux de papier de son sac à main.
"Aujourd'hui il y avait une tombola dans la rue commerçante et j'ai gagné ça."

Elle poussa les tickets vers lui.
"Ce sont deux tickets pour un parc d'attraction. Je me suis dit que tu pouvais peut-être en profiter pour y aller avec ta petite amie."

Tôru regardait les billets, l'air surpris.
"Mais, et Sayaka ?"

Sa mère repoussa l'idée d'un coup de main.
"Bah, elle a sûrement quelque chose de prévu avec ses amies, et puis tu as bien mérité du bon temps avec une jolie fille et loin de ta petite soeur."

Elle lui lança un clin d'oeil entendu, persuadée que son merveilleux rejeton ne pouvait qu'attirer des ribambelles de femelles qui en avaient après son corps.

Mais en fait, il n'y avait pas de femelles en chaleur, pas de petites amies, et il ne côtoyait aucune personne de sexe féminin à part sa mère et sa soeur. Dépité, les épaules basses, il faillit rendre les billets à sa mère adoptive quand lui vint une idée lumineuse. Plutôt que de rester enfermé à se morfondre pourquoi ne profiterait-il pas de ces billets pour organiser une journée entre hommes. Ils pourraient faire des attractions renversantes, se goinfrer de nourriture, refaire plusieurs fois le même manège et s'habiller sans chichis. Bref que des choses que les manuels de dragues déconseillaient lors des rendez-vous amoureux. Une journée amusante quoi.
xxx
Tôru était en retard. Il n'aurait jamais cru que sa soeur pouvait mettre autant de temps à se coiffer ! Et dire qu'il s'était moqué de Yûjiro ! Il avait dû se préparer en quatrième vitesse et même en courant il savait qu'il serait en retard à la gare. Ce qui ne l'empêchait pas de le faire bien sûr.
Yûjiro jeta à peine un regard dédaigneux sur lui alors qu'il reprenait son souffle, les cheveux en bataille et le visage couvert de sueur.
"Akira vient d'appeler. Il s'est réveillé à Hokaido ; de toute évidences Sakamoto-sama l'a enlevé pour qu'il ne vienne pas avec nous."

Tôru releva la tête en grimaçant, il était encore plié en deux par l'effort.
"Bon ben alors il n'y a que nous. Mikoto a préféré aller à Hawaï avec sa soeur et sa copine, ce sale traître."
"Il nous le paiera à la rentrée !" déclara Yûjiro avec calme et un sourire à faire peur à un tigre. "En tout cas il faut qu'on y aille, sinon il n'y aura plus de trains avant une bonne heure."

xxx
La journée s'écoula dans un grand éclat de rire. Ils coururent d'attraction en attraction, se permirent de manger comme quatre, firent des photos stupides à coller sur les affaires de Mikoto à la rentrée, achetèrent un affreux porte-clef rose qu'ils forceraient Akira à mettre sur sa sacoche, prirent le temps de monter sur un petit train pour enfant et furent pris d'un fou rire en se retrouvant coincés au milieu d'un toboggan trop petit pour eux.

Ils étaient assis à une table, savourant tranquillement une crêpe bien chaude contre leurs doigts rafraîchis par le petit vent qui soufflait sur l'esplanade dégagée.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"
Tôru mordit avec plaisir dans sa crêpe. Il s'était montré faible, il aurait dû économiser l'argent de poche qu'il avait gagné avec les photos de princesses, après tout, ce n'était pas comme s'il allait refaire des séances de pose dans un avenir prochain, et même si le Conseil des élèves lui avait dit qu'ils avaient réimprimé les dernières il doutait que ça lui suffirait pour toute l'année prochaine...
Tôru fut tiré de ses considérations pécuniaires par la voix de Yûjiro.
"Elle est à quoi ta crêpe ?"
Le blond regardait son dessert avec une concupiscence non dissimulée.
"A la pâte de haricots rouges, pourquoi ?"
"Je veux goûter."

Et Yû de se pencher par-delà la table pour tendre la bouche vers la crêpe.
"Eh, regarde, elles sont plutôt mignonnes, non ?"
La bouche de Yûjiro se referma sur du vide tandis que Tôru tendait sa crêpe vers la gauche pour désigner la table voisine.
"Mon morceau de crêpe !" protesta la princesse indignée.
"D'accord, d'accord, tiens mords dedans !" consentit le brun en soupirant.

Le blond arracha un gros morceau du dessert sous les cris outrés de son camarade et se mit à observer attentivement les jeunes filles qui bavardaient, courageusement assises autour d'un cornet de glace.
"Chiharu-chan, est-ce que je pourrais goûter à ta glace, j'avais aussi envie de melon, mais j'hésitais."
La petite blonde battit des cils, intimidée par sa demande égoïste et impolie. Mais sa camarade se contenta de lui sourire et tendit sa glace.
"Bien sûr, Miho."

Miho se leva à moitié de son siège, se penchant au-dessus de la table, sa jeune poitrine ronde clairement visible, ses fesses presque indécemment relevées à cause de la position. Sa petite langue rose remonta le long de la boule de melon avant de réintégrer sa bouche aux lèvres roses.

Tôru déglutit difficilement.

"Miho, tu as de la glace sur les lèvres," soupira la brune Chiharu avant de se pencher et de tendre la main pour passer son pouce sur les lèvres de son amie et recueillir la crème glacée. Puis, avec un naturel déconcertant, elle lécha son pouce.
"Alors ?"

"La glace au melon est délicieuse, mais je crois que je préfère la vanille." déclara Miho.
"Fais voir." dit Chiharu en se penchant à son tour.
S'en était trop pour Tôru qui détourna les yeux en rougissant. Il avait passé trop de temps entouré de garçons pour se mettre dans un état pareil en si peu de temps. Ou alors c'était parce que ces filles semblaient échappées d'un manga ecchi...
"Mouais, la brune est pas mal et elle a une poitrine respectable." fut le verdict détaché de Yûjiro.
Tôru se demanda si son meilleur ami était frigide pour ne pas réagir à un spectacle comme celui auquel ils venaient d'assister.
"Tu pourrais te montrer un peu plus enthousiaste, quoi ! Ça te dit pas d'aller draguer ?" demanda-t-il d'un ton de conspirateur.
Yûjiro pesa lentement le pour et le contre d'un visage impassible.
"Elle a des gros seins mais elle ressemble quand même un peu à un mec... Voire même elle te ressemble. Mais elle a des gros nichons, et elles n'ont pas l'air d'attendre qui que ce soit ou d'être accompagnées..."

Tôru ne put s'empêcher de rougir en entendant Yû tenir des propos aussi cavalier, c'était plus fort que lui, voir ce visage si beau et féminin prononcer un mot comme nichon, lui paraîtrait toujours incongru.
"Ben alors, qu'est-ce que t'attends ?"
Le blond s'était déjà levé, près à l'attaque. Sortant de sa rêverie notre héros l'imita.

"Bon, allez Miho, il faut qu'on y aille si on veut encore faire d'autres attractions avant de rentrer. Tu finiras ta glace en chemin".
D'un mouvement énergique, Chiharu s'était relevée et maintenant elle jetait un coup d'oeil méfiant et plein de suspicion vers les deux garçons.
"Mais Chiharu-chan..." commença la petite blonde.
Mais cette dernière la réduisit au silence en la prenant par la main et en l'entraînant vers elle jusqu'à ce qu'elle se retrouve tout contre elle, la tête cachée contre son épaule.
"Allez, il faut qu'on profite de cette journée, on est seules toutes les deux..." dit Chiharu en levant le visage de son amie vers le sien.

Les yeux mi-clos, les joues empourprées, Miho offrit un sourire extatique à son amie.

"Comme tu voudras Chiharu-chan." soupira-t-elle dans un souffle d'extase.
Chiharu dédia un sourire triomphale aux deux abrutis qui étaient restés figés sur place, tira la langue en plus pour faire bonne figure et mettant son bras autour des épaules de celle qu'elle ne laisserait jamais à aucun mec, elle s'éloigna.

Il fallu un certain temps aux deux garçons pour se remettre de leur choc.
"Tu crois que..."

"Elles sont pas..."

Mais ils ne réussirent pas à finir leur phrase.
"Je crois qu'on est maudits !" déclara Tôru en se laissant retomber sur la chaise, les bras derrière la tête, le visage levé vers le ciel comme pour lui demander quel crime il avait bien pu commettre.
"Bah, c'est pas grave, en plus, ils étaient pas si gros que ça tout compte fait." affirma Yû.
"Mouais, et les raisins sont trop verts..."
"Allez, on va pas s'éterniser ici, ya d'autres poissons dans l'océan et on est là pour s'amuser !"
"T'as raison ! "

Tôru, de nouveau souriant attrapa le bras de son meilleur ami.
"Mais tu crois vraiment que..."
xxx
Le soleil se couchait sur le parc. Assis dans la nacelle de la grande roue Tôru regardait avec une certaine mélancolie la ville qui s'étalait à leurs pieds de plus en plus petite. De l'autre côté de la petite cabine Yûjiro semblait faire de même. Un silence étrange était tombé sur eux et Tôru se sentait assez mal, comme si il avait besoin de le briser, comme s'il y avait quelque chose qu'il aurait dû dire ou faire, mais qu'il n'arrivait pas à savoir ce que s'était. Alors il regardait dehors comme si la réponse s'y trouvait. Ou peut-être était-ce pour échapper à Yû. De toutes façons quelle idée d'aller faire un tour de grand roue. Il n'y avait que lui pour se lancer dans un plan pareil ! Si encore ils avaient été un couple, il aurait compris, mais là...

Bizarrement, cette pensée le mit mal à l'aise et il se hâta de changer de position et de pensée.

"Eh, regarde ! Ce sont les deux filles de tout à l'heure !"
La roue s'était arrêtée et à trois cabines d'eux, presque au même niveau, deux jolies têtes se tenaient posées l'une contre l'autre. Puis, elles se tournèrent l'une vers l'autre et commencèrent à s'embrasser.

La bouche de Tôru s'ouvrit en grand et refusa de se refermer. Il pensait que ce genre de choses n'arrivaient que dans les mangas ou à l'étranger. Pas à trois cabines de lui.
Il ne sentit pas la main de Yûjiro se poser sur son épaule, il ne résista pas quand ce dernier le tourna vers lui. Il contempla sans comprendre ces yeux ambrés troublés. Il n'entendit pas son prénom qui tomba comme une plainte terrible des lèvres roses. Il ne remarqua pas le visage qui s'approchait du sien, le souffle qui lui caressa la joue puis les lèvres. Il ne fit rien quand la bouche se son meilleur ami s'écrasa une nouvelle fois sur la sienne. Son corps et son esprit refusèrent de réagir. Il laissa une langue douce et humide passer sur ses lèvres puis s'introduire dans sa bouche. Il abandonna son cou à la main qui passa lentement sur sa nuque envoyant des milliers de frissons courir le long de sa colonne. Il se perdit dans le regard désespéré qui le dévorait. Il permit à des bruits étranges de naître dans sa gorge avant de mourir aspirés par la bouche qui l'engloutissait.

La cabine se remit à bouger. Les lèvres douces se détachèrent des siennes. Les mains chaudes quittèrent les siennes. Les yeux se détournèrent, brillants et liquides. Mais il ne bougea pas. Il resta là, la bouche ouverte, les lèvres refroidies par le filet d'air soufflant par les jointures, l'esprit perdu au milieu d'un méandre de phrases qu'il ne pouvait, qu'il ne voulait formuler.

