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obscur_echangeTitre : Une histoire de vampire
Auteur : Bleuet (Participant 1)
Pour : Evanda (Participant 21)
Fandom : The Crimson Spell
Pairing : Hall/Val
Rating : PG-13
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas mais je les emprunte à Ayano Yamane.
Prompt : The Crimson Spell : Pauvre Hall, ils étaient juste venus pour acheter un peu de nourriture et essayer de dormir dans une auberge, mais non, il a fallu que Val se fasse remarquer et enlever par la comtesse à qui appartenait la ville. Mais cette Bathory allait bien voir qu'on ne s'empare pas impunément du bien d'un magicien de sa trempe.
Note : Je me suis permise de faire une Elizabeth Bathory très... spéciale. Étrangement, en lisant ton prompt, cette vision m'est venue direct ! Alors voilà ma petite histoire de vampire. J'espère que cela te plaira autant que je me suis amusée à l'écrire !
Ils avaient chevauché pendant trois jours. Ils ne s'étaient arrêté que deux fois pour faire boire et reposer les chevaux. Ils avaient fui en grande hâte Syn, l'immense Cité marchande. Hall avait tenté d'échanger un verre qui ne se désemplissait jamais – et dont il avait quatre exemplaires chez lui – contre l'amulette d'Anouk, celle-là même qui provoquait la pluie et l'orage. Le marchand avait eu l'air très intéressé et une fois l'échange fait, il avait attendu quelques minutes pour crier au voleur. Là, les gardes étaient arrivés en trombe pour encercler les deux hommes. Val avait joué de l'épée pour se frayer un chemin et ils avaient enfourché leurs montures. Ils trottaient maintenant aux abords d'une immense forêt qui entourait la ville de Trenčín.
« On est où ? demanda Val en buvant une rasade d'eau.
- Nous allons arriver dans la ville de Trenčín quand on aura traversé cette forêt, annonça Hall en levant la main pour montrer le clochet qui perçait au-dessus de la verdure. A l'Est se trouve le château de Čachtice. On va éviter de trop s'en approcher.
- Pourquoi ?
- C'est une folle qui y vit. On dit qu'elle kidnappe de jeunes filles vierges et qu'après leur avoir fait subir mille tourments, elle les viderait de leur sang et obtiendrait ainsi la jeunesse éternelle. »
Son ton était sombre et Val sentit une sueur froide descendre le long de sa colonne vertébrale. Dans sa tête, le jeune prince s'imaginait déjà la scène : de pauvres filles courant pour fuir une créature perverse mais elles finissaient entre ses bras avant qu'elle ne plante ses crocs dans leur gorge à la peau tendre.
« Comme... comme les vampires ? osa-t-il demander d'une voix pale.
- C'est ce qui se dit. Mais je pense que ce ne sont que des contes à dormir debout pour faire fuir les curieux. Beaucoup de richesses et de trésors sont cachés ici !
- Et ça te fait rire de me raconter des trucs pareils sur un ton aussi lugubre ? s'emporta le prince le rouge aux joues.
Il talonna sa monture et partit au galop sous le regard amusé de Hall.
« Parfois, je me dis que tu fais exprès de l'embêter, souffla Luluka autour de son cou.
- Et moi je me dis que tu ferais un excellent civet si on rajoute des carottes et des pommes de terre ! »
Luluka gonfla ses joues avant de sauter de lui pour s'envoler vers le prince. Hall resta tout seul pour profiter du calme. Mais ses sens étaient aux aguets alors qu'ils pénétraient dans la forêt.
Près d'une heure plus tard, alors que le soleil déclinait lentement, ils mettaient pied à terre devant une auberge. Le village était calme et Valdrigue frissonna à l'ambiance pesante. Les rues étaient vides et quelques corbeaux croassaient sur les branches d'un vieux chêne sans feuilles.
« C'est sinistre, murmura-t-il alors que le lapin s'enroula autour de son cou.
- J'ai un mauvais pressentiment.
- Comme toujours, grogna Hall en attrapant les sacoches. Et comme toujours, tu vas nous porter malchance.
- C'est pas vrai ! »
Val lui caressa doucement la tête en signe d'apaisement. Décidément, ces deux-là n'étaient pas fait pour vivre ensemble.
« Une chambre pour deux, annonça Val en posant les mains sur le comptoir. »
Le jeune prince savait qu'il était dangereux pour lui d'être seul dans une chambre. Si la bête venait à se réveiller, seul Hall avait le pouvoir de le contenir. Alors bon gré, mal gré, il partageait la chambre avec le magicien même s'il s'était habitué à sa présence.
« Repas ?
- Oui et pour nos chevaux ?
- Peter ? cria l'aubergiste alors qu'un garçon arrivait en trombe dans la pièce. Occupe-toi des chevaux de ces messieurs ! »
Le petit s'inclina dans une courbette maladroite et partit en courant. Val sourit, il lui rappelait son jeune écuyer. L'aubergiste leur montra donc la chambre, toute simple avec deux lits et une fenêtre. Il y avait également un guéridon où était posée une vasque pour se laver le visage.
Val se laissa tomber paresseusement sur l'un des lits. Le voyage l'avait fatigué. Sans s'en rendre compte, il s'endormit d'un sommeil léger. Hall s'approcha et avec un sourire tendre aux lèvres, il lui retira les chaussures pour le glisser sous les couvertures. Il déposa un baiser sur son front après l'avoir bordé avec précaution.
On frappa à la porte deux minutes après. Hall alla ouvrir pour réceptionner le repas. C'était un simple plateau avec deux bols profonds remplis d'un ragout. Il y avait une miche de pain ainsi que deux verres et un pichet d'eau. Il soupira en refermant la porte. Val dormait, le ragout allait refroidir... tant pis, il userait de magie pour le réchauffer.
Le magicien alla s'asseoir près de la fenêtre pour manger. Luluka dormait avec Val, roulé en boule sur son ventre. Hall regarda un long moment le prince endormi avant de tourner les yeux dehors. Derrière la vitre, la nuit commençait à dominer sur le jour. Dans quelques minutes, il ferait noir et les pauvres lanternes seraient les seules sources de lumière. Mais déjà une neige fine commençait à tomber.
Dans cette région reculée, il n'était pas rare que la neige tombe au printemps. Hall connaissait les légendes de ce pays. Et d'aucun disait que les soirs de neige, la Bathory venait chercher ses victimes. Le magicien fit la grimace, ce n'était que des contes pour enfants. Jamais il n'avait vu cette Bathory et quand bien même elle existait, ce devait être qu'une princesse en manque d'occupation pour faire courir de telles histoires.
Il arrêta son mouvement, la dernière bouchée du ragout, pour tourner la tête vers le lit. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'un démon magnifique le regardait avec envie.
« Te voilà, déjà ? susurra-t-il en se levant. »
Les yeux du démon luisaient de cet éclat de plaisir qu'il lui connaissait bien maintenant. Hall frémit quand la bête se lécha du bout de la langue ses lèvres. La vision était d'un érotisme pour lui... Hall tendit la main pour venir caresser la joue du démon. Ce dernier émit un ronronnement satisfait, frottant sa peau mate contre cette main.
« Tu es si beau, souffla Hall hypnotisé. »
Son pouce caressa les lèvres déjà humides du démon. Il sourit en se penchant pour l'embrasser, s'y coupant légèrement à cause des canines. Il frémit quand les mains de la bête s'enroulèrent autour de son cou. Il se laissa attiré sur le lit, venant embrasser cette peau Hallée et tatouée. Bientôt, le démon l'étreindrait alors que le magicien glisserait dans son étroit fourreau pour aspirer son énergie vital, pour aspirer sa vie et son plaisir.
Alors que le soleil n'était pas encore levé, Val s'éveilla en pleine forme. Mettant cela sur le compte de s'être endormi dès leur arrivée, il ne se doutait pas et même jamais des étreintes nocturnes d'avec le magicien. Tournant la tête vers ce dernier, Val sourit tendrement : Hall était beau quand il dormait. Les traits de son visage étaient relâchés, le rendant plus doux et moins austères. Il lui semblait plus humain. C'était une étrange pensée venant de la part d'une personne qui abritait en lui un démon sanguinaire.
Val soupira doucement avant de se lever du lit silencieusement. Il passa ses chaussures et son manteau et prit la miche de pain. Il sortit de la chambre sans faire de bruit. En bas, il salua l'aubergiste qui s'occupait de quelques clients. Dur métier, pensa Val en sortant dehors. Un petit vent lui glaça les os et il resserra l'épais manteau autour de lui. Il souffla dans ses mains avant de se diriger vers les écuries. La neige tombait légèrement mais elle ne tiendrait pas, pensa Val.
Il fronça des sourcils en découvrant une personne près de leurs chevaux. Il s'en approcha et se surprit à y découvrir une femme. Elle tourna légèrement son visage cachée sous une épaisse capuche vers le jeune homme et lui sourit agréablement.
« Je vous attendais, mon prince. »
Sa voix était mélodieuse avec un léger accent. Val rougit légèrement, hypnotisé par son regard. Il déglutit difficilement quand elle posa sa main sur son bras, relevant son regard perçant sur lui. Elle était d'une beauté à couper le souffle : une peau blanche comme la neige, un visage aux traits fins et délicats, entouré d'une chevelure aux boucles noires et soyeuses. Ses lèvres étaient rouges sang. Ses yeux verts légèrement en amande avec de longs cils noirs. Il ne la quittait pas des yeux alors qu'un mince sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme.
Hall ouvrit lentement les yeux. Son regard se porta sur le lit à côté du sien mais il se redressa vivement : Val n'y était plus. Ses bottes et son manteau qu'il avait posé la veille sur la table, avaient également disparu. Sans doute était-il parti s'occuper des chevaux ? Après tout c'était l'occupation favorite du jeune prince que de se lever tôt pour prendre soin des animaux.
Il sortit donc après avoir réglé la note non sans essayer de gratter quelques remises. Une fois dans les écuries, il fut surpris de ne pas y trouver Val. Les chevaux étaient bien là, sans scelle ni harnais mais pas de traces de son prince.
« Val ? appela Hall.
- Où est-il ?
- J'en sais rien, gronda le magicien. »
Luluka allait répliquer qu'il était un sorcier de pacotille quand un bruissement de feuilles se fit entendre. Hall se tourna d'un mouvement, la main tendue et entourée d'éclairs.
« Non, je... je...
- C'est le petit page !
- Ce n'est que l'employé de l'auberge, souffla Hall en rabaissant la main.
- Vous... vous devriez partir sans votre ami... il... il ne reviendra pas. »
Les yeux de Hall se rétrécirent dangereusement.
« Il... il a été enlevé par la Bathory, dit le garçon d'une petite voix apeurée. »
Hall haussa un sourcil, surpris.
« Et alors ?
- Et alors ? s'exclama le garçon d'une voix suraigüe. Votre... votre ami doit être mort à l'heure qu'il est !
- Je pense surtout aller le chercher. »
L'employé ouvrit grands les yeux avant de se signer. Il partit sans demander son reste, traitant Hall de fou suicidaire. Ce dernier prépara les deux montures et, après avoir ramassé la miche de pain, entama son voyage jusqu'au château de Čachtice. Une journée complète pour rejoindre cette lugubre demeure.
Quand il y arriva, la nuit venait à peine de tomber, un épais brouillard empêchait toute visibilité mais fort heureusement pour Hall, sa monture étant une créature magique, elle trouverait sans souci le chemin jusqu'à la grande porte.
Une fois devant l'immense double porte massive, Hall s'arrêta. Il n'avait pas envie de faire dans la dentelle aussi se prépara-t-il à incanter. Il n'eut pas le temps de finir que la porte s'ouvrit sur un petit homme. Le magicien, surpris, baissa son sceptre.
« Bienvenue au château de Čachtice, madame la Comtesse va vous recevoir dans le petit salon. »
Hall s'en étonna mais suivit prudemment le domestique. Ce dernier n'était pas bien grand, il arrivait à peine au niveau du torse de Hallwill, son crâne était dégarni et sa peau blanche, presque grise. Un vieil homme.
Le château était immense, les couloirs étaient froids et lugubres. D'immenses tapisseries ornaient les murs de pierre et des bougeoirs indiquaient le chemin. Les pas du domestique étaient silencieux, on n'entendait que ceux du magicien.
« Ma maîtresse sera ravie de vous accueillir.
- Je ne resterai pas. »
Le domestique sourit en lui ouvrant une porte.
« Votre invité, madame.
- Bien, Andrei, fais-le entrer ! dit une voix de femme. »
Andrei leva le bras pour inviter Hall à pénétrer dans la pièce. Contrairement au reste de la demeure, celle-ci était éclairée et chauffée par un immense feu crépitant dans l'âtre d'une cheminée. L'endroit était décoré de tableaux, les portraits de nombreux ancêtres, et de tapis. Des meubles massifs occupaient les coins de la pièce.
Au centre, Hall découvrit une petite table basse avec deux canapés se faisant face. Il se tendit à la vue d'une cage, trop grande pour contenir des oiseaux mais suffisamment pour retenir un homme. Et il y avait un homme : Valdrigue. Le prince se réveilla à son entrée, il se mit à genoux en fixant le magicien d'un regard vide. Hypnotisé ?
« Bienvenue dans ma demeure, magicien ! »
Hall tourna la tête pour voir apparaître la maîtresse de maison. Une belle femme à la sombre chevelure savamment coiffée. Une peau blanche et des lèvres rouges. Un regard perçant bordé de longs cils noirs. La Comtesse portait une robe noir et rouge serrée à la taille mais au décolleté pigeonnant, laissant apparaître une forte poitrine. Elle était loin de l'image du vampire que les gens du pays faisaient courir. Certes, elle lui paraissait inhumaine par sa blancheur mais elle avait tout d'une femme normale. Il avait eu raison : ce n'était qu'une princesse en manque d'occupation. Hall s'inclina, sans la quitter des yeux. Il émanait de cette femme de la magie mais elle n'était pas aussi puissante que lui.
« Je suis venu chercher ce que tu m'as dérobé, lança Hall. »
La Comtesse lui jeta un coup d'oeil, surprise.
« Je ne vois pas ce que... oh ! Tu veux parler de cet adorable et magnifique animal ? »
Sa main gantée vint caresser le visage de Valdrigue. Un sourire se glissa sur les lèvres de la femme et elle tourna son regard vers Hallwill.
« Je n'ai pas envie de m'en séparer. Je ne trouverais rien qui aurait une valeur équitable pour te l'échanger. Et quand bien même, il est mien. »
Le sang de Hall ne fit qu'un tour et il incanta un sort pour lui envoyer une boule d'énergie. Il se mit en joug, tenant son bâton derrière son dos.
« Quelle impolitesse, persiffla la Comtesse.
- Rends-moi Valdrigue.
- Aucune envie. »
Le regard du magicien devint plus noir et menaçant. Il n'avait pas tellement envie de réduire en cendres cette demeure qui sans doute possédait de nombreux artefacts intéressants. Mais si la Bathory n'accédait pas à sa demande, il allait devoir agir...
« Un échange...
- Pardon ?
- Je te propose un échange. »
La Comtesse éclata de rire. D'un pas lent, elle se rapprocha de lui.
« Je te l'ai dit, monsieur le magicien, tu n'as rien qui pourrait avoir la valeur d'un tel... présent ! »
Sur les lèvres de Hall, un sourire en coin se dessina. Oh que si, il avait quelque chose qui pourrait plaire à cette perverse. Il fit claquer son sceptre sur le sol, trois fois et dans un nuage de fumée, il fit apparaître une jeune fille. La Bathory faillit tomber, son pied chaussé d'un talon dérapant. Devant ses yeux, une jeune fille à la peau rosée se tenait debout : de longs cheveux rouges coiffés simplement en une tresse enroulée autour de sa tête et parsemée de perles, des yeux clairs – roses ? - baissés timidement, des mains fines et délicates et une bouche adorables. C'était sans compter les rougeurs à ses joues, rendant le personnage encore plus mignon. La Comtesse tenta de retrouver sa dignité mais la pureté de cette jeune fille lui faisait perdre ses moyens.
* * *
Quelques heures plus tôt, Luluka, sous son apparence humaine, fixait d'un air plus que surpris Hallwill. Le lapin était catastrophé par l'idée proposée.
« Non, je ne ferai pas ça, geignit-il.
- Alors on ne pourra pas récupérer Val. »
Hall avait dit cela avec un calme tel que Luluka se sentit coupable.
« Pourquoi moi ?
- Tu es le plus crédible et tu es une créature magique.
- Oui mais toi, t'es un magicien ! Tu pourrais faire apparaître ce que tu veux.
- Impossible.
- Menteur !
- Tu veux finir en civet ou sauver Val ? »
Luluka lui fit de gros yeux larmoyants. Pourquoi devait-il se déguiser de la sorte ? Certes il n'était pas bien viril mais se travestir pour une dépravée sanguinaire... ?
* * *
La Comtesse ne quittait pas des yeux cette divine apparition. Elle avait la bouche sèche et les mains moites. Son regard se porta sur Valdrigue, enfermé dans la cage, puis revint sur la jeune fille. Ne pouvait-elle pas avoir les deux ? Elle regarda le magicien, impossible, il utiliserait sa magie.
Un cruel dilemme tournait dans son esprit : la fille ou le démon ? Son coeur penchait pour cette adorable enfant à la rouge chevelure. Ses petites joues rouges, son regard baissé et timide fit craquer la Comtesse. Elle gémit et grogna de dépit.
« Ouuuuh ! Et si je veux les deux ?
- Ton manoir et tout ce qu'il contient sera détruit, répondit purement et simplement Hall. »
Déjà son sceptre était levé et brillé d'une lumière dangereuse. La Bathory se redressa, sa forte poitrine en avant. Elle marcha jusqu'à la cage et l'ouvrit. Elle leva sa main et caressa le visage de Val. Quel dommage...
« Que je ne vous revois plus, pesta-t-elle avant de prendre un air dédaigneux. De toute façon... ce n'était pas mon type. »
Val se releva et s'avança vers le magicien. D'un coup, il sembla redevenir lui-même alors que Hall poussait la jeune fille vers la Comtesse.
« Hall ? s'étonna Valdrigue surpris de se retrouver dans une demeure alors que plus tôt il était dans les écuries.
- Dépêche-toi, grogna le magicien. »
Déjà la Comtesse s'attaquait à la pauvre fille.
« Mais Hall...
- Je te dis de venir. »
Val le suivit non sans un regard en arrière. Il ne comprenait rien et espérait des explications.
Une fois dehors, Hall s'approcha de sa monture et se prépara à grimper dessus quand Val lui posa la main sur l'avant-bras.
« Hall, qu'est-ce qui s'est passé ?
- On a évité une catastrophe.
- Co-comment ça ? »
Hall tourna son regard vers le prince, le visage impassible. Val sentit son coeur battre si fort qu'il crut le sentir sortir de sa poitrine. Il avala difficilement.
« Dis-moi...
- Val...
- Que s'est-il passé ? demanda le prince la trouille au ventre.
- Arrête de suivre les belles demoiselles, surtout qui ont tendance à sucer le sang de leur victime. »
Val devint blanc comme un cachet aux paroles de son ami et compagnon de route. Il ne se souvenait de rien...
« Hall, qu'est-ce que...
- Allons, ne traînons pas, la supercherie ne durera pas. »
Il monta en scelle et partit au galop, sans attendre Val. Ce dernier, pris au dépourvu, s'élança à sa suite jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent dans une petite clairière. Le magicien stoppa sa monture et le prince fit de même quand une explosion retentit au loin, derrière eux. Cela provenait du château. Une épaisse fumée s'éleva par-delà la cime des arbres.
« Hall, le château...
- J'ai vu. »
Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres sous l'incompréhension du prince.
« Je crois bien que notre lapin n'apprécie pas son hôtesse.
- De quoi parles-tu et où est Luluka ? s'inquiéta Val.
- Oh il ne devrait plus tarder à arriver. »
A peine eut-il fini sa phrase que l'animal magique apparût, les joues rouges de colère. Il s'enroula autour du coup de Valdrigue sans rien dire.
« Luluka... ?
- Laisse-moi tranquille, grogna leur mascotte. »
Hall se mit à rire doucement.
« Val, il va falloir que tu apprennes à te défendre parce que je ne t'aiderais plus... »
Le prince leva la main et caressa la tête du pauvre Luluka. Ce dernier enfouit son visage dans le cou du prince en frissonnant. Il avait eu chaud... et tout ça parce qu'ils s'étaient arrêtés dans cette auberge près d'un château maudit.
Fin
Auteur : Bleuet (Participant 1)
Pour : Evanda (Participant 21)
Fandom : The Crimson Spell
Pairing : Hall/Val
Rating : PG-13
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas mais je les emprunte à Ayano Yamane.
Prompt : The Crimson Spell : Pauvre Hall, ils étaient juste venus pour acheter un peu de nourriture et essayer de dormir dans une auberge, mais non, il a fallu que Val se fasse remarquer et enlever par la comtesse à qui appartenait la ville. Mais cette Bathory allait bien voir qu'on ne s'empare pas impunément du bien d'un magicien de sa trempe.
Note : Je me suis permise de faire une Elizabeth Bathory très... spéciale. Étrangement, en lisant ton prompt, cette vision m'est venue direct ! Alors voilà ma petite histoire de vampire. J'espère que cela te plaira autant que je me suis amusée à l'écrire !
Ils avaient chevauché pendant trois jours. Ils ne s'étaient arrêté que deux fois pour faire boire et reposer les chevaux. Ils avaient fui en grande hâte Syn, l'immense Cité marchande. Hall avait tenté d'échanger un verre qui ne se désemplissait jamais – et dont il avait quatre exemplaires chez lui – contre l'amulette d'Anouk, celle-là même qui provoquait la pluie et l'orage. Le marchand avait eu l'air très intéressé et une fois l'échange fait, il avait attendu quelques minutes pour crier au voleur. Là, les gardes étaient arrivés en trombe pour encercler les deux hommes. Val avait joué de l'épée pour se frayer un chemin et ils avaient enfourché leurs montures. Ils trottaient maintenant aux abords d'une immense forêt qui entourait la ville de Trenčín.
« On est où ? demanda Val en buvant une rasade d'eau.
- Nous allons arriver dans la ville de Trenčín quand on aura traversé cette forêt, annonça Hall en levant la main pour montrer le clochet qui perçait au-dessus de la verdure. A l'Est se trouve le château de Čachtice. On va éviter de trop s'en approcher.
- Pourquoi ?
- C'est une folle qui y vit. On dit qu'elle kidnappe de jeunes filles vierges et qu'après leur avoir fait subir mille tourments, elle les viderait de leur sang et obtiendrait ainsi la jeunesse éternelle. »
Son ton était sombre et Val sentit une sueur froide descendre le long de sa colonne vertébrale. Dans sa tête, le jeune prince s'imaginait déjà la scène : de pauvres filles courant pour fuir une créature perverse mais elles finissaient entre ses bras avant qu'elle ne plante ses crocs dans leur gorge à la peau tendre.
« Comme... comme les vampires ? osa-t-il demander d'une voix pale.
- C'est ce qui se dit. Mais je pense que ce ne sont que des contes à dormir debout pour faire fuir les curieux. Beaucoup de richesses et de trésors sont cachés ici !
- Et ça te fait rire de me raconter des trucs pareils sur un ton aussi lugubre ? s'emporta le prince le rouge aux joues.
Il talonna sa monture et partit au galop sous le regard amusé de Hall.
« Parfois, je me dis que tu fais exprès de l'embêter, souffla Luluka autour de son cou.
- Et moi je me dis que tu ferais un excellent civet si on rajoute des carottes et des pommes de terre ! »
Luluka gonfla ses joues avant de sauter de lui pour s'envoler vers le prince. Hall resta tout seul pour profiter du calme. Mais ses sens étaient aux aguets alors qu'ils pénétraient dans la forêt.
Près d'une heure plus tard, alors que le soleil déclinait lentement, ils mettaient pied à terre devant une auberge. Le village était calme et Valdrigue frissonna à l'ambiance pesante. Les rues étaient vides et quelques corbeaux croassaient sur les branches d'un vieux chêne sans feuilles.
« C'est sinistre, murmura-t-il alors que le lapin s'enroula autour de son cou.
- J'ai un mauvais pressentiment.
- Comme toujours, grogna Hall en attrapant les sacoches. Et comme toujours, tu vas nous porter malchance.
- C'est pas vrai ! »
Val lui caressa doucement la tête en signe d'apaisement. Décidément, ces deux-là n'étaient pas fait pour vivre ensemble.
« Une chambre pour deux, annonça Val en posant les mains sur le comptoir. »
Le jeune prince savait qu'il était dangereux pour lui d'être seul dans une chambre. Si la bête venait à se réveiller, seul Hall avait le pouvoir de le contenir. Alors bon gré, mal gré, il partageait la chambre avec le magicien même s'il s'était habitué à sa présence.
« Repas ?
- Oui et pour nos chevaux ?
- Peter ? cria l'aubergiste alors qu'un garçon arrivait en trombe dans la pièce. Occupe-toi des chevaux de ces messieurs ! »
Le petit s'inclina dans une courbette maladroite et partit en courant. Val sourit, il lui rappelait son jeune écuyer. L'aubergiste leur montra donc la chambre, toute simple avec deux lits et une fenêtre. Il y avait également un guéridon où était posée une vasque pour se laver le visage.
Val se laissa tomber paresseusement sur l'un des lits. Le voyage l'avait fatigué. Sans s'en rendre compte, il s'endormit d'un sommeil léger. Hall s'approcha et avec un sourire tendre aux lèvres, il lui retira les chaussures pour le glisser sous les couvertures. Il déposa un baiser sur son front après l'avoir bordé avec précaution.
On frappa à la porte deux minutes après. Hall alla ouvrir pour réceptionner le repas. C'était un simple plateau avec deux bols profonds remplis d'un ragout. Il y avait une miche de pain ainsi que deux verres et un pichet d'eau. Il soupira en refermant la porte. Val dormait, le ragout allait refroidir... tant pis, il userait de magie pour le réchauffer.
Le magicien alla s'asseoir près de la fenêtre pour manger. Luluka dormait avec Val, roulé en boule sur son ventre. Hall regarda un long moment le prince endormi avant de tourner les yeux dehors. Derrière la vitre, la nuit commençait à dominer sur le jour. Dans quelques minutes, il ferait noir et les pauvres lanternes seraient les seules sources de lumière. Mais déjà une neige fine commençait à tomber.
Dans cette région reculée, il n'était pas rare que la neige tombe au printemps. Hall connaissait les légendes de ce pays. Et d'aucun disait que les soirs de neige, la Bathory venait chercher ses victimes. Le magicien fit la grimace, ce n'était que des contes pour enfants. Jamais il n'avait vu cette Bathory et quand bien même elle existait, ce devait être qu'une princesse en manque d'occupation pour faire courir de telles histoires.
Il arrêta son mouvement, la dernière bouchée du ragout, pour tourner la tête vers le lit. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'un démon magnifique le regardait avec envie.
« Te voilà, déjà ? susurra-t-il en se levant. »
Les yeux du démon luisaient de cet éclat de plaisir qu'il lui connaissait bien maintenant. Hall frémit quand la bête se lécha du bout de la langue ses lèvres. La vision était d'un érotisme pour lui... Hall tendit la main pour venir caresser la joue du démon. Ce dernier émit un ronronnement satisfait, frottant sa peau mate contre cette main.
« Tu es si beau, souffla Hall hypnotisé. »
Son pouce caressa les lèvres déjà humides du démon. Il sourit en se penchant pour l'embrasser, s'y coupant légèrement à cause des canines. Il frémit quand les mains de la bête s'enroulèrent autour de son cou. Il se laissa attiré sur le lit, venant embrasser cette peau Hallée et tatouée. Bientôt, le démon l'étreindrait alors que le magicien glisserait dans son étroit fourreau pour aspirer son énergie vital, pour aspirer sa vie et son plaisir.
Alors que le soleil n'était pas encore levé, Val s'éveilla en pleine forme. Mettant cela sur le compte de s'être endormi dès leur arrivée, il ne se doutait pas et même jamais des étreintes nocturnes d'avec le magicien. Tournant la tête vers ce dernier, Val sourit tendrement : Hall était beau quand il dormait. Les traits de son visage étaient relâchés, le rendant plus doux et moins austères. Il lui semblait plus humain. C'était une étrange pensée venant de la part d'une personne qui abritait en lui un démon sanguinaire.
Val soupira doucement avant de se lever du lit silencieusement. Il passa ses chaussures et son manteau et prit la miche de pain. Il sortit de la chambre sans faire de bruit. En bas, il salua l'aubergiste qui s'occupait de quelques clients. Dur métier, pensa Val en sortant dehors. Un petit vent lui glaça les os et il resserra l'épais manteau autour de lui. Il souffla dans ses mains avant de se diriger vers les écuries. La neige tombait légèrement mais elle ne tiendrait pas, pensa Val.
Il fronça des sourcils en découvrant une personne près de leurs chevaux. Il s'en approcha et se surprit à y découvrir une femme. Elle tourna légèrement son visage cachée sous une épaisse capuche vers le jeune homme et lui sourit agréablement.
« Je vous attendais, mon prince. »
Sa voix était mélodieuse avec un léger accent. Val rougit légèrement, hypnotisé par son regard. Il déglutit difficilement quand elle posa sa main sur son bras, relevant son regard perçant sur lui. Elle était d'une beauté à couper le souffle : une peau blanche comme la neige, un visage aux traits fins et délicats, entouré d'une chevelure aux boucles noires et soyeuses. Ses lèvres étaient rouges sang. Ses yeux verts légèrement en amande avec de longs cils noirs. Il ne la quittait pas des yeux alors qu'un mince sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme.
Hall ouvrit lentement les yeux. Son regard se porta sur le lit à côté du sien mais il se redressa vivement : Val n'y était plus. Ses bottes et son manteau qu'il avait posé la veille sur la table, avaient également disparu. Sans doute était-il parti s'occuper des chevaux ? Après tout c'était l'occupation favorite du jeune prince que de se lever tôt pour prendre soin des animaux.
Il sortit donc après avoir réglé la note non sans essayer de gratter quelques remises. Une fois dans les écuries, il fut surpris de ne pas y trouver Val. Les chevaux étaient bien là, sans scelle ni harnais mais pas de traces de son prince.
« Val ? appela Hall.
- Où est-il ?
- J'en sais rien, gronda le magicien. »
Luluka allait répliquer qu'il était un sorcier de pacotille quand un bruissement de feuilles se fit entendre. Hall se tourna d'un mouvement, la main tendue et entourée d'éclairs.
« Non, je... je...
- C'est le petit page !
- Ce n'est que l'employé de l'auberge, souffla Hall en rabaissant la main.
- Vous... vous devriez partir sans votre ami... il... il ne reviendra pas. »
Les yeux de Hall se rétrécirent dangereusement.
« Il... il a été enlevé par la Bathory, dit le garçon d'une petite voix apeurée. »
Hall haussa un sourcil, surpris.
« Et alors ?
- Et alors ? s'exclama le garçon d'une voix suraigüe. Votre... votre ami doit être mort à l'heure qu'il est !
- Je pense surtout aller le chercher. »
L'employé ouvrit grands les yeux avant de se signer. Il partit sans demander son reste, traitant Hall de fou suicidaire. Ce dernier prépara les deux montures et, après avoir ramassé la miche de pain, entama son voyage jusqu'au château de Čachtice. Une journée complète pour rejoindre cette lugubre demeure.
Quand il y arriva, la nuit venait à peine de tomber, un épais brouillard empêchait toute visibilité mais fort heureusement pour Hall, sa monture étant une créature magique, elle trouverait sans souci le chemin jusqu'à la grande porte.
Une fois devant l'immense double porte massive, Hall s'arrêta. Il n'avait pas envie de faire dans la dentelle aussi se prépara-t-il à incanter. Il n'eut pas le temps de finir que la porte s'ouvrit sur un petit homme. Le magicien, surpris, baissa son sceptre.
« Bienvenue au château de Čachtice, madame la Comtesse va vous recevoir dans le petit salon. »
Hall s'en étonna mais suivit prudemment le domestique. Ce dernier n'était pas bien grand, il arrivait à peine au niveau du torse de Hallwill, son crâne était dégarni et sa peau blanche, presque grise. Un vieil homme.
Le château était immense, les couloirs étaient froids et lugubres. D'immenses tapisseries ornaient les murs de pierre et des bougeoirs indiquaient le chemin. Les pas du domestique étaient silencieux, on n'entendait que ceux du magicien.
« Ma maîtresse sera ravie de vous accueillir.
- Je ne resterai pas. »
Le domestique sourit en lui ouvrant une porte.
« Votre invité, madame.
- Bien, Andrei, fais-le entrer ! dit une voix de femme. »
Andrei leva le bras pour inviter Hall à pénétrer dans la pièce. Contrairement au reste de la demeure, celle-ci était éclairée et chauffée par un immense feu crépitant dans l'âtre d'une cheminée. L'endroit était décoré de tableaux, les portraits de nombreux ancêtres, et de tapis. Des meubles massifs occupaient les coins de la pièce.
Au centre, Hall découvrit une petite table basse avec deux canapés se faisant face. Il se tendit à la vue d'une cage, trop grande pour contenir des oiseaux mais suffisamment pour retenir un homme. Et il y avait un homme : Valdrigue. Le prince se réveilla à son entrée, il se mit à genoux en fixant le magicien d'un regard vide. Hypnotisé ?
« Bienvenue dans ma demeure, magicien ! »
Hall tourna la tête pour voir apparaître la maîtresse de maison. Une belle femme à la sombre chevelure savamment coiffée. Une peau blanche et des lèvres rouges. Un regard perçant bordé de longs cils noirs. La Comtesse portait une robe noir et rouge serrée à la taille mais au décolleté pigeonnant, laissant apparaître une forte poitrine. Elle était loin de l'image du vampire que les gens du pays faisaient courir. Certes, elle lui paraissait inhumaine par sa blancheur mais elle avait tout d'une femme normale. Il avait eu raison : ce n'était qu'une princesse en manque d'occupation. Hall s'inclina, sans la quitter des yeux. Il émanait de cette femme de la magie mais elle n'était pas aussi puissante que lui.
« Je suis venu chercher ce que tu m'as dérobé, lança Hall. »
La Comtesse lui jeta un coup d'oeil, surprise.
« Je ne vois pas ce que... oh ! Tu veux parler de cet adorable et magnifique animal ? »
Sa main gantée vint caresser le visage de Valdrigue. Un sourire se glissa sur les lèvres de la femme et elle tourna son regard vers Hallwill.
« Je n'ai pas envie de m'en séparer. Je ne trouverais rien qui aurait une valeur équitable pour te l'échanger. Et quand bien même, il est mien. »
Le sang de Hall ne fit qu'un tour et il incanta un sort pour lui envoyer une boule d'énergie. Il se mit en joug, tenant son bâton derrière son dos.
« Quelle impolitesse, persiffla la Comtesse.
- Rends-moi Valdrigue.
- Aucune envie. »
Le regard du magicien devint plus noir et menaçant. Il n'avait pas tellement envie de réduire en cendres cette demeure qui sans doute possédait de nombreux artefacts intéressants. Mais si la Bathory n'accédait pas à sa demande, il allait devoir agir...
« Un échange...
- Pardon ?
- Je te propose un échange. »
La Comtesse éclata de rire. D'un pas lent, elle se rapprocha de lui.
« Je te l'ai dit, monsieur le magicien, tu n'as rien qui pourrait avoir la valeur d'un tel... présent ! »
Sur les lèvres de Hall, un sourire en coin se dessina. Oh que si, il avait quelque chose qui pourrait plaire à cette perverse. Il fit claquer son sceptre sur le sol, trois fois et dans un nuage de fumée, il fit apparaître une jeune fille. La Bathory faillit tomber, son pied chaussé d'un talon dérapant. Devant ses yeux, une jeune fille à la peau rosée se tenait debout : de longs cheveux rouges coiffés simplement en une tresse enroulée autour de sa tête et parsemée de perles, des yeux clairs – roses ? - baissés timidement, des mains fines et délicates et une bouche adorables. C'était sans compter les rougeurs à ses joues, rendant le personnage encore plus mignon. La Comtesse tenta de retrouver sa dignité mais la pureté de cette jeune fille lui faisait perdre ses moyens.
* * *
Quelques heures plus tôt, Luluka, sous son apparence humaine, fixait d'un air plus que surpris Hallwill. Le lapin était catastrophé par l'idée proposée.
« Non, je ne ferai pas ça, geignit-il.
- Alors on ne pourra pas récupérer Val. »
Hall avait dit cela avec un calme tel que Luluka se sentit coupable.
« Pourquoi moi ?
- Tu es le plus crédible et tu es une créature magique.
- Oui mais toi, t'es un magicien ! Tu pourrais faire apparaître ce que tu veux.
- Impossible.
- Menteur !
- Tu veux finir en civet ou sauver Val ? »
Luluka lui fit de gros yeux larmoyants. Pourquoi devait-il se déguiser de la sorte ? Certes il n'était pas bien viril mais se travestir pour une dépravée sanguinaire... ?
* * *
La Comtesse ne quittait pas des yeux cette divine apparition. Elle avait la bouche sèche et les mains moites. Son regard se porta sur Valdrigue, enfermé dans la cage, puis revint sur la jeune fille. Ne pouvait-elle pas avoir les deux ? Elle regarda le magicien, impossible, il utiliserait sa magie.
Un cruel dilemme tournait dans son esprit : la fille ou le démon ? Son coeur penchait pour cette adorable enfant à la rouge chevelure. Ses petites joues rouges, son regard baissé et timide fit craquer la Comtesse. Elle gémit et grogna de dépit.
« Ouuuuh ! Et si je veux les deux ?
- Ton manoir et tout ce qu'il contient sera détruit, répondit purement et simplement Hall. »
Déjà son sceptre était levé et brillé d'une lumière dangereuse. La Bathory se redressa, sa forte poitrine en avant. Elle marcha jusqu'à la cage et l'ouvrit. Elle leva sa main et caressa le visage de Val. Quel dommage...
« Que je ne vous revois plus, pesta-t-elle avant de prendre un air dédaigneux. De toute façon... ce n'était pas mon type. »
Val se releva et s'avança vers le magicien. D'un coup, il sembla redevenir lui-même alors que Hall poussait la jeune fille vers la Comtesse.
« Hall ? s'étonna Valdrigue surpris de se retrouver dans une demeure alors que plus tôt il était dans les écuries.
- Dépêche-toi, grogna le magicien. »
Déjà la Comtesse s'attaquait à la pauvre fille.
« Mais Hall...
- Je te dis de venir. »
Val le suivit non sans un regard en arrière. Il ne comprenait rien et espérait des explications.
Une fois dehors, Hall s'approcha de sa monture et se prépara à grimper dessus quand Val lui posa la main sur l'avant-bras.
« Hall, qu'est-ce qui s'est passé ?
- On a évité une catastrophe.
- Co-comment ça ? »
Hall tourna son regard vers le prince, le visage impassible. Val sentit son coeur battre si fort qu'il crut le sentir sortir de sa poitrine. Il avala difficilement.
« Dis-moi...
- Val...
- Que s'est-il passé ? demanda le prince la trouille au ventre.
- Arrête de suivre les belles demoiselles, surtout qui ont tendance à sucer le sang de leur victime. »
Val devint blanc comme un cachet aux paroles de son ami et compagnon de route. Il ne se souvenait de rien...
« Hall, qu'est-ce que...
- Allons, ne traînons pas, la supercherie ne durera pas. »
Il monta en scelle et partit au galop, sans attendre Val. Ce dernier, pris au dépourvu, s'élança à sa suite jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent dans une petite clairière. Le magicien stoppa sa monture et le prince fit de même quand une explosion retentit au loin, derrière eux. Cela provenait du château. Une épaisse fumée s'éleva par-delà la cime des arbres.
« Hall, le château...
- J'ai vu. »
Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres sous l'incompréhension du prince.
« Je crois bien que notre lapin n'apprécie pas son hôtesse.
- De quoi parles-tu et où est Luluka ? s'inquiéta Val.
- Oh il ne devrait plus tarder à arriