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Titre : Revoir Caladan
Auteur : Vriss (Participant 3)
Pour : Maliel (Participant 21)
Fandom : Dune
Persos/Couple : Duncan / Leto suggéré, très très très léger Duncan / Miles
Rating : PG-13 ?
Disclaimer : Dune appartient à Frank Herbert, et ses préquelles auxquelles je fais de légères allusions à Frank Herbert, Brian Herbert et Kevin J. Anderson.
Prompt : Duncan Idaho (enfin son ghola) dans les Hérétiques de Dune. J'aimerais lire/voir quelque chose sur les relations bizarres/ambigües (pas forcément en couple, comme tu le sens) entre Miles Teg et Duncan, en mettant en scène l'étrange contraste entre l'expérience de Duncan dans un corps jeune et le Bashar plus vraiment jeune mais qui ressemble tellement au Duc Leto Atréides.
Détails éventuels : Peut-être faire allusion aux relations antérieures entre Duncan et son Duc. A ta guise !
Note : J’espère que je suis pas complètement à côté de la plaque. J’ai essayé de coller au prompt le plus possible mais c’est la première fois que je m’essaie à ce genre d’exercices, je ne sais pas si je transcrirai bien le contraste que tu voulais…
Il se peut par ailleurs qu’il y ait quelques problèmes de chronologie, je m’en excuse d’avance.
L’homme balaie du regard les étendues désertiques de la planète qui est maintenant sienne. Il passe une main légèrement tremblante sur le plass qui reflète son visage. Sans une trace d’humidité. Il se tourne vers celui qui l’attend silencieusement, comme toujours.
- Est-ce que tu te sentais si étranger à Caladan quand tu es arrivé, Duncan ?
- Giedi Prime n’a jamais été ma patrie, mon Duc. Ma patrie, c’est la votre. Ma patrie, c’est Caladan.
« C’est l’endroit qui vous fait sourire, mon Duc. C’est l’endroit où vous êtes heureux. C’est le bonheur sur votre visage. », a-t-il envie d’ajouter. Mais ce serait inconvenant. Il est le serviteur des Atréides, le serviteur du Duc Leto.
- Tu veilleras sur ma famille, lorsque je ne serai plus là, Duncan ?
- Ne parlez pas de malheur, mon Duc.
- Mais tu veilleras sur eux ?
Duncan s’incline.
- Je suis le serviteur des Atréides, mon Duc.
- Le meilleur serviteur qu’on aurait jamais pu attendre, Duncan…
« Duncan… »
« Duncan ! »
Les yeux du jeune homme s’ouvrirent alors que sa main volait vers sa vibrolame, d’un geste fluide issue d’années d’entraînement chez les bene gesserit, mais aussi dans l’académie des Maîtres de Ginaz depuis longtemps disparue.
Son cœur battait à tout rompre, il cligna des yeux. Ce n’était pas un ennemi. C’était son Duc… Non, pas son Duc. Miles Teg. Le descendant de Paul. Le descendant des Atréides, de ceux qu’il avait juré de protéger.
- Duncan, bon sang, si tu ne réagis pas plus vite, te mettre la main dessus ne sera qu’une formalité pour les Catins.
- Je suis désolé, Bashar. Je me suis assoupi.
- J’ai bien remarqué, oui. Allez, debout, on reprend l’entraînement.
Duncan soupira. Il avait l’impression de retourner à ses années d’apprentissage dans les arènes de Caladan, lorsqu’il s’occupait des taureaux Salusans du Duc Paulus. Sauf qu’à l’époque, Leto n’était pas son Duc. Il était l’adolescent qui l’avait pris sous son aile… Ils avaient grandi ensemble, ils avaient mûris ensemble, ils…
La lame qui passa à quelques centimètres de son visage lui fit reprendre ses esprits, et le guerrier en lui reprit les commandes. Le Maître d’armes, et non pas l’adolescent dont il avait le corps. L’adolescent qu’il n’avait jamais été, pas dans cette vie en tout cas.
Il inspira profondément et vida son esprit, se consacrant uniquement à son combat. Le Bashar était peut être vieux mais il était un bien meilleur combattant que son Duc ne l’avait jamais été. Miles Teg n’était pas son Duc.
Il ouvre avec impatience le paquet qu’il vient de recevoir et sourit. Du melon et des biscuits à base de riz pundi de Caladan. Il sourit. Son quotidien va s’améliorer dans les prochains jours.
Il attrape la lettre qui les accompagne le cœur battant et commence à lire. Des anecdotes du quotidien, les dernières bêtises de Victor, quelques paroles de nouvelles compositions de Gurney. Des recommandations de Thufir – qui reportées par son Duc semblent beaucoup moins strictes qu’elles ne devaient l’être. Duncan soupire. Son Duc sait comment lui faire garder le moral.
Il prend sur lui pour garder la même expression lorsque Leto lui parle de ses problèmes avec les Tleilaxu. Il ne doit pas faire preuve de faiblesse.
Et il prend plus encore sur lui pour ne pas montrer à quel point son cœur se serre en lisant les dernières phrases.
« Tu me manques, Duncan. J’aimerais tellement que tu soies à mes côtés… »
« Moi aussi j’aimerais être à vos côtés, mon Duc… Si seulement vous saviez… Vous me mépriseriez… »
« Je vous aime… »
Il se rapprocha de l’homme à côté de lui. L’odeur de son Duc… La chaleur de son Duc… Il lui avait tellement manqué… Il ouvrit les yeux pour croiser le regard amusé de…
… Miles Teg…
Il recula en bafouillant.
- Je… Je suis désolé Bashar je…
- Je ne savais pas que tu avais ce genre de sentiment pour Lucille… Aux dernières nouvelles ce n’était pas l’entente cordiale entre vous…
Duncan rougit violemment. Fallait-il qu’il ait parlé tout fort… Il ressemblait tellement au Duc… Ce n’était pas le Duc, ça ne pouvait pas être lui, mais il lui manquait tellement… Il avait l’impression de l’avoir quitté quelques semaines plus tôt à peine, et on lui disait que ça faisait des milliers d’années, que son Duc était mort… alors qu’il pourrait être ce vieil homme devant lui. Il aurait pu avoir vieilli, ne pas s’être fait assassiné à cause du traître Yueh…
Il se prit la tête dans les mains. Tout se mélangeait dans sa tête et il sentait qu’il était en train de perdre pied. Il était un adolescent de sept mille ans, et il n’arrivait pas à l’assimiler. Il ne voulait pas rester sur Giedi Prime – ou Gammu, quel que soit le nom qu’ils donnent maintenant au fief des chiens Harkonnen. Il voulait rentrer chez lui. Chez lui, loin de Giedi Prime, loin d’Arrakis. Chez lui sur Caladan, avec son Duc… Son Duc qui était mort…
Son Duc qui posa une main sur son épaule. Comme autrefois.
- Ne te mets pas dans cet état là, Duncan… C’est de ton âge… Tous les adolescents…
Duncan repoussa sa main d’un geste brusque et bondit sur ses pieds.
- Je ne suis pas un adolescent ! Je suis Duncan Idaho, Maître d’Armes de la Maison Atréides, et je n’ai jamais demandé à ce qu’on me ramène ! J’aurais préféré ne jamais le savoir mort ! J’aurais préféré servir sous les ordres du Duc Leto jusqu’à ma mort ! Je l’avais mérité !
- Duncan…
- Et je hais ces maudites Sorcières qui jouent avec nos vies ! Vous n’êtes pas mon Duc ! Je vous déteste !
Il quitta la pièce en courant et alla s’enfermer dans la salle d’entraînement pour pleurer tout son saoul. Il finit par s’endormir, terrassé par le chagrin et le manque.
Liet le rejoint dans sa chambre au Sietch.
- Les Harkonnen sont entrés en action. Nous devons secourir le jeune Atréides et sa mère.
Duncan se lève d’un bond.
- Les chiens ! Où est le jeune Maître ?
- Quelque part dans le désert. Nous devons le trouver avant Shai-Hulud. Les hommes de Stilgar ont localisé le lieu du crash, mais ils se sont éloignés. Nous les cherchons.
Duncan hoche la tête.
- Merci de votre aide, Liet.
- Il est de mon devoir envers Shai-Hulud de secourir le Mahadi.
- Merci au nom de la maison Atréides, ajoute quand même le Maître d’armes.
Alors que le fremen hocha la tête à son tout, Duncan prend une grande inspiration.
- Paul et notre Dame sont en fuite mais… le Duc… ?
- Prisonnier du Baron Harkonnen. Pour lui, il n’y a rien à faire.
Duncan baisse la tête.
- Je suis désolé, Duncan Idaho.
Le maître d’armes se détourne.
Allez-y, Liet. Je vous rejoins.