Yûjiro s'échappa de la cabine dès que la porte fut ouverte. Il fallut que l'employé lui aboie de sortir pour que Tôru s'exécute, absent, cherchant machinalement son meilleur ami des yeux. Il le vit se frayer rapidement un chemin vers la sortie. Comme un robot en pilote automatique il s'élança vers lui sans vraiment savoir pourquoi. Il le rattrapa aux grilles du parc, mais ce dernier se contenta de continuer son chemin sans lui adresser un regard.
Le chemin du retour se déroula dans un silence inconfortable qui s'étendait aux personnes autour d'eux. La tête de Tôru était toujours bouillonnante d'idées, de phrases, de mots, mais aucun ne semblaient rester en place assez longtemps pour qu'il puisse dire quoi que ce soit. Et lorsqu'ils se quittèrent il n'arriva même pas à mettre la main sur un au revoir. Non que Yûjiro eut attendu d'en recevoir un avant de partir à grandes enjambées.

Il alla directement se laisser tomber sur son lit, la tête trop lourde de pensées et d'émotions étranges pour faire une quelconque activité plus remuante.

xxx
Au réveil Tôru réussit à se persuader que ce n'était qu'un rêve, ou une plaisanterie de mauvais goût comme celles de que Shihodani affectionnaient tant. Ou peut-être n'était-ce pour lui qu'un moyen de l'embêter. Après tout, son souffre-douleur habituel n'était pas disponible pour le moment, il fallait bien qu'il passe ses nerfs sur quelqu'un.
Mais il n'appela pas pour confirmer, après tout, mieux valait le laisser finir les vacances tranquillement en famille. Quant à lui, incapable de se concentrer plus de quelques minutes il dédia ce qui lui restait de temps libre à débarrasser le jardin de ses mauvaises herbes. Une tâche qui lui valu toute la reconnaissance de sa mère et ses plats préférés à tous les repas.

xxx
Tôru retourna à l'internat la veille de la rentrée, les poches pleines de recommandations, de conseils, d'embrassades et de sucreries faites maison. D'un commun accord avec lui-même il avait décidé d'oublier tout ce qui avait pu se passer ou pas dans la grande roue. Il était fin prêt à commencer cette nouvelle année, et s'il partait un peu plus tôt que prévu ce n'était pas pour échapper à son meilleur ami, c'était pour aménager tranquillement ses affaires dans sa nouvelle chambre.
"Bonjour, est-ce qu'il y a quelqu'un ?"
La petite loge d'accueil de l'internat était vide. Mais il entendit un éclat de voix un peu plus loin. Il avança dans le couloir, tournant à gauche vers les bruits qu'il avait entendu.
"Excusez-moi, je suis Kôno et je..."
Il s'arrêta net.

"Tiens, salut Tôru !"

Yûjiro se tourna vers lui en souriant et il sentit le camion citerne rempli de ciment qui lui pesait leur le coeur s'envoler.
"Yûjiro ! T'es déjà arrivé !"
Il se précipita vers son meilleur ami et ne put se retenir de le serrer dans ses bras.

"Hey, doucement ! Tu vas défaire mon brushing si tu continues ! Et en plus le nouveau surveillant de l'internat va se demander si on a pas des moeurs douteuses..."

Etrangement Tôru le lâcha de suite.
"Bonjour, je suis Kirihara." se présenta le nouveau surveillant.
"Je suis Kôno Tôru."

"Je sais."

Il se rappela alors que le surveillant, comme tous les anciens élèves de l'école le connaissait forcément. C'était incroyable comme quelques jours avaient suffi à lui faire oublier son année de princesse.
"J'en conclus donc que vous êtes toujours d'accord pour partager la même chambre."

"Bien sûr. Hein Yûjiro ?"
Yûjiro se contenta de sourire, mais ce sourire mit Tôru bizarrement mal à l'aise. Il se hâta de se tourner à nouveau vers Kirihara.
"Tant mieux. Comme vous le savez vous devez abandonner les chambres en bout de couloir. Mais..."

Il marqua une petite pause, légèrement gêné.
"La réinsertion des princesses dans une scolarité normale pose parfois quelques problèmes. Donc pour que vous soyez encore quelque peu protégés au cas où certains... enfin oublieraient qu'ils ont à faire à des garçons, nous installons les ex-princesses dans des chambres prêt du bout du couloir, là où la garde princière peut intervenir en cas de... Enfin, ça n'arrive que rarement ! Et seulement au début de l'année ! Avant que les nouvelles princesses n'entrent en fonctions !"
Un sourire diabolique fleurit sur les lèvres roses et fines de Shihodani.
"Pauvre Mikoto ! Quand on pense qu'il risque de se faire encore poursuivre par ses fans..."

"L'idée semble plus t'amuser qu'autre chose." commenta Tôru en plaignant de tout son coeur le pauvre garçon.
"C'est juste que ce pauvre petit semblait tellement heureux d'être débarrassé de ses fans, il m'en a parlé hier entre deux allusions à sa merveilleuse copine."

Le sourire diabolique se fit encore plus cruel et Kirihara recula d'un pas.
"Euh... A part ça..."

Il se tourna et se remit à faire le speech qu'il avait préparé, mais en accéléré.

"Vous n'avez plus de table réservée au réfectoire, plus de salle de bain réservée, et vous êtes obligés de vous baigner dans le bain commun. Par contre étant donné les petits ennuis qui sont arrivés antérieurement, on vous demande de ne pas y aller seul mais toujours accompagné par une personne de confiance. Voilà c'est tout."
Il se retourna vers eux, un sourire crispé.
"Je vous amène jusqu'à votre chambre puis je retourne à la loge. Il devrait y en avoir d'autres qui arriveront aujourd'hui."
Kirihara était à peine parti que Tôru se laissa tomber sur le lit du bas en soupirant. Il se sentait soudain fatigué.
"En tout cas la chambre n'est pas très différente de celle qu'on avait avant." dit-il en jetant un rapide coup d'oeil.
"C'est vrai que même la couleur des rideaux est la même."
Yûjiro installa son sac sur le bureau et commença à l'ouvrir. Il s'arrêta en plein geste.

