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Titre : Du venin dans le cœur
Auteur : Écholalie (Participant.e 13)
Pour : Satsuma (Participant.e 6)
Fandom : Conte – Blanche Neige
Persos/Couple : La Reine/Blanche-Neige
Rating : K
Disclaimer : Blanche Neige appartient au domaine public
Prompt : La Reine développe des sentiments pour Blanche Neige mais ne l'accepte pas car, en plus d'être toutes les deux des femmes (ce qui n'est pas très bien vu à leur époque), elle est tout de même sensé être sa belle-mère (et ce, même si elles n'ont pas une si grande différence d'âge). Reniant ses propres sentiments, elle cherchera donc à se débarrasser de Blanche. A toi de voir si, à la fin, elles finissent par être ensemble ou si Blanche sera avec le Prince. Et, dans ce cas, est-ce que la Reine regrettera cette occasion manquée ou non ?
Notes : J’ai beaucoup aimé ce petit prompt. Je ne sais pas si j’ai réussi à y répondre sans me disperser, mais j’espère qu’il te plaira !


Lorsqu’on lui annonça qu’elle épouserait un roi et gagnerait une fille le même jour, la future Reine déclara qu’elle était heureuse de pouvoir redonner une mère à l’enfant et ainsi adoucir son chagrin. Ses paroles douces et aimables lui valurent les compliments des ambassadeurs venus négocier le mariage. La future reine sourit, toute fière de ces compliments, même si elle ne faisait que répéter le compliment qu’on avait préparé pour elle. La princesse était avide de plaire à son futur peuple, à son futur mari, et à sa future fille. Elle avait été éduquée dans le but de devenir la reine d’un pays lointain et était heureuse de découvrir que celui qu’on lui destinait était encensé pour sa bonté envers ses sujets et son amour paternel. Jamais il n’avait reproché à sa fille de ne pas être née homme, mais il avait besoin d’un héritier et ce serait à la nouvelle Reine de se charger de cette tâche.
Même si elle savait que tel serait son destin depuis son plus jeune âge, c’est avec un cœur lourd d’appréhension que la future reine monta dans la calèche qui devait l’emmener vers sa nouvelle demeure. Le voyage était fort long, lui laissant bien trop de temps pour s’interroger sur l’avenir. Elle se demandait si elle serait capable d’aimer son mari, si lui l’aimerait et si sa nouvelle fille l’accepterait comme mère. Elle était consciente que sa place dans son nouveau royaume était dépendante de l’amour qu’on lui vouerait et de la vitesse à laquelle elle mettrait au monde un héritier mâle. Sachant que seule la nature déciderait de ce deuxième point, elle décida de se montrer le plus aimable possible pour se faire aimer de tous.
Enfin, la longue procession qui escortait la future reine parvint aux marches du palais royal. Tout était réglé comme du papier à musique. Après des mois de tractations, il était temps de conclure l’affaire au plus vite, aussi la future reine fut-elle conduite dans une pièce toute proche pour qu’on lui enfile sa robe de mariée, toute de brocard et d’or. Elle fut peignée, maquillée, couverte de bijoux à une vitesse défiant l’imagination, par des femmes qui ne dirent pas un mot, trop pressées de la rendre digne de son époux. Tout du long, tandis qu’elle essayait de ne pas gémir sous les assauts un peu trop féroces du peigne, elle lutta contre la désagréable impression de n’être qu’une des poupées qu’elle avait laissé derrière elle au sortir de l’enfance, il n’y avait pas si longtemps de cela.
L’impression ne diminua pas lorsqu’on la conduisit dans la chapelle où son époux attendait près du prêtre. Elle dut s’avancer jusqu’à l’autel sous les yeux de centaines de spectateurs qui jugeaient tout, de la finesse de sa taille à la longueur de ses cils. Quand elle arriva auprès de son promis, elle eut à peine le temps de le regarder avant de devoir s’agenouiller pour réciter ses vœux envers son nouvel époux.
Ce fut seulement quand il redressa sa Reine et épouse qu’elle put enfin le contempler. Il ne ressemblait pas du tout à son portrait. On l’avait trompée, cet homme avait bien vingt ans et autant de kilos de plus que sur le portrait, produit au temps où il était encore jeune. Ses cheveux noirs commençaient même à se mêler de gris et à se dégarnir. La Reine déglutit. Si on lui avait mentit à ce point, à quel point avait-on menti sur le reste ? Pour la première fois elle prit conscience de sa naïveté. Cependant, elle était la seule trompée dans cette histoire, car le roi, lui, sourit jusqu’aux oreilles après avoir prit le temps de la contempler en retour.
-Vous êtes telle qu’on me l’avait décrit, s’extasia le roi. Je n’osais croire à ce que me vendait votre portrait, mais il était d’une incroyable justesse ! Sans aucun doute, il n’y a pas de plus belle femme dans tout le royaume !
Un murmure d’assentiment lui répondit. La Reine, elle, ravala sa bile et l’impression d’être face à un paysan content d’avoir acheté le meilleur morceau de viande au marché.
-Ne devrais-je pas rencontrer votre fille, mon époux ?
-Bien sûr, l’idée est excellente et j’espère que vous serez bonnes amies. Blanche-Neige !
La Reine se retourna et cligna des yeux. En avançant vers l’autel, elle avait cherché une enfant dans les premiers rangs, sans la trouver. C’était parce que nul ne lui avait dit que la fille du roi était âgée d’environ seize ans, plus belle que la Reine elle-même et à peine quelques années de moins qu’elle.
La princesse fit la révérence, mais d’un air raide et ses yeux noirs semblaient deux dagues sombres cherchant à la transpercer. Il n’y avait pas besoin de se demander pourquoi. Quelle fille verrait avec plaisir son père prendre comme épouse une femme de son âge ? La Reine ravala tous les discours qu’elle avait préparé et répéta machinalement les mots de son époux, faisant le vœu qu’elles soient bonnes amies, avant d’être entraînée par lui à la rencontre des courtisans avides de faire sa connaissance.

