flo_nelja: (Default)
[personal profile] flo_nelja posting in [community profile] obscur_echange
Titre : Des promesses d’une nuit troublée
Auteur : Hetepsabet (Participant.e 14)
Pour : Cocoal (Participant.e 3)
Fandom : Le Secret du Roi
Persos/Couple : James/Hippolyte
Rating : G
Disclaimer : Le Secret du Roi appartient à Marie Valente
Prompt : Ellipse sur leur retour à Paris, quand ils dorment ensemble, avec James troublé.
Notes : Merci pour ce prompt, qui me permet d’exploser une ellipse qui me titillait particulièrement ! La fic est du point de vue de James, de ce fait Hippolyte est ici genrée au masculin, puisque James croit qu’elle est un homme. J’espère que cette fic te plaira, j’ai bien aimé y répondre en tout cas !


C’était le genre de détails dont il n’aurait jamais dû se préoccuper autant. C’était ridicule, en vérité. Quelque chose de tristement banal et habituel – une telle situation lui était déjà arrivée par le passé avec de précédents compagnons, sans arracher le moindre sourcillement de sa part. Et pourtant, cette fois…
– Une… une seule chambre ? Avec un seul lit ?
James ne parvint pas à retenir la tonalité incrédule, presque inquiète, dans sa voix, et se morigéna pour cela. Il sentait l’attention d’Hippolyte peser sur lui, interrogatrice, mais il préféra l’ignorer pour se focaliser sur son interlocuteur. L’aubergiste le fixa d’un œil quelque peu surpris avant de se raidir, mal à l’aise.
– Oui, messire. C’est que, nous n’en avons plus d’autres. Je suis navré, mais avec la saison, vous savez…
– Cela nous convient tout à fait ! intervint Hippolyte, sourire aux lèvres, doigts tapotant sur le bar dans un geste trahissant son impatience.
– Parfait, oui, marmonna James pour lui-même, maudissant sa malchance.
– A combien la nuit ?
Dans le même temps, Hippolyte ne manqua pas d’observer James avec une certaine curiosité. Comme ce dernier refusait de le lui rendre et de le confronter, la mine renfermée, cela ne l’aiguillonnait que davantage.
La négociation fut brève, ce qui soulagea James qui avait eu à lutter avec son esprit avide de distraction pour la mener à son terme – il doutait toujours qu’il fût bon de laisser son compagnon s’en charger lui-même. Avec un remerciement, Hippolyte attrapa la clé et James se contenta de lui emboîter le pas vers les escaliers qui menaient à l’étage, de nouveau plongé dans ses pensées. Il avait conscience de ce qui le préoccupait dans cette situation, une donnée qu’il n’y avait jamais eu par le passé. Cependant, il lui était difficile de l’admettre, même à lui-même. Hippolyte était un homme, être attiré par lui revenait à… Il fixa un instant le dos fin de son collègue qui le précédait, évoluant avec aisance dans ce couloir sombre, étroit et vétuste, au plancher craquant. Lui-même n’avait aucune idée d’où ils se rendaient, où se situait leur chambre, et ne s’en souciait guère. Il faisait confiance à Hippolyte pour les mener à bon port – et râlerait sans doute s’il réussissait à les perdre, même si ce ne serait pas légitime de sa part.