"Quand même... je me demande comment ça va être ?"
"Quoi donc ?"

" De ne plus être une princesse."
xxx
Yûjiro se réveillait toujours difficilement. C'était donc à Tôru que revenait le privilège et l'honneur de le réveiller puis de le guider jusqu'à la salle de bain. Il s'acquitta sans trop de difficulté de sa tâche, même s'il manqua de se tromper de pièce. Leur arrivée dans la pièce commune fut comme celle d'un chat au milieu des colombes. Les élèves intimidés s'empressèrent de fuir, emportant dans leur sillage les premières années qui n'y comprenaient rien. Tôru voulut les retenir, puis se dit que de toutes façons le temps finirait par faire son oeuvre et bientôt ils supporteraient de les voir partager la même salle d'eau. Il s'appliqua donc à sa toilette matinale.
"Tôru, est-ce que tu peux me passer ma crème de jour s'il te plaît ?"

Machinalement il tendit à son camarade son pot.
"Mais Yûjiro, on a plus besoin de se mettre de crèmes. On est plus des princesses !" s'exclama-t-il réalisant soudain.
"Je sais, mais il n'empêche que je n'ai pas l'intention d'avoir la peau sèche pour autant. Tu crois peut-être que tu attireras les filles avec un visage sec comme une feuille de nori et des boutons comme ceux qui apparaissent sur ton menton ?" dit dédaigneusement le blond en appliquant tranquillement son onguent.
Tôru se précipita vers le miroir et constata que le blond avait raison, son menton était rouge à plusieurs endroits.
"Il y a une lotion exfoliante dans ma trousse et je te permets exceptionnellement de prendre un peu de ma crème. Mais en échange je veux la moitié de ta soupe miso de ce matin." dit-il du ton sans appel du loup dictant ses conditions aux moutons.
Tôru accepta en soupirant. Autant tenter de négocier avec le diable en personne.

Il y avait un véritable attroupement quand ils sortirent de la salle d'eau.
"Regardez, ce sont les princesses !"
"Waouh, les princesses !"
"Oh, les princesses !"

Tôru soupira, de toutes évidences ces imbéciles avaient oubliés qu'ils n'étaient plus des princesses.

"Princesses ! Oh, lumières de nos existences ! Je vous en supplie ! Offrez-nous la grâce et le charme pour illuminer cette journée !" s'écria l'un d'entre eux.

Son corps répondit automatiquement à cette demande, il se tourna et leur dédia un sourire éclatant et fleurit dont l'effet fut multiplié par sa rencontre avec celui tout aussi brillant de Yûjiro.
"Ah ! Ce sont bien nos princesses !"
"Quel sourire !"

La peur monta en Tôru quand il se rendit compte de ce qu'il venait de faire. Etait-il donc perdu, condamner à passer sa vie à répondre aux stimuli extérieurs par un sourire féminin et charmeur ? Resterait-il une princesse pour toute éternité ?
"T'inquiêtes pas ! Ça te passera, et à eux aussi !" le réconforta Yûjiro.

Mais était-ce vraiment sûr ?
xxx
"Que de monde !"

Les tableaux où étaient affichés les noms des élèves et leurs classes étaient loin devant, mais entre eux et ces derniers se dressait une marée humaine.

"Sakamoto-sama !"

"C'est Sakamoto-sama !"

"Bonjour Sakamoto-sama !"
"Comment allez-vous Sakamoto-sama !"
"Et bien voilà Akira qui arrive." dit Yûjiro en désignant un point sur leur droite.

Et en effet, comme un brise-glace Akira avançait en créant un couloir d'espace autour de lui et une marée de murmures et de courbettes qui se propageait en ondes rapides.

" Tôru, Yûjiro !"

"Salut Akira." répondirent-ils.

"Eh bien je vois que ton aura marche même sur les petits nouveaux de première année. Regarde, ils te donnent déjà du Sakamoto-sama." fit remarquer Yû en souriant. "Dans deux jours tu pourras tous les faire passer dans un cerceau de feu."
"Mais je ... "

"Yûjiro, cesse d'embêter Akira."
"Pourquoi tu prends toujours sa défense, Tôru ?" demanda le blond, la voix étrangement lourde de quelque chose que Tôru n'arrivait pas à identifier.

"Je ne sais pas, peut-être parce qu'il a une telle aura de Bouddha." se justifia-t-il en serrant le jeune homme dans ses bras avec apaisement.
Quelque chose de fugace et de brûlant passa sur le visage du blond mais disparu aussitôt.

"Tu as raison, il est temps de se ressourcer un peu spirituellement." affirma-t-il avant d'enlacer lui aussi le nouveau président du Conseil des Elèves.

"Euh... les gars... tout le monde regarde..." balbutia Akira qui ne savait plus quoi faire.

"C'est pas grave," répliqua Shihodani "ils n'oseront pas approcher."

"Raison de plus pour en profiter," ajouta Kôno "comme ça au moins ils cessent de nous demander des bonjours, des bénédictions et des sourires."

Ce fut Mikoto qui finit par venir à la rescousse du président persécuté par les deux sournois.

"Mais lâchez le pauvre Sakamoto-sama !"
Avec une parfaite harmonie, les deux ex-princesses se tournèrent vers leur nouvelle proie et Mikoto regretta de ne pas s'être enfui en courant dès qu'il avait aperçu ses deux ex-collègues.
"Mikoto ! Mais qu'est-ce que tu es bronzé ! Alors ça valait la peine d'abandonner tes deux meilleurs amis pour aller vivre une vie de stupre et de luxure auprès de ta petite amie en bikini ?"
"Et nous qui avions pensé à toi pendant les vacances pour aller s'amuser ensembles comme des vrais amis ! Trahis ainsi par un faux frère !"

"Sans compter que tu ne nous as même pas envoyé une carte postale !"

"Ni même ramené un souvenir !"
"Ingrat !"