Il ne faudrait pas que le fremen le voie verser de l’eau pour un homme qui n’est pas encore mort.
Même s’il aimait cet homme plus que sa vie même.
Même s’il aimait cet homme beaucoup plus qu’il n’aurait jamais dû…
« Mon Duc… »
- Tu as raison Duncan… Les bene gesserit ont été d’une cruauté sans borne avec toi… Je suis désolé d’avoir dû faire ça…
Une main lui caressait doucement les cheveux.
- Je ne suis pas ton Duc, et je ne suis personne pour prétendre le remplacer…
Duncan se laissa aller contre la large poitrine, s’imprégnant de son odeur tellement proche de celle de celui qu’il avait perdu. Il lui ressemblait tellement… Pas seulement physiquement. Les convictions du Bashar, sa manière de gérer les conflits pour limiter les pertes… Sa noblesse rigide qui devenait une prison, qui le poussait à se mettre encore et toujours en danger… La loyauté fanatique qu’il inspirait à ses hommes… Le Bashar Miles Teg, tout comme Leto Atréides, était un homme pour qui on mourrait volontiers, le sourire aux lèvres… Un homme qui pleurait amèrement chacune des vies perdues en son nom…
- Vous lui ressemblez tellement…
- Je sais, Duncan. C’est pour ça qu’elles m’ont choisi…
- Ce n’est pas de votre faute… Je suis désolé pour tout à l’heure.
- Ne pleure plus, Duncan… S’il te plait…
Le jeune homme porta sa main à ses joues, réalisant seulement maintenant qu’il pleurait. Il eut un sourire triste à travers ses larmes. Il versait encore de l’eau pour les morts… Stilgar et Liet l’auraient vertement tancé… Gaspiller de l’eau ainsi…
Le Bashar passa la main sur sa joue pour essuyer ses larmes, et le cœur de Duncan se mit à battre à tout rompre.
Il lui ressemblait tellement… Il ressemblait tellement au Duc à qui il n’avait jamais eu le courage de dire la vérité. Il tourna la tête pour déposer un baiser dans la main qui lui caressait la joue.
- Duncan… Je suis… Tu n’es qu’un enfant…
- A sept mille ans, on est un enfant, Bashar ?
- Je… Je suis désolé…
Duncan se blottit à nouveau contre le Bashar.
- Vous avez raison, Bashar. Je suis un enfant…
- Duncan…
- Je peux dormir ici ?
Le Bashar eut un sourire triste mais s’adossa plus confortablement contre le mur et acquiesça. Duncan ferma les yeux et sombra à nouveau dans le sommeil.
- Duncan, comment pourrai-je un jour te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ?
« Soyez en sécurité mon Duc. Arrêtez de risquer votre vie. Fuyez Arrakis. Pensez à votre sécurité. Dune est un piège. Vivez. »
- Je voudrais qu’on aille manger un poisson tout frais pêché ensemble, mon Duc…
Il rit. Son rire franc, son rire qu’il donnerait tout pour entendre plus souvent.
- Tu as des rêves simples, Duncan…
- Oui, mon Duc.
Des Rêves tellement simples. Des rêves où Leto était en sécurité.
Sortir de ce cauchemar qui l’enfermait, dans lequel il s’enlisait. Sortir de ce cauchemar où son Duc était mort. Sortir de ce cauchemar où ils étaient tous morts. Paul, Jessica, Gurney, Thufir… Liet, Stilgar… Ses amis… Son amour… Leto…
Oublier la planète des sables et tout ce qu’elle lui avait pris, jusqu’à sa vie.
- Je voudrais revoir Caladan…
Miles Teg essuya les larmes qui roulaient sur les joues du jeune adolescent endormi. Duncan Idaho, l’homme enfant à qui on avait toujours refusé le droit de grandir protégé et aimé. Duncan Idaho qu’il avait fait tellement souffrir au nom du bene gesserit. Les Sorcières avaient perdu leur humanité dans leurs plans de reproduction et leurs programmes génétiques. Il caressa doucement les boucles brunes et murmura.
- Nous retournerons sur Caladan, Duncan… Tu as la parole de ton Duc.
Et pour la première fois depuis qu’il avait débloqué la mémoire du guerrier en lui, le jeune homme eut un soupir soulagé et son sommeil devint paisible. Pour quelques heures, il redevint l’enfant qu’il n’avait jamais été.
L’enfant que Miles se jura de protéger, contre lui-même s’il le fallait.
- Nous retournerons sur Caladan tous les deux, Duncan. Je te le promets.