Le trahir, peut-être ? Sans doute, d’une certaine façon. Hippolyte ne nourrissait aucun soupçon et une telle chose lui paraîtrait sans doute impensable. Il ne devait jamais en avoir quant à la présence de ce trouble qui gagnait James en sa présence, et encore moins en deviner la nature. Il était sûr de perdre son estime et la confiance relative qu’il lui accordait, et il ne le désirait pas le moins du monde.
– James ?
Hippolyte s’était arrêté et James ne devait qu’à ses réflexes de ne pas lui être rentré dedans. Il constata que la porte de la chambre était ouverte, donnant sur une pièce de petite taille, meublée chichement ; une commode était plaquée contre le mur sur la droite, coiffée d’une bassine, et un pot de chambre côtoyait le lit. La salle paraissait propre. C’était déjà cela.
Vivement que nous soyons de retour à Paris. Les auberges de province ne lui manqueraient pas, il en avait la certitude.
– Hey, James ! Ça va ?
Une secousse à son bras l’arracha de nouveau à ses pensées, et il se troubla lorsqu’il se rendit compte qu’Hippolyte le lui tenait. Il le repoussa sans méchanceté en se raclant la gorge, mal à l’aise. Il réalisa alors qu’ils se tenaient toujours devant l’entrée, puis qu’il ne lui avait pas répondu. Cela expliquait sans doute la lueur d’inquiétude qui brillait désormais dans les yeux de son collègue et le fait qu’il n’eût toujours pas gagné l’intérieur. Il devait la dissiper rapidement s’il voulait éviter qu’Hippolyte se mît en tête de comprendre ce qui le tracassait. Pas sûr qu’il y parvînt, mais James ne prendrait aucun risque. Il ne devait surtout pas comprendre. Surtout pas.
Il haussa un sourcil, faussement indolent.
– Ce n’est rien. Pourquoi, tu t’inquiètes pour moi ?
Ce fut au tour d’Hippolyte d’hausser un sourcil, puis il croisa les bras.
– Tu es plutôt silencieux depuis que nous sommes arrivés. Plus que d’habitude, je veux dire.
James hocha la tête, sans que lui-même fût en mesure de donner une signification à ce geste. Il agita la main pour balayer ses éventuelles remarques avant d’insister devant sa moue sceptique :
– Ca va. Je pensais juste à ce qui nous attend à Paris.
Cela aurait dû être vrai, et dans la logique des choses. Ce constat accrut son malaise. Au lieu de cela, il était perturbé par quelque chose qu’il n’aurait jamais dû ressentir. Malgré cela, ses anticipations pour la nuit à venir obscurcissaient sa capacité de concentration. Les heures suivantes s’annonçaient compliquées. Un seul lit, avec ce stupide trouble qui ne partait pas…
– Oh.
Préoccupé, il ne se soucia pas de la réponse d’Hippolyte et pénétra dans la chambre. Derrière lui, son compagnon haussa les épaules avec fatalisme avant de l’imiter. James jeta un coup d’œil au lit avant de grimacer. En soi, il s’agissait d’un lit comme un autre, aux draps propres, ce qui était une bonne chose. Cependant, si deux personnes pouvaient effectivement tenir dedans, l’espace était un luxe dont cette couche était dépourvue. Certes, ils étaient tous deux plutôt minces mais, une fois encore, son esprit s’emballa à la possibilité que leurs corps s’effleurassent… Ce qui semblait hautement probable, d’après les dimensions du matelas.
La nuit s’annonçait longue.