"Judas !"

Et les deux princesses de s'écrouler en larmes l'une contre l'autre, rejetées, oubliées sur un trottoir sous la pluie battante une triste nuit d'automne.

"D'accord, d'accord, vous avez gagnés !" Mikoto leva les yeux au ciel. Quelle plaie ces mecs !
"Tenez, le voilà votre souvenir !" Il leur tendit une boite de chocolats hawaïens aux noix de macadamia.
"Quoi ? Seulement une !"
Les deux affreuses belles-soeurs s'étaient relevées et toisaient Cendrillon de toute leur hauteur.

"Soyez déjà contents que je vous en ai rapporté une, bande d'escrocs !" s'emporta le petit brun.
"De quoi faux frère ?"

Shihodani continuait à tarabuster son souffre-douleur. Un sourire tranquille monta jusqu'aux lèvres de Tôru. Tout était comme avant. Tout était parfait.

"Si on allait voir la répartitions des classes et des salles, la cérémonie de rentrée va bientôt commencer." proposa Akira toujours aussi raisonnable.

Ils avancèrent vers le tableau et l'aura de Sakamoto-sama écarta la marée humaine devant eux.

"Eh, Mikoto, t'es toujours dans la même classe que cet empaffé de Mikata !" s'exclama Tôru.

"Tôru, tu ne peux pas dire des choses pareilles du vice-président." se hâta de le corriger Akira.
"Je me méfies de ce gars, il te regarde bizarrement, et je pense qu'il n'a toujours pas digéré sa défaite de l'année dernière..."
"Mais non, Mitaka est un excellent vice-président."
"Je crois que..."

"Eh ! c'est normal que Yûjiro soit pas dans la même classe que vous, les gars ?" demanda Mikoto.
Tôru ne finit pas sa phrase, se précipitant pour regarder le tableau. C'était vrai, le nom de Shihodani n'était pas sur la liste de sa classe mais sur une autre.

"Yûjiro ne t'a pas dit, Mikoto ? On sépare les anciennes princesses. C'est la procédure normale. Pour éviter qu'elles ne retiennent cette image et qu'elles laissent la place aux nouvelles princesses. C'est Yûjiro qui s'est proposé pour changer de classe." l'informa Akira.
Tôru eut l'impression qu'on venait de le frapper à l'estomac. Tout l'air avait quitté ses poumons et sa tête semblait se remplir de papillons. Yûjiro n'était plus dans sa classe. Et il ne lui avait rien dit. C'était ça qui lui faisait le plus mal, cette impression de trahison, traiter cette situation comme si ce n'était rien. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il se sentait trahi à ce point, après tout, ce n'était pas grave, il fallait séparer les princesses et si Yûjiro s'était proposé s'était parce qu'il était là à ce moment. Tôru aurait fait pareil si on lui en avait parlé. Mais qu'il ne lui ait rien dit, qu'il regarde au loin comme c'était le cas...
Il n'entendit rien du discours du directeur ni même de celui d'Akira. Il ne se réveilla que lorsque Mikoto le poussa du coude pour lui faire comprendre que la cérémonie était finie et qu'il fallait remonter vers les classes. Akira les rejoignit à la sortie du gymnase et ils montèrent ensemble au deuxième étage. Mikoto les quitta tout de suite pour aller vers l'ouest, puis ce fut au tour de Yûjiro.
"Voilà ma classe. A tout à l'heure les mecs."
Tôru le regarda partir presque sans comprendre et se laissa pousser par Akira jusqu'à leur salle de classe.
Il savait que leur vie allait être différente maintenant qu'ils n'étaient plus princesses, mais il n'imaginait pas que ce serait à ce point.
xxx
Il lui fallu toute la matinée pour se dire que tout compte fait ça ne changeait pas grand chose, après tout, ils habitaient toujours la même chambre, ils pouvaient déjeuner ensembles et même s'aider pour les devoirs bien qu'ils n'aient pas les mêmes profs. Bien sûr, ça faisait bizarre de ne pas voir sa tête blonde dans la salle de classe, mais c'était tout.

Le coeur plus léger, il attrapa Akira avant de se diriger vers la classe de Yûjiro, ils iraient acheter des sandwichs et les mangeraient tranquillement tous les trois sous un des cerisiers encore en fleurs qu'il y avait derrière l'école.

Il trouvèrent Yûjiro assiégé par une véritable cour.
"Et ton jeu vidéo préféré c'est quoi ?"
"J'aurais jamais pensé que toi aussi tu jouais aux jeux vidéos !"
"Comme quoi t'es un mec normal."
Le blond souriait, mais pas de son sourire de princesse, non, d'un sourire amical que Tôru avait cru être l'un des seul à connaître jusqu'à présent.

"Il s'en sort bien." commenta Akira.
"Ouais." fut la seule réponse qu'il obtint.
"Yo, Yûjiro ! On va manger, tu viens ?" demanda-t-il ensuite un peu sèchement.

"J'arrive. A toute !" lança-t-il à ses nouveaux camarades de classe. "Tu crois qu'avec l'aura d'Akira on réussira à obtenir des sandwichs aux yakisoba ?"

xxx
"Je crois que demain midi je vais manger avec des mecs de ma classe."
Tôru leva la tête de son bol de ramen, presque incrédule et regarda son meilleur ami.

"Il faut qu'ils m'acceptent comme un élève normal. Et vu l'ambiance qui règne ici ce ne sera pas facile." déclara-t-il en contemplant les autres élèves qui avaient soigneusement évité la table où ils s'étaient assis.

"Demain midi ?"

"Ouais, j'ai réussi à les persuader que moi aussi j'aimais jouer aux jeux vidéos et que j'étais un type comme les autres, alors ça ruine un peu mes efforts d'aller m'asseoir avec Sakamoto-sama et les autres ex-princesses..."