Auteur : Vriss (Participant 3)
Pour : Maliel (Participant 21)
Fandom : Dune
Persos/Couple : Duncan / Leto suggéré, très très très léger Duncan / Miles
Rating : PG-13 ?
Disclaimer : Dune appartient à Frank Herbert, et ses préquelles auxquelles je fais de légères allusions à Frank Herbert, Brian Herbert et Kevin J. Anderson.
Prompt : Duncan Idaho (enfin son ghola) dans les Hérétiques de Dune. J'aimerais lire/voir quelque chose sur les relations bizarres/ambigües (pas forcément en couple, comme tu le sens) entre Miles Teg et Duncan, en mettant en scène l'étrange contraste entre l'expérience de Duncan dans un corps jeune et le Bashar plus vraiment jeune mais qui ressemble tellement au Duc Leto Atréides.
Détails éventuels : Peut-être faire allusion aux relations antérieures entre Duncan et son Duc. A ta guise !
Note : J’espère que je suis pas complètement à côté de la plaque. J’ai essayé de coller au prompt le plus possible mais c’est la première fois que je m’essaie à ce genre d’exercices, je ne sais pas si je transcrirai bien le contraste que tu voulais…
Il se peut par ailleurs qu’il y ait quelques problèmes de chronologie, je m’en excuse d’avance.
L’homme balaie du regard les étendues désertiques de la planète qui est maintenant sienne. Il passe une main légèrement tremblante sur le plass qui reflète son visage. Sans une trace d’humidité. Il se tourne vers celui qui l’attend silencieusement, comme toujours.
- Est-ce que tu te sentais si étranger à Caladan quand tu es arrivé, Duncan ?
- Giedi Prime n’a jamais été ma patrie, mon Duc. Ma patrie, c’est la votre. Ma patrie, c’est Caladan.
« C’est l’endroit qui vous fait sourire, mon Duc. C’est l’endroit où vous êtes heureux. C’est le bonheur sur votre visage. », a-t-il envie d’ajouter. Mais ce serait inconvenant. Il est le serviteur des Atréides, le serviteur du Duc Leto.
- Tu veilleras sur ma famille, lorsque je ne serai plus là, Duncan ?
- Ne parlez pas de malheur, mon Duc.
- Mais tu veilleras sur eux ?
Duncan s’incline.
- Je suis le serviteur des Atréides, mon Duc.
- Le meilleur serviteur qu’on aurait jamais pu attendre, Duncan…
« Duncan… »
« Duncan ! »
Les yeux du jeune homme s’ouvrirent alors que sa main volait vers sa vibrolame, d’un geste fluide issue d’années d’entraînement chez les bene gesserit, mais aussi dans l’académie des Maîtres de Ginaz depuis longtemps disparue.
Son cœur battait à tout rompre, il cligna des yeux. Ce n’était pas un ennemi. C’était son Duc… Non, pas son Duc. Miles Teg. Le descendant de Paul. Le descendant des Atréides, de ceux qu’il avait juré de protéger.
- Duncan, bon sang, si tu ne réagis pas plus vite, te mettre la main dessus ne sera qu’une formalité pour les Catins.
- Je suis désolé, Bashar. Je me suis assoupi.
- J’ai bien remarqué, oui. Allez, debout, on reprend l’entraînement.
Duncan soupira. Il avait l’impression de retourner à ses années d’apprentissage dans les arènes de Caladan, lorsqu’il s’occupait des taureaux Salusans du Duc Paulus. Sauf qu’à l’époque, Leto n’était pas son Duc. Il était l’adolescent qui l’avait pris sous son aile… Ils avaient grandi ensemble, ils avaient mûris ensemble, ils…
La lame qui passa à quelques centimètres de son visage lui fit reprendre ses esprits, et le guerrier en lui reprit les commandes. Le Maître d’armes, et non pas l’adolescent dont il avait le corps. L’adolescent qu’il n’avait jamais été, pas dans cette vie en tout cas.
Il inspira profondément et vida son esprit, se consacrant uniquement à son combat. Le Bashar était peut être vieux mais il était un bien meilleur combattant que son Duc ne l’avait jamais été. Miles Teg n’était pas son Duc.
Il ouvre avec impatience le paquet qu’il vient de recevoir et sourit. Du melon et des biscuits à base de riz pundi de Caladan. Il sourit. Son quotidien va s’améliorer dans les prochains jours.