**


Les yeux grands ouverts, James fixait le plafond. Ce dernier n’avait pourtant rien d’intéressant ; il se constituait seulement d’une succession de planches polies mais un tantinet irrégulières d’où provenaient, de temps à autre, quelques craquements en réponse aux agitations de leurs voisins au-dessus de leurs têtes. La fenêtre donnait sur un village endormi, en grande partie plongé dans l’obscurité, et sur un ciel noir piqueté d’étoiles et parsemé, çà et là, de quelques effiloches de nuages pâles et grisâtres. La nuit avançait et lui ne dormait toujours pas. Il s’en sentait incapable avec le corps d’Hippolyte près de lui. Sa proximité se rappelait à lui à chaque respiration quasi inaudible de son compagnon, briseur de silence, à chaque grincement de lit en réponse au moindre de ses mouvements, à chaque contact entre leurs peaux nues ou au travers de tissus. Un simple effleurement suffisait à lui arracher un émoi flamboyant, sa simple chaleur à pousser son cœur à battre vite, en continu, et à échauffer son esprit. Pas qu’il eût quelque fantasme indigne, non, il n’en était pas là, même s’il s’horrifiait lui-même lorsque la seule idée de ce qu’il aurait pu envisager le traversait. Cependant, la plupart du temps, il peinait même à penser, se contentait juste de ressentir, et de subir. Car il subissait. Et l’étroitesse de ce lit – le vil traître ! – n’arrangeait rien, bien au contraire. Que de malchance.
Il avisa la moue paisible d’Hippolyte, présentement tourné vers lui. Qu’il lui enviait son innocence et sa tranquillité d’esprit ! Il dormait en paix quand lui-même était incapable de fermer l’œil et de se laisser aller à la fatigue. Son trouble l’en empêchait et veillait au grain.
Il ne devait pourtant pas, n’aurait jamais dû ressentir cela pour lui. Hippolyte était un homme. Jusque-là, il avait refusé d’y penser, alors que ses sentiments à son égard évoluaient pour prendre une tournure inadéquate. Mais alors que les minutes et les heures défilaient, sans rien d’autre pour lui occuper – il avait bien essayé, mais un rien annulait ses efforts et il avait fini par abdiquer –, des mots s’étaient glissés d’eux-mêmes pour expliquer son état, et il ne les aimait pas. Il aurait souhaité les effacer mais ils revenaient sans cesse le narguer. Comment cela lui était-il arrivé ? Que devait-il comprendre sur lui-même, au travers de cette attirance envers un être du même sexe que le sien ? Qui plus est, à l’égard d’un homme aussi insupportable et entêté ? Il n’en avait pas la moindre idée et refusait d’y réfléchir. Pas sûr qu’il obtînt une réponse, de toute façon…
A aucun moment, en tant que membre du Secret, il n’avait envisagé une romance, encore moins une situation de cette sorte ; ce qui revenait à pire, peut-être. Sans compter la vision qu’il avait eue, celle de la mort d’Hippolyte… Son cœur se serra et ses lèvres se pincèrent dans un geste involontaire. Au moment où il l’avait eue, cela l’avait inquiété ; à présent, il était terrifié à la perspective de cette fin annoncée et se demandait s’il était possible, d’une manière ou d’une autre, de l’en empêcher. Il avait envie d’y croire, mais ses visions s’étaient toujours révélées justes. Il ferma les yeux, contracta les mâchoires.
Une fois encore, une secousse du matelas l’ébranla et coupa le fil de ses réflexions. Il ouvrit les paupières. Hippolyte était en train de bouger et, dans son mouvement, son bras effleura un instant le sien avant de s’en éloigner de nouveau, puis il s’immobilisa, le souffle tranquille. Les yeux de James s’écarquillèrent suite à ce bref contact et son cœur rata un battement. Il mit quelques secondes avant de s’apaiser. Pas totalement, cependant, car Hippolyte était toujours près de lui, et sa chaleur l’empêchait de l’oublier. Que de redondances dans ses pensées… James retint un soupir, dépité.
La nuit s’annonçait particulièrement longue.

Date: 2023-06-14 06:51 pm (UTC)
From: (Anonymous)
J'aime beaucoup comment James se torture l'esprit, et cette scène où il apprend pour ce lit unique, c'est très drôle ! Et puis cette phrase qui termine chaque passage et résume si bien son état d'esprit...

Merci d'avoir répondu à ce prompt, ta réponse fait écho à ce que j'imaginais, j'ai bien aimé !

Cocoal

Date: 2023-07-09 12:21 pm (UTC)
From: (Anonymous)
Merci, je suis content.e que cette fic t'ait plu ! Et merci encore pour ce prompt <3

Hetepsabet

Profile

obscur_echange: (Default)
Communauté d'échange de fanworks sur les fandoms rares en français

June 2025

S M T W T F S
12 3 4 56 7
8 9 101112 13 14
15161718192021
22232425262728
2930     

Most Popular Tags

Page Summary

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags
Page generated Jun. 16th, 2025 05:34 am
Powered by Dreamwidth Studios