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Titre : Instant suspendu
Auteur : Drachen (Participant.e 12)
Pour : Géis (Participant.e 4)
Fandom : Star Wars : Andor
Persos/Couple : Mon Mothma/Perrin Fertha
Rating : G
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Disney, l'univers appartient à George Lucas
Prompt : Mon Mothma/Perrin avant la saison 2 ou post épisode 3 de la saison 2. Leur mariage a peut être été arrangé et ils sont trop différents pour réussir à être heureux, mais il y a des moments où l’un ou l’autre souhaite que leur mariage soit tellement plus.
Détails facultatifs : si Perrin est en fait parfaitement au courant que Mon est impliquée dans la rébellion mais prétends le contraire parce que c’est le seul moyen de la protéger.



Perrin Fertha n’avait jamais cru au grand amour. Ce n'était pas ce qu'on lui avait enseigné. Sur Chandrila, on apprenait les traditions, les unions politiques et les compromis. Il en fallait, des compromis, pour qu'un couple chandrilien perdure. Peut-être n'en avaient-ils pas fait assez. Allongé seul dans le lit de la chambre conjugale, il laissait défiler dans son esprit le souvenir des dernières années en se demandant comment ils avaient pu en arriver là. Il songea à Leida, mariée depuis maintenant deux ans, à Stekan. Il avait dit à Davo que face à la force de caractère de sa fille, le garçon devrait s'endurcir ou se soumettre. Il savait de quoi il parlait. Même s'il n'aurait pas vraiment su dire quel chemin il avait lui-même emprunté.

S'était-il soumis ? Trop au goût de Mon sans doute. Elle l'aurait sûrement préféré un peu rebelle, comme lorsqu'ils s'étaient mariés. Partageant ses opinions politiques, soutenant ses positions au Sénat. Il se demandait tout de même si elle avait compté sur sa tendance à la mettre en mauvaise posture parfois. Sur sa propension à inviter à leur table ses adversaires politiques, à la forcer à partager un dîner avec des hommes qui bloquaient le ravitaillement d'une planète entière, à deviser avec eux comme si la galaxie n'était pas en train de brûler. Toutes ces choses qui agaçaient tant la sénatrice, mais qui l'avaient faite passer pour une créature inoffensive toutes ces années. Il s'était peut-être soumis, mais il s'était aussi endurci, c'était une certitude. S'était-elle seulement aperçue qu'il essayait de l'aider ?

Non. Évidemment que non. Sinon il ne serait pas là, seul dans leur appartement vide. Il serait avec elle, où qu'elle soit. Elle aurait demandé à son antiquaire de l'exfiltrer lui aussi. Mais elle ne l'avait pas fait. Elle avait fait son discours et s'était envolée, sans s'inquiéter une seconde de ce qu'il allait devenir. Perrin soupira, passant une main sur son visage. À tâtons dans l'obscurité, il ouvrit le tiroir de sa table de chevet pour trouver des somnifères. À la place, ses doigts se refermèrent sur un petit boîtier, une pointe d'espoir faisant battre son cœur un peu plus vite.

Il alluma sa lampe et se redressa, observant un instant l'objet qu'il avait entre les mains. Un communicateur longue portée, une ligne privée à laquelle seuls lui, Mon et Leida avaient accès. Bien sûr, il était peu probable que les rebelles l'aient laissée garder un communicateur sur elle. Et tout aussi peu probable qu'elle y réponde, même si elle l'avait. Pourtant, il l'activa par automatisme, sans vraiment prendre le temps de réfléchir. Pendant de longues secondes, l'appareil sonna dans le vide. Puis un déclic, et la voix de Mon, pleine d'espoir.

– Leida ?

Perrin déglutit. Laissa passer une poignée de secondes. La sénatrice appela de nouveau, une seconde, puis une troisième fois. Puis, sentant qu'elle était sur le point de raccrocher, son consort se décida enfin à parler.

– C'est moi Mon.

Il y eut un long silence à l'autre bout du fil. Seul le léger grésillement du communicateur prouvait qu'elle était toujours là.

– Combien d'agents du BSI sont avec toi ? demanda-t-elle finalement, acerbe.

– Ne sois pas ridicule, rétorqua Perrin avec amertume. Je ne suis pas sur écoute, le BSI sait pertinemment que je suis la dernière personne que tu contacterais.

Il y eut un nouveau silence, mais Mon ne raccrochait toujours pas. Il en déduisit qu'il avait raison, ce qui pour une fois était plus douloureux que satisfaisant. Prenant tout de même ce silence comme une invitation, il poursuivit.

– J'ai vu ton discours, au Sénat. C'était… C'était bien.

Il était incapable de trouver un meilleur mot, mais il s'efforça de glisser dans son ton l'intensité de l'émotion qu'il avait ressentie en l'entendant.