Il attrape la lettre qui les accompagne le cœur battant et commence à lire. Des anecdotes du quotidien, les dernières bêtises de Victor, quelques paroles de nouvelles compositions de Gurney. Des recommandations de Thufir – qui reportées par son Duc semblent beaucoup moins strictes qu’elles ne devaient l’être. Duncan soupire. Son Duc sait comment lui faire garder le moral.
Il prend sur lui pour garder la même expression lorsque Leto lui parle de ses problèmes avec les Tleilaxu. Il ne doit pas faire preuve de faiblesse.
Et il prend plus encore sur lui pour ne pas montrer à quel point son cœur se serre en lisant les dernières phrases.
« Tu me manques, Duncan. J’aimerais tellement que tu soies à mes côtés… »
« Moi aussi j’aimerais être à vos côtés, mon Duc… Si seulement vous saviez… Vous me mépriseriez… »
« Je vous aime… »
Il se rapprocha de l’homme à côté de lui. L’odeur de son Duc… La chaleur de son Duc… Il lui avait tellement manqué… Il ouvrit les yeux pour croiser le regard amusé de…
… Miles Teg…
Il recula en bafouillant.
- Je… Je suis désolé Bashar je…
- Je ne savais pas que tu avais ce genre de sentiment pour Lucille… Aux dernières nouvelles ce n’était pas l’entente cordiale entre vous…
Duncan rougit violemment. Fallait-il qu’il ait parlé tout fort… Il ressemblait tellement au Duc… Ce n’était pas le Duc, ça ne pouvait pas être lui, mais il lui manquait tellement… Il avait l’impression de l’avoir quitté quelques semaines plus tôt à peine, et on lui disait que ça faisait des milliers d’années, que son Duc était mort… alors qu’il pourrait être ce vieil homme devant lui. Il aurait pu avoir vieilli, ne pas s’être fait assassiné à cause du traître Yueh…
Il se prit la tête dans les mains. Tout se mélangeait dans sa tête et il sentait qu’il était en train de perdre pied. Il était un adolescent de sept mille ans, et il n’arrivait pas à l’assimiler. Il ne voulait pas rester sur Giedi Prime – ou Gammu, quel que soit le nom qu’ils donnent maintenant au fief des chiens Harkonnen. Il voulait rentrer chez lui. Chez lui, loin de Giedi Prime, loin d’Arrakis. Chez lui sur Caladan, avec son Duc… Son Duc qui était mort…
Son Duc qui posa une main sur son épaule. Comme autrefois.
- Ne te mets pas dans cet état là, Duncan… C’est de ton âge… Tous les adolescents…
Duncan repoussa sa main d’un geste brusque et bondit sur ses pieds.
- Je ne suis pas un adolescent ! Je suis Duncan Idaho, Maître d’Armes de la Maison Atréides, et je n’ai jamais demandé à ce qu’on me ramène ! J’aurais préféré ne jamais le savoir mort ! J’aurais préféré servir sous les ordres du Duc Leto jusqu’à ma mort ! Je l’avais mérité !
- Duncan…
- Et je hais ces maudites Sorcières qui jouent avec nos vies ! Vous n’êtes pas mon Duc ! Je vous déteste !
Il quitta la pièce en courant et alla s’enfermer dans la salle d’entraînement pour pleurer tout son saoul. Il finit par s’endormir, terrassé par le chagrin et le manque.
Liet le rejoint dans sa chambre au Sietch.
- Les Harkonnen sont entrés en action. Nous devons secourir le jeune Atréides et sa mère.
Duncan se lève d’un bond.
- Les chiens ! Où est le jeune Maître ?
- Quelque part dans le désert. Nous devons le trouver avant Shai-Hulud. Les hommes de Stilgar ont localisé le lieu du crash, mais ils se sont éloignés. Nous les cherchons.
Duncan hoche la tête.
- Merci de votre aide, Liet.
- Il est de mon devoir envers Shai-Hulud de secourir le Mahadi.
- Merci au nom de la maison Atréides, ajoute quand même le Maître d’armes.
Alors que le fremen hocha la tête à son tout, Duncan prend une grande inspiration.
- Paul et notre Dame sont en fuite mais… le Duc… ?
- Prisonnier du Baron Harkonnen. Pour lui, il n’y a rien à faire.
Duncan baisse la tête.
- Je suis désolé, Duncan Idaho.
Le maître d’armes se détourne.
Allez-y, Liet. Je vous rejoins.
Il ne faudrait pas que le fremen le voie verser de l’eau pour un homme qui n’est pas encore mort.
Même s’il aimait cet homme plus que sa vie même.
Même s’il aimait cet homme beaucoup plus qu’il n’aurait jamais dû…
« Mon Duc… »
- Tu as raison Duncan… Les bene gesserit ont été d’une cruauté sans borne avec toi… Je suis désolé d’avoir dû faire ça…
Une main lui caressait doucement les cheveux.
- Je ne suis pas ton Duc, et je ne suis personne pour prétendre le remplacer…
Duncan se laissa aller contre la large poitrine, s’imprégnant de son odeur tellement proche de celle de celui qu’il avait perdu. Il lui ressemblait tellement… Pas seulement physiquement. Les convictions du Bashar, sa manière de gérer les conflits pour limiter les pertes… Sa noblesse rigide qui devenait une prison, qui le poussait à se mettre encore et toujours en danger… La loyauté fanatique qu’il inspirait à ses hommes… Le Bashar Miles Teg, tout comme Leto Atréides, était un homme pour qui on mourrait volontiers, le sourire aux lèvres… Un homme qui pleurait amèrement chacune des vies perdues en son nom…
- Vous lui ressemblez tellement…
- Je sais, Duncan. C’est pour ça qu’elles m’ont choisi…
- Ce n’est pas de votre faute… Je suis désolé pour tout à l’heure.
- Ne pleure plus, Duncan… S’il te plait…
Le jeune homme porta sa main à ses joues, réalisant seulement maintenant qu’il pleurait. Il eut un sourire triste à travers ses larmes. Il versait encore de l’eau pour les morts… Stilgar et Liet l’auraient vertement tancé… Gaspiller de l’eau ainsi…
Le Bashar passa la main sur sa joue pour essuyer ses larmes, et le cœur de Duncan se mit à battre à tout rompre.
Il lui ressemblait tellement… Il ressemblait tellement au Duc à qui il n’avait jamais eu le courage de dire la vérité. Il tourna la tête pour déposer un baiser dans la main qui lui caressait la joue.
- Duncan… Je suis… Tu n’es qu’un enfant…
- A sept mille ans, on est un enfant, Bashar ?
- Je… Je suis désolé…
Duncan se blottit à nouveau contre le Bashar.
- Vous avez raison, Bashar. Je suis un enfant…
- Duncan…
- Je peux dormir ici ?
Le Bashar eut un sourire triste mais s’adossa plus confortablement contre le mur et acquiesça. Duncan ferma les yeux et sombra à nouveau dans le sommeil.
- Duncan, comment pourrai-je un jour te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ?
« Soyez en sécurité mon Duc. Arrêtez de risquer votre vie. Fuyez Arrakis. Pensez à votre sécurité. Dune est un piège. Vivez. »
- Je voudrais qu’on aille manger un poisson tout frais pêché ensemble, mon Duc…
Il rit. Son rire franc, son rire qu’il donnerait tout pour entendre plus souvent.
- Tu as des rêves simples, Duncan…
- Oui, mon Duc.
Des Rêves tellement simples. Des rêves où Leto était en sécurité.
Sortir de ce cauchemar qui l’enfermait, dans lequel il s’enlisait. Sortir de ce cauchemar où son Duc était mort. Sortir de ce cauchemar où ils étaient tous morts. Paul, Jessica, Gurney, Thufir… Liet, Stilgar… Ses amis… Son amour… Leto…
Oublier la planète des sables et tout ce qu’elle lui avait pris, jusqu’à sa vie.
- Je voudrais revoir Caladan…
Miles Teg essuya les larmes qui roulaient sur les joues du jeune adolescent endormi. Duncan Idaho, l’homme enfant à qui on avait toujours refusé le droit de grandir protégé et aimé. Duncan Idaho qu’il avait fait tellement souffrir au nom du bene gesserit. Les Sorcières avaient perdu leur humanité dans leurs plans de reproduction et leurs programmes génétiques. Il caressa doucement les boucles brunes et murmura.
- Nous retournerons sur Caladan, Duncan… Tu as la parole de ton Duc.
Et pour la première fois depuis qu’il avait débloqué la mémoire du guerrier en lui, le jeune homme eut un soupir soulagé et son sommeil devint paisible. Pour quelques heures, il redevint l’enfant qu’il n’avait jamais été.
L’enfant que Miles se jura de protéger, contre lui-même s’il le fallait.
- Nous retournerons sur Caladan tous les deux, Duncan. Je te le promets.