Tôru comprenait. C'était logique, c'était même très intelligent, manipulateur, mais brillant. Bref, un plan d'action digne de Yûjiro. Ça se tenait parfaitement. Alors pourquoi avait-il envie de lui hurler de ne pas le faire, de continuer à déjeuner avec eux, avec lui, son meilleur ami ?

"Ouais, c'est une bonne idée." se força-t-il à dire avec un sourire qui lui déchira les lèvres.
xxx
"Shihodani ? Non, il est déjà parti. Je crois qu'il est rentré avec ceux qui n'étaient pas de corvée de ménage." l'informa l'un des élèves.

Les poings de Tôru se serrèrent convulsivement.
Ce n'était pas grave. C'était bien qu'il se fasse de nouveaux amis. C'était normal après tout. Il avait bien le droit de rentrer avec qui il voulait. Ils ne s'étaient rien promis. Ils n'étaient pas des mômes de primaire qui se fâchent quand ils ne rentrent pas ensembles. Ils étaient grands, et puis s'était normal qu'il ne l'attende pas, avec le prof de math qu'ils se tapaient ils ne finissaient jamais à l'heure... Il ne lui avait pas demandé de l'attendre. Pas grave...
Alors pourquoi est-ce qu'il avait cette fureur qui lui rongeait les entrailles et lui fouettait le sang ? Pourquoi est-ce qu'il avait envie de bouder comme un gamin et de mettre des coups de pieds dans les pierres du chemin ? Pourquoi est-ce que ça l'affectait tellement ?
xxx
Quand ils entraient dans la salle de bain les autres évitaient de les regarder, détournant la tête, rougissant un peu. Yûjiro se comportait toujours comme si le monde lui appartenait, souriant de toutes ses dents et entrant d'un pas tranquille. Mikoto quant à lui passait son temps à regarder autour de lui et à avancer dos au mur. Une fois dans le grand bain une sorte de zone de sécurité s'établissait autour d'eux et on les laissait tranquilles, le niveau sonore baissait et les internes avaient tendance à expédier leurs ablutions.
Tôru aimait profiter de ces moments tranquilles, il se laissait aller contre le mur et écoutait Yûjiro asticoter ce pauvre Mikoto ou déblatérer sur les profs ou la vie amoureuse de telle célébrité dont sa mère lui avait rebattu les oreilles pendant les vacances.
Tout avait bien commencé. Yû faisait tourner Mikoto en bourrique en lui disant qu'il devait avoir la peau plus blanche et plus douce que celle de sa petite amie et qu'il ne leur restait plus qu'à partager leurs vêtements pour faire un joli couple de starlettes lesbiennes. Miko-chan protestait de tout son soûl et Tôru se laissait bercer par ses voix connues et familières un léger sourire sur les lèvres.
"Yo ! Shihodani !"

Tôru ouvrit les yeux en entendant le clapotis de l'eau. Quelqu'un venait de franchir la barrière invisible.

"Kamishima !"

Yûjiro sourit au nouveau venu, intrus disait une petite voix dans la tête de Tôru.

"Je voulais savoir si tu avais fait l'exercice d'anglais pour demain ?"

Et tu pouvais pas attendre qu'on soit sortis du bain ? se demanda Tôru en regardant avec hostilité le gars aux cheveux en brosse qui venait de troubler son moment de tranquillité.

"Bien sûr. Tu voudras que je te prête mon cahier ?"
"Non, je préfèrerais que tu m'expliques, sinon comment je vais réussir après lors du contrôle ?"
L'autre souriait mais Tôru décréta que ce sourire ne lui plaisait pas. Ce mec-là avait tout d'un hypocrite. Et puis cette façon de zyeuter Yûjiro à la dérobée. Non décidément ce mec était louche. Au moins autant que ceux qui les avaient dragués les fois où ils avaient été en ville.

"Et si vous attendiez d'être sortis du bain pour discuter de ça ?" lança-t-il d'une voix froide.
Soudain il sentit les yeux de Yûjiro le transpercer, mais la seconde d'après il lui sourit et le brun se demanda s'il n'avait tout simplement pas rêvé.

En tout cas il ne rêva pas le regard haineux que lui jeta Kamishima. Il lui rendit un sourire froid et plein de dents et se promit de garder celui-là à l'oeil.

xxx
Il n'eut aucun mal à se rappeler de le garder à l'oeil. Kamishima était pire qu'un pot de colle. Il prenait le petit déjeuner avec eux, allait à l'école avec eux, mangeait avec Yûjiro, rentrait avec lui, lui demandaient des conseils pour les devoirs, dînaient avec eux et se baignait aussi avec eux. Et Tôru ne pouvait rien faire parce qu'il était tout ce qu'il y avait de plus poli et amical. Mais il sentait bien que "Ken" comme il avait demandé à Yûjiro de l'appeler n'était pas net. Il ne savait pas pourquoi il avait ce pressentiment, mais ce mec le mettait tout de suite sur ses gardes, cette façon de se rapprocher de Yû, de le coller partout, de l'appeler par son prénom... Le voir suffisait à le rendre furieux.

Akira avait bien vu que quelque chose n'allait pas. Mais Tôru n'avait pas pu lui en parler. Après tout ce n'était qu'un sentiment, cet enfoiré n'avait rien fait, du moins pour l'instant, et puis il n'avait pas envie d'en parler, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour tout raconter à Akira il la refermait, soudain accablé de questions qui tournaient surtout autour la raison pour laquelle il haïssait autant ce mec.
Quant à en parler à Yûjiro c'était hors de question. A chaque fois qu'il avait voulu le maître en garde contre Kamishima il s'était retrouvé cloué par un regard incroyablement furieux et dont il ne comprenait pas la raison. Et puis qu'est-ce qu'il aurait été dire à son meilleur ami :
"J'aime pas la façon dont il te regarde ? Fais gaffe à lui ? Il est pas net ? Surveille tes arrières ?" Et s'il lui avait demandé quelles raisons il avait de se méfier de lui qu'est-ce qu'il aurait bien pu répondre.

Sans compter que Yûjiro et lui ne se parlaient plus beaucoup. Il y avait de longs silences qui tombaient soudainement dans leur chambre et il n'arrivait pas à prendre la parole, ça lui rappelait un autre silence qu'il voulait absolument oublier. Alors il faisait comme si de rien était et se remettait à travailler ou à jouer. Mais il sentait bien que quelque chose était en train de se briser dans sa relation avec Yû.
xxx
L'allée centrale du lycée était un vrai capharnaüm, on aurait dit un marché à la criée. Tôru se rapprocha un peu plus d'Akira pour être bien enveloppé dans son aura protectrice. Heureusement, elle tenait toujours comme une sorte de bouclier magique. Il se plaça de façon à empêcher Kimishima de profiter de l'aura et sourit en le voyant se faire bousculer par la foule et essayer de les rattraper malgré la marée humaine qui essayait de les séparer.
C'était la journée des clubs. Tout ce que le lycée comptait comme activité sportive ou culturelle avait son petit stand et tentait d'attirer de nouveaux membres. C'était aussi le jour où on présenterait les nouvelles princesses. Le président du conseil des élèves aurait dû se trouver bien tranquille à siroter son thé mais Mikata avait estimé qu'il valait mieux qu'Akira arpente le terrain et calme les foules au cas où il y aurait des débordements.

"Voilà le club de football !" cria Mikoto. "Je vous laisse, cette année personne ne m'empêchera de faire du sport et de me muscler !" Et il disparut dans la foule, immédiatement remplacé aux côtés de Sakamoto-sama par ce cher Ken-chan, ce qui fit grincer des dents à Tôru.

Mais plutôt que de se focaliser sur la ventouse comme il se plaisait à l'appeler, il préféra s'intéresser aux différents clubs. Après tout il n'avait pas eu l'occasion de s'inscrire à cause de ses activités de princesse, mais ça lui ferait du bien d'avoir une activité extrascolaire. Peut-être pas du sport, quoi qu'il avait souvent envie de se défouler ces derniers temps, peut-être quelque chose d'intellectuel comme le go, ou encore quelque chose de productif comme le club d'art plastique... Yûjiro s'inscrirait sûrement dans un club très esthétique comme le club d'arrangement floral ou celui de la cérémonie du thé...
"Je crois que je vais m'inscrire au club de théâtre."
Autant pour ses prévisions alors. Tôru ouvrit la bouche.
"C'est une super idée, Yûjiro, tu étais génial dans la pièce l'année dernière."

Et la referma en grinçant des dents. Le moindre commentaire de Kimishima l'énervait.

"Je crois que je suis naturellement doué pour jouer la comédie." déclara-t-il en souriant.

Son regard tomba sur Tôru et il sut qu'ils pensaient à la même chose. S'ils avaient été de si bonnes princesses s'étaient parce qu'ils avaient tout deux porté presque toute leur vie un masque lorsqu'ils étaient en société, montrant l'image que leur entourage voulait voir, cet étudiant modèle, ce fils merveilleux, cet enfant heureux de vivre, cette perfection qu'ils n'étaient absolument pas. Ils avaient tellement porté un masque que jouer la comédie était presque devenu une seconde nature. Mais Yûjiro avait toujours été plus dans l'exagération que lui, plus dramatique, plus expansif ; il s'était toujours tenu en retrait, parfait mais tentant de se faire oublier, se fondant dans le décor.
"Et toi, Tôru, qu'est-ce que tu aimerais faire ?" lui demanda son meilleur ami, en lui souriant, détendu ; un sourire qui ne s'était fait que trop rare ces derniers temps.
"Je ne sais pas vraiment..."

La main de Yûjiro se posa sur sa joue.
"Alors il va falloir que tu trouves ce qui te plaît vraiment."
Il eut soudain l'impression que Yûjiro ne parlait pas que de clubs et son estomac se mit à se balancer en haut et en bas de son ventre.
"Bon allez viens, Yûjiro, il faut qu'on s'inscrive !"
Kamishima s'était emparé de l'autre main du blond et le traînait derrière lui avec toute la force d'un rhinocéros furieux.
Tôru faillit rattraper la main tendue de son meilleur ami et s'opposer à la force qui l'entraînait loin de lui, mais se retint au dernier moment, comme pris de peur.

xxx
Finalement Tôru ne trouva pas de club qui l'intéressait assez pour s'y inscrire. Peut-être manquait-il de personnalité, peut-être n'existait-il pas de vrai Tôru sous le masque du fils parfait qu'il s'était forgé. Après tout, il n'aimait aucun sport en particulier, il n'excellait dans aucune matière scientifique ou littéraire, il n'était passionné ni par l'astronomie, ni par les extraterrestres, ni par la légende du Voyage vers l'Ouest...

Yûjiro par contre était devenu un membre à part entière du club de théâtre, il en était même devenu l'astre rayonnant et éblouissant. La nouvelle de son inscription s'était répandue comme une traînée de poudre, éclipsant quelque peu la nomination des nouvelles princesses et le nombre d'adhésions avait quadruplé en à peine une journée. Etrangement, les nouveaux venus n'avaient pas fait long feu quand ils s'étaient retrouvés face à la langue acerbe, au vocabulaire ordurier et au regard meurtrier de l'ancien ange du bâtiment est. Ils avaient fuis devant cette destruction brutale de l'image idéale qu'ils entretenaient jalousement dans un coin libidineux de leur cerveau. Yûjiro était rentré ce soir là avec un sourire de tigre repu et il avait découvert encore plus ses dents blanches et luisantes en racontant à table son aventure de la journée. Depuis les fans avaient renoncé à l'appeler princesse et certains le fuyaient comme la peste, préférant se réfugier derrière les jupes longues et médiévales de Kaoru, l'une des nouvelles princesses.

Le club de théâtre se réunissait jusqu'à tard dans l'après-midi. Ils préparaient déjà la pièce pour la fête de l'école. Le sujet de cette dernière était le secret le mieux gardé de toute l'école et de nombreuses personnes venaient régulièrement tarabuster Kamishima pour qu'il leur donne au moins un indice. Par un hasard saugrenu personne ne s'approchait de la Sorcière de l'Est comme on surnommait à présent.

Les premiers jours Tôru était rentré seul au dortoir, après tout, il n'avait pas besoin d'être raccompagné à la maison et puis il avait un très bon baladeur et plein de CDs ramenés de la maison. Il s'était ensuite installé dans la chambre vide pour faire ses devoirs mais le silence semblait peser comme du plomb sur ses épaules et il n'avait rien réussi à faire. Quant à la musique il avait passé une bonne demi heure à chercher un artiste ou une chanson qui lui plaise puis avait renoncé ennuyé jusqu'à la moelle. Le lendemain il était parti directement à la bibliothèque où le calme et la sérénité de l'atmosphère le mettraient sûrement dans un meilleur état d'esprit et le pousseraient à travailler avec l'acharnement d'un élève modèle tout l'après-midi. Ce fut pire que dans sa chambre. Il y eut d'abord son voisin qui passait son temps à soupirer sur son livre de mathématiques, puis les deux filles qui se disputaient sur la table à côté parce que l'une d'elle avait couché avec le copain de l'autre, ensuite était arrivé le vieux yankee qui s'était assis en face de lui et avait fait semblant de prendre un livre d'histoire pour mieux zyeuter les filles qui passaient ; enfin il y avait eu l'espèce de fada bigleux qui après avoir pris place à sa droite avait commencé à le draguer, persuader qu'il était une fille et incapable de remarquer qu'il portait un uniforme de garçon. Hors de lui, Tôru avait attrapé son sac et claqué la porte de la bibliothèque, ce qui lui avait valu un regard noir de la bibliothécaire à la bouche pincée. Il avait joué à un jeu de baston jusqu'à l'heure du dîner pour se calmer. Les jours d'après il avait tenté successivement de rester lire des mangas au convini, de faire les boutiques, de draguer des filles, d'aller dans une salle d'arcade et de traîner sans but dans le quartier. Fatigué et irrité de tous ces échecs, obligé de faire ses devoirs à la dernière minute, il avait fini par s'en ouvrir à Akira.
"Si tu veux tu peux faire tes devoirs dans la salle du conseil. Comme ça on fera un bout de chemin ensemble après." fut la solution que lui proposa le jeune boddhisattva.

Et ainsi, malgré la présence de ce serpent de Mikata, Tôru réussit à baigner dans l'aura sereine et apaisante d'Akira. Les membres du conseil et les professeurs s'habituèrent très vite à le voir dans la salle, et quand il avait fini ses devoirs il se faisait un point d'honneur à aider, que ce soit pour faire des photocopies, apporter le thé ou aider à finir de planifier le budget princesse. Le conseil ayant toujours quelque chose à faire il finit par se retrouver à rentrer au dortoir en même temps que Yûjiro, ce qui lui convenait parfaitement.
xxx
"Et là Akira m'a dit : puisque tu es là tout le temps pourquoi est-ce que tu n'entrerais pas au conseil, nous aurions besoin de quelqu'un pour aider notre comptable. Et puisqu'Akira..."
"Bon sang mais tu vas cesser de parler ! J'essaie de faire mes devoirs au cas où tu ne l'aurais pas remarqué." explosa Yûjiro.
Tôru arrêta de parler, surpris.

"Ça va pas, Yûjiro ?" demanda-t-il en le regardant se rasseoir à son bureau et récupérer son crayon qui avait été valdinguer jusque sur le rebord de la fenêtre.

"Non, ça va pas ! J'essaie de me concentrer et toi tout ce que tu trouves à faire c'est de me parler d'Akira comme si tu prêchais l'évangile. Qu'est-ce que j'en ai à faire de ce qu'Akira a dit ou fait ?" dit rageusement le blond.
"Pas besoin de t'énerver, si t'avais tant besoin de silence t'avais qu'à me le dire avant au lieu de me gueuler dessus." se défendit Tôru légèrement blessé par la colère de son meilleur ami.
"Ben si t'étais pas si bête tu te rendrais compte que les gens qui bossent ont pas besoin qu'on les emmerde en leur racontant des trucs débiles et chiants." répliqua le blond en se relevant.
"Oh ça va ! De toutes façons, toi tout t'emmerde sauf le théâtre en ce moment. Tu sais plus parler d'autre chose." Les oreilles de Tôru devenaient rouges, signe qu'il commençait à s'énerver sérieusement.

"Et toi tu ne sais plus exister qu'à travers Sakamoto-sama, un vrai chienchien à la botte du président du conseil ! Si vous êtes si amoureux vous avez qu'à sortir ensemble, ça me fera des vacances !" hurla Shihodani.

Tôru vit rouge.

"Ça te va bien de me traiter de pédé." répliqua-t-il avec calme. "Que je sache, princesse, c'est bien toi qui t'es jeté sur moi dans la Grande Roue."

Le sourire qui orna la bouche de Tôru était froid et cruel.
Yûjiro le gifla à toute volée. Ce n'était pas la réaction qu'avait prévu le jeune homme, et quand le blond sortit de la chambre en claquant la porte, il se demanda si c'étaient des larmes qu'il avait vues dans les yeux de son meilleur ami ou juste le reflet de la lampe sur le bureau.



Vers la partie 2
If you don't have an account you can create one now.
HTML doesn't work in the subject.
More info about formatting

Profile

obscur_echange: (Default)
Communauté d'échange de fanworks sur les fandoms rares en français

June 2025

S M T W T F S
12 3 4 56 7
8 9 101112 13 14
15161718192021
22232425262728
2930     

Most Popular Tags

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags
Page generated Jun. 15th, 2025 12:42 pm
Powered by Dreamwidth Studios