– Merci, déclara-t-elle simplement.

Mais il la connaissait suffisamment pour entendre dans sa voix qu'elle était touchée. Tout comme il était certain qu'elle pouvait entendre dans la sienne l'écho de son sourire lorsqu'il répondit.

– Je suis content que tu sois en vie.

– Je suis contente de l'être aussi. Je…

Percevant son hésitation, il resta silencieux, la laissant poursuivre. Pendant ce court silence, il se représenta les traits de son visage, sa petite moue lorsqu'elle cherchait les mots justes pour plaider une cause. Il aurait mis sa main à couper qu'elle faisait précisément cette tête là à cet instant.

– Je te mentirais en disant que j'aurais voulu t'avertir, déclara-t-elle finalement. Je ne pouvais pas me le permettre. Mais je suis tout de même désolée que les choses se soient déroulées ainsi. J'imagine le choc que tout cela doit être pour toi.

– J'étais au courant Mon.

Il avait parlé sans réfléchir, et pendant un instant seul un silence incrédule lui répondit.

– Que… Comment ? demanda finalement la sénatrice. Depuis quand ?

– J'ai toujours eu des soupçons. Je me doutais que tu les soutenais, d'une manière ou d'une autre. C'est quand tu m'as accusé d'avoir recommencé à jouer, il y a trois ans, que j'ai consulté nos comptes pour comprendre ce qui t'avait mis ces idées en tête. J'ai vu le déficit, et comme ce n'était pas moi qui avais retiré cet argent… J'ai vite compris que tu cherchais à te couvrir, et à quel genre de “fondation” tu fournissais des fonds.

– Trois ans… souffla Mon à l'autre bout du fil.

C'est elle qui semblait sous le choc à présent. Peut-être se disait-elle qu'elle s'était privée de trois ans d'un soutien au cœur de sa propre maison. Qu'elle aurait pu se sentir un peu moins seule face à tout ça. Comme si elle avait besoin d'une raison de plus de lui en vouloir.

– Pourquoi n'as-tu jamais rien dit ? demanda-t-elle finalement.

Il aurait pu lui dire que c'était pour la protéger. Que seule, elle semblait inoffensive, tandis qu'à deux ils auraient été trop menaçants. Qu'il avait voulu protéger leur fille. Mais seul dans cette chambre, plongé dans l'obscurité, partageant avec elle cet instant suspendu, il n'avait plus rien à prouver. Autant dire la vérité.

– Je ne suis pas aussi fort que toi, avoua-t-il finalement.

Pendant une poignée de secondes, la sénatrice ne répondit rien. Lorsqu’elle reprit, sa voix était nouée de larmes contenues.

– Je ne me sens pas forte du tout, souffla-t-elle.

Et elle éclata en sanglots. Le communicateur grésilla un peu plus qu’il ne l’aurait dû, retransmettant le son par saccades. Perrin songea qu’il ne l’avait encore jamais entendue pleurer. Ça avait quelque chose d’étrange, comme un cristal kyber fissuré, ou une étoile qui volait en éclat. Les forces de la nature ne se brisaient qu’avec fracas. Il aurait voulu la prendre dans ses bras pour la réconforter, mais même s’il l’avait eue face à lui il n’aurait pas su comment faire. Cela faisait si longtemps. Sa tête trouverait-elle toujours sa place dans le creux de son cou comme lorsqu’ils étaient adolescents ? Leurs esprits ne s’accordaient plus depuis bien longtemps, mais peut-être que leurs corps le pouvaient toujours ? Ils ne le sauraient probablement jamais.

Alors, faute de savoir quoi dire, il resta là à l’écouter sangloter comme une enfant à l’autre bout du fil, présence silencieuse, soutien muet. Ce qu’il aurait voulu pouvoir être pour elle pendant toutes ces années. S’il avait eu un peu plus de courage…

Finalement, les sanglots de la sénatrice s’espacèrent, avant de disparaître complètement. Il attendit que sa respiration se soit apaisée pour reprendre.

– Est-ce que Luthen a un moyen de communiquer avec toi ? demanda-t-il.

– Pourquoi en voudrait-il un ? demanda Mon.

Mais dans cet état émotionnel, elle mentait très mal.

– Je ne suis pas stupide, Mon. Je vais lui donner ce communicateur.

– Et toi alors…?

– Je suis la dernière personne à qui tu voudrais parler, tu te rappelles ? Lui au moins aura le courage et les moyens de t’aider en cas de besoin.

Ses propos avaient quelque chose de profondément triste, pourtant sa voix contenait cette fois plus de tendresse que d’amertume. Pour une fois, c’était lui qui avait la main sur les décisions, et il pouvait faire ce qu’il y avait de mieux pour elle.

– S’il comprend que tu connais son rôle dans tout ça, il te tuera Perrin.