Les jours suivants, la Reine apprit à connaître de son époux et décida d’abord qu’elle ne lui vouait qu’une estime des plus modérées puis qu’elle le détestait cordialement. Il ne voyait en elle qu’un ventre et qu’un ornement de cour alors que la Reine savait que son éducation était sans pareille et qu’elle avait tout pour plaire, pas seulement sa beauté. La rumeur de la cour et quelques remarques sorties par inadvertance de la bouche de Blanche-Neige lui apprirent qu’elle n’était même pas la seconde épouse de son époux. Le roi n’avait jamais su survivre seul plus de quelques mois après la perte d’une épouse. Sous la courtoisie qu’il montrait à sa nouvelle Reine, il cachait bien mal l’impatience qu’il avait à lui voir fournir l’héritier tant espéré.
Quelques jours passés dans son nouveau royaume suffirent à lui endurcir le cœur et à la faire passer dans le monde des adultes. La princesse n’était plus, seule la Reine restait et ses yeux se firent calculateurs et attentifs. Un époux au cœur froid demandait qu’elle le devienne en retour afin de supporter son étreinte et ses attentes.
Un détail, entre mille autres lui faisait craindre pour sa vie si elle ne donnait pas à son époux ce qu’il attendait. Dans sa chambre l’attendait à son arrivée un miroir, le plus beau qu’elle ait jamais vu. Le roi lui même lui avait appris la formule pour l’interroger, « Miroir, Miroir au mur, quelle est la plus belle de tous le pays ? ». En entendant ces mots, le miroir s’était éveillé et avait proclamé que selon le roi, la beauté de la reine à nulle autre pareille. Puis, le roi l’avait invité à poser la même question en sens inverse et le miroir avait proclamé que pour la reine, le roi le plus bel homme du royaume et le roi l’avait embrassée et proclamé que tant que le miroir donnerait cette réponse, il saurait qu’elle l’aimait.
La Reine avait sourit et protesté qu’aucun autre homme ne pourrait lui plaire maintenant qu’elle connaissait le roi, mais derrière son sourire avenant, son cœur s’était glacé un peu plus. Il y avait une menace très claire dans le présent de son époux. En fait, il n’aurait pu rendre la menace plus explicite, même en invitant le bourreau à participer à cette conversation. Elle devait l’aimer et lui donner un fils. Si l’enfant ne naissait pas, s’il n’était pas mâle, si elle perdait sa beauté, si elle regardait un autre que le roi, alors la seule réponse serait la mort. D’autres avant elles n’avaient pas du réussir à passer l’épreuve du miroir suffisamment longtemps et fréquemment. La Reine avait de la chance de ne pas avoir encore côtoyé de courtisans plus jeunes et beaux que le roi.
Heureusement, son statut lui donnait accès à tous les livres du royaume. La Reine se révéla douée pour la magie, qu’elle soit blanche ou noire. Elle en usa pour s’assurer que sa beauté ne se ternirait pas avec les ans, qu’elle resterait éternellement belle et que le miroir continuerait à proclamer le roi le plus bel homme du royaume pour elle. Ne restait plus qu’à fournir l’enfant et elle serait la femme la plus belle et la plus puissante du royaume.
Elle n’aurait jamais cru devenir cynique aussi vite.

Un problème, hélas, subsistait. Malgré toute la magie utilisée par la reine, l’enfant ne venait pas. De plus en plus inquiète, la Reine cherchait sur le visage de sa belle-fille des signes prouvant qu’elle était bien la fille de son père. Parfois, elle en doutait et s’inquiétait de l’avenir, si le roi se posait également la question.
Peu à peu, la Reine réalisa qu’elle avait un autre problème.
Celui-ci se nommait Blanche-Neige. Au début, la jeune fille avait eu des réticences à s’ouvrir à une belle-mère qui n’était ni la première, ni peut être la dernière à devoir jouer ce rôle auprès d’elle, mais elle était trop bonne pour laisser la Reine seule face à une cour inconnue. En quelques semaines elle était devenue, en somme, ce que la Reine avait de plus proche d’une amie. Et elle était si belle et si bonne que la Reine ne put s’empêcher d’éprouver de l’amour pour elle. En cela, elle n’était pas plus forte que les dizaines d’amoureux éperdus qui suivaient déjà Blanche-Neige en tous lieux où elle les y autorisait.
Elle s’en aperçut un jour où son cœur se mit à battre plus vite rien que de la voir se promener à l’autre bout du parc. Par la suite, elle constata qu’elle suivait du regard la princesse comme n’importe quel autre courtisan séduit par sa beauté et qu’elle cherchait plus souvent sa compagnie. Et pourquoi pas, d’ailleurs ? Quelques années seulement les séparaient. Elles étaient toutes deux de sang royal, toutes deux soumises aux mêmes attentes. De par leur âge, leurs goûts, leurs espoirs, la Reine se sentait bien plus proche de Blanche-Neige que du roi. Le temps qu’elles passaient ensemble n’aurait pas du surprendre ou choquer, mais les regards de la Reine se portaient trop souvent vers les belles mains blanches qu’elle aurait voulu baiser mille fois avec passion.
Le danger apparut aussitôt à ses yeux. Si la Reine avait réalisé la nature de ses sentiments, d’autres pouvaient le faire et cet amour ne pouvait être. Une belle-mère ne pouvait tomber amoureuse de ses nouveaux enfants et une femme ne pouvait en aimer une autre. Même si cela était possible, les princesses et les reines ne pouvaient mettre la succession en danger en préférant une femme au prince ou roi qui leur était destiné. La mort attendait la Reine si elle cédait à ces doux penchants, et elle ne voulait pas mourir. Nul ne devait le découvrir, ni la cour, ni le roi, ni Blanche-Neige elle-même.
Ce soir-là, la Reine s’enferma dans sa chambre seule face à son miroir. Il lui fallut un long moment avant de se sentir capable de lui poser la question qui la taraudait, mais elle en trouva finalement le courage, après avoir plongé dans le sommeil toute l’aile ouest du château afin de s’assurer que nul ne découvrirait son terrible secret.
-Miroir, Miroir au mur, quel est le plus beau de tous le pays ?
-Sans nul doute, le roi plus que tous trouve grâce à vos yeux dans tout le pays.
La réponse du miroir était la même que toute les fois où la Reine lui avait posé la question. Les enchantements qu’elle avait posé dessus tenaient bons, mais elle n’était pas rassurée. Au lieu de le laisser s’éteindre, la Reine s’adressa à lui une deuxième fois.
-Miroir, Miroir au mur, qui donc plus que tous trouve grâce à mes yeux ?
-Sans nul doute, Blanche-Neige plus que tous trouve grâce à vos yeux dans tout le pays.
La Reine aurait voulu détruire le miroir, mais agir de la sorte l’aurait immédiatement trahie auprès du roi. Elle reprit ses enchantements depuis le début et, quand elle fut satisfaite, elle posa à nouveau la question au miroir. Cette fois, la réponse de celui-ci fut satisfaisante et la Reine se coucha, soulagée de sentir ainsi s’éloigner la hache du bourreau.
Hélas, elle rêva de Blanche cette nuit là et dans ses rêves la belle princesse se penchait vers elle en souriant pour l’embrasser. Un rêve n’était qu’un rêve, mais toute la journée la Reine eut l’impression de sentir les regards de toute la cour se poser sur elle d’un air accusateur. Quand elle retourna dans ses appartements, elle se précipita dans son miroir et lui reposa la question sans même s’assurer que nul ne pouvait l’entendre.
-Miroir, Miroir au mur, qui donc plus que tous trouve grâce à mes yeux ?
-Sans nul doute, Blanche-Neige plus que tous trouve grâce à vos yeux dans tout le pays.
Elle se vit condamnée. Un enchantement pouvait faire mentir le miroir en prétendant une affection là où il n’y en avait pas, mais l’amour vrai échappait à tous les enchantements. S’il était interrogé de la bonne façon, le miroir la trahirait. Et ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se trahisse elle-même.

Par chance, le roi qui s’ennuyait décida en ces temps-là de partir à la guerre, laissant la Reine seule maîtresse au palais. Jamais elle n’aurait meilleure chance de régler son problème. Elle laissa une semaine passer, s’abstenant de chercher trop souvent la compagnie de Blanche-Neige, le temps d’être sûre que le roi était trop loin pour être informé à temps pour réagir. Chaque nuit de cette semaine d’attente, la Reine rêva de Blanche-Neige, de son rire, de ses yeux sombres, de ses cheveux de soie, de sa peau blanche et du goût qu’elle aurait si la Reine y posait ses lèvres. Dans ces rêves, Blanche-Neige disait à la Reine tout ce qu’elle voulait entendre et lui parlait d’amour avec une verve incroyable qui laissait au réveil la Reine pantelante de désir inassouvi. Chaque matin, elle regardait Blanche-Neige de loin en se demandant s’il n’était pas possible pour elle d’obtenir un peu de ce bonheur entrevu au fond d’un rêve, sans jamais agir et si les sourires de la jeune fille lui promettaient vraiment ce qu’elle espérait.
La fin de la semaine arriva comme une délivrance. La Reine fit venir le meilleur chasseur du royaume et lui ordonna d’entraîner Blanche-Neige au fond des bois, de la tuer et de ramener son foie et ses poumons arrachés en preuve de ses méfaits.
Peut-être qu’elle était moins la maîtresse de la magie noire que son esclave à présent.
Quoi qu’il en soit, le Chasseur obéit. La Reine se nourrit du foie et des poumons, heureuse de savoir qu’elle ne rêverait plus de Blanche-Neige à présent, tout en pleurant la femme qu’elle avait aimé. Et pendant un temps, son souhait fut exhaussé. Elle ordonna qu’on n’informe pas le roi de la mort de Blanche-Neige, afin que sa détresse ne lui coûta pas la vie sur le champ de bataille. En fut-il informé par un autre moyen ? Toujours est-il qu’il perdit la vie peu avant son retour, sans que la Reine n’y soit pour rien cette fois. Et comme elle était la plus proche parente de la famille grâce à un lointain cousinage, on lui laissa le trône en l’invitant à reprendre un époux au plus vite.
Triomphante sur tous les plans, la Reine se coucha ce soir là l’esprit tranquille.
Elle se réveilla en sueur et en sursaut avec le souvenir des lèvres de Blanche-Neige sur les siennes. Elle n’aurait su dire si dans son rêve la princesse lui promettait la mort ou l’amour, mais le doute la prit. Elle n’avait pas rêvé de Blanche-Neige depuis qu’elle était morte. Se pouvait-il qu’on lui ait menti ? En pleine nuit, elle ralluma toutes les lumières de sa chambre et se tint devant le miroir magique.
-Miroir, Miroir au mur, qui donc plus que tous trouve grâce à mes yeux ?
-Sans nul doute, Blanche-Neige qui vit chez les Nains de l’autre côté de la montagne plus que tous trouve grâce à vos yeux dans tout le pays.
La Reine s’effondra au sol, soulagée et furieuse à la fois. Le roi n’était plus. La vie de la Reine n’était plus menacée si elle aimait Blanche-Neige, mais la jeune fille devait savoir qui l’avait condamnée à mort, même si elle ignorait pourquoi. Il fallait l’abattre, avant qu’elle ne réclame le trône et la tête de la Reine ou pire, qu’elle ne lui confesse les mots que la Reine avait si souvent entendu dans ses rêves sans jamais oser espérer les entendre à voix haute et ne lui dise qu’il était trop tard, par sa faute.
Car il était trop tard à présent et de cela, la Reine ne doutait pas. Elle avait eu un rêve et celui-ci ne s’accomplirait jamais tout comme elle ne posséderait jamais l’amour dont elle avait tant rêvé enfant. Elle devait exciser cet amour impossible de sa propre poitrine et tuer Blanche-Neige.
L’affaire du chasseur lui avait appris qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Sous un déguisement de vielle marchande, elle alla vendre un lacet à la jeune fille dans sa masure au-delà de la montagne. En la voyant, plus belle que jamais dans cet environnement miséreux, elle fut saisie d’envie de tomber à ses genoux, de lui demander pardon et de lui proposer qu’elles partagent le même trône et le même lit.
Mais cela ne pouvait être. La Reine vendit le lacet et le serra si fort sur le coup de Blanche qu’elle en tomba morte. Elle rentra au palais, gagnante mais dégoûtée d’elle-même. Une fois dans ses appartements, elle alla droit à son miroir pour entendre la sentence qu’elle attendait et redoutait, mais le miroir déclara d’un ton tranquille que Blanche-Neige vivait et qu’elle restait première dans le cœur de la Reine.
Il fallait y retourner. Abandonner ou demander le pardon était impossible. Sous la forme d’une vieille dame, la Reine utilisa un peigne empoisonné dans les cheveux de Blanche-Neige. Ce procédé ayant échoué, elle vint sous la forme d’une paysanne lui offrir une pomme empoisonnée. Et quand la Reine rentra au palais, elle interpella son miroir, le cœur battant.
-Miroir, Miroir au mur, qui donc plus que tous trouve grâce à mes yeux ?
-Ma Reine, votre cœur est froid, sec et noir. Nul autre que vous en ce royaume ne trouve grâce à vos yeux.
Le front de la Reine ploya devant cet implacable jugement. Elle triomphait, mais elle avait aussi perdu les seules choses qui auraient du vraiment compter, amour, bonheur et bonté. Blanche-Neige était morte, et son cœur avec. Ne restait que la Reine, prompte à la colère. Ses sujets apprirent à la craindre, ses courtisans à garder pour eux toute allusion au mariage.
Bien des années passèrent, durant lesquelles la Reine régna en dirigeante absolue, sans plus jamais rêver de Blanche-Neige. Puis vint un jour où elle reçut une invitation pour les noces du prince du royaume voisin, lequel épousait, d’après la lettre, une noble jeune fille qui lui était apparentée de loin et dont déjà la rumeur vantait la beauté. Ce royaume était un puissant allié, il était difficile à la Reine de refuser. Elle mit ses plus beaux atours et entra le front haut dans la salle de bal où devait se tenir la cérémonie. La mariée lui tournait le dos, mais elle put admirer sa taille fine dans la lourde robe de mariage.
Pendant un instant, la Reine repensa qu’un jour elle s’était tenue à la place de cette jeune fille, remplie d’autant d’appréhension que d’espoir. Ses lèvres se plissèrent avec mépris. Elle n’avait pas de compassion à gaspiller pour la nouvelle princesse qui allait sous peu déchanter et découvrir que le mariage ne lui apporterait que chagrin et frustration. Qu’elle se débrouille, comme la Reine l’avait fait. Bientôt elle serait aussi corrompue que les autres et comme la Reine, elle n’aurait qu’à s’en féliciter.
Puis la mariée se retourna et la Reine reconnut Blanche-Neige, aussi inchangée par les ans qu’elle même l’était, et la Reine sut qu’elle était condamnée car elle vit dans les yeux de celle qu’elle avait tant aimé et désiré la même froideur glaciale qu’il y avait dans les siens. Elle tomba à genoux pour attendre le jugement tout en remerciant intérieurement Blanche-Neige. Lui donner la mort était un geste de pitié, car la Reine n’aurait pas supporté de vivre en la sachant mariée à un autre et en étant hantée tout le reste de sa vie par des rêves où une Blanche-Neige aimante s’offrait à elle. La mort valait mieux que les regrets et ferait peut être disparaître le venin qui habitait ses veines depuis que l’amour s’y était installé.

Stasuma

Date: 2023-08-09 07:17 pm (UTC)
From: (Anonymous)
Merci beaucoup pour cette superbe réponse à mon prompt :)

D'autant plus que, là, on voit que la Reine n'a pas toujours était froide ou cruelle, mais que c'est son vécut qui l'a rendu ainsi.

J'ai pris beaucoup de plaisir à la découverte de cette version de Blanche-Neige :)

Re: Stasuma

Date: 2023-08-14 02:55 pm (UTC)
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From: [personal profile] eilisande
Tant mieux, je suis contente que cela t'ai plu !

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