– Comme il a tué Tay Kolma ?

Un silence coupable lui répondit, lui confirmant ce qu’au fond il savait déjà.

– Qu’il le fasse, reprit-il. Tout ce qui compte maintenant, c’est toi.

Il y eut de nouveau un temps de silence, et pendant un moment il crut qu’elle ne répondrait rien.

– Merci, souffla-t-elle finalement.

En sentant dans sa voix à quel point elle était touchée, il ne pouvait s’empêcher de songer qu’il aurait dû faire cela bien plus tôt. Combien de fois avait-il retenu ses mots par orgueil, détourné le regard de son mal-être par égoïsme ?

– Merci à toi, Mon, répondit-il avec toute la douceur dont il était capable. Merci à toi.

Parce que grâce à elle, grâce à son courage, il avait l’impression d’avoir fait quelque chose de bien en veillant sur elle toutes ces années. D’avoir fait sa part pour la Rébellion, même si cela pouvait sembler infime. N’était-ce pas cela au fond une rébellion ? Une foule d’actes infimes commis par ceux dont personne ne se rappellerait le nom ? La lumière rouge sur le communicateur clignota encore quelques secondes avant de s’éteindre, replongeant la chambre dans le silence total. La sénatrice avait mis fin à la communication. C’était sans doute mieux comme ça. Ils auraient pu faire pire, comme adieu. Alors Perrin reposa le boîtier, éteignit la lumière, et s’allongea de nouveau. Et cette fois-ci, il trouva enfin le sommeil.

***


Luthen n’était pas à la boutique lorsqu’il s’y rendit. Il n’y avait que son assistante, qui malgré son sourire avenant le regarda avec une certaine méfiance en le voyant entrer. Sans se laisser déstabiliser, Perrin lui rendit son sourire, jouant le même jeu de dissimulation qu’eux tous.

– Bonjour. J’espère que je ne vous dérange pas. Ma femme venait ici si souvent que j’ai voulu voir à mon tour à quoi ressemblait cet endroit. Bien sûr, il est un peu tard pour lui acheter un cadeau comme elle le faisait pour moi, mais…

Cela avait beau n’être qu’un jeu, il ne pouvait s’empêcher de laisser transparaître ses regrets dans sa voix. A quel point elle lui manquait, à quel point il aurait voulu agir plus tôt.

– Souhaitez-vous que je vous présente quelques pièces ? proposa Kleya. Nous en avons certaines qui auraient pu l’intéresser.

S’approchant du comptoir, il secoua doucement la tête.

– Non, merci. En revanche, j’ai là un objet qu’elle aurait souhaité que vous ayez.

Sortant le communicateur de sa poche, il le posa face à la jeune femme qui ne put retenir une expression surprise. Par réflexe, elle jeta un coup d’œil à l’extérieur pour s’assurer qu’il n’y avait pas de regards indiscrets, et fit disparaître l’objet derrière le comptoir. Lorsqu’elle regarda de nouveau le consort, ses traits s’étaient durcis.

– Ne me prenez pas pour une imbécile, elle n’aurait jamais pris ce risque.

– Non, en effet, admit Perrin. C’est une initiative personnelle. Elle était contre d’ailleurs. Elle avait peur de ce que vous pourriez me faire.

– Vous non, visiblement, rétorqua Kleya, acerbe.

– Je me surprend à tenir de moins en moins à la vie. Ne vous méprenez pas, ce n’est pas une tentative de suicide. Je serais ravi que vous me laissiez vivre jusqu’à ce que je puisse voir de mes propres yeux l’aboutissement de son travail. Mais si ce n’est pas le cas… Je préfère mourir en sachant que j’ai fait quelque chose pour elle plutôt que de vivre sans l’avoir fait.

L’assistante de l’antiquaire le regarda dans les yeux, le jaugeant pendant de longues secondes. Perrin soutint son regard sans flancher. Qu’avait-il à craindre ? Il ne s’était jamais montré aussi sincère qu’à cet instant.

– Vous lui avez parlé ? demanda finalement Kleya.

– Oui, avoua le consort. Hier soir.

– Elle vous a dit où elle se trouvait ?

– Je n'ai pas demandé.

– Sage décision.

Il s’observèrent en silence un instant supplémentaire, puis la dame détourna finalement le regard.

– Je ne vous retiens pas plus longtemps. C’est Luthen qui décidera à son retour de ce qu’on doit faire de vous.

– Dans ce cas dites-lui que j’attends son verdict avec impatience ! répondit Perrin avec un enthousiasme feint.

Lorsqu’il passa la porte, il s’aperçut que malgré la menace qui pesait à présent sur lui, il se sentait étrangement léger. A sa place, enfin. C’était sans doute ce que Mon ressentait aussi. Et il songea avec un petit sourire qu’ils n’étaient peut-être pas si différents, finalement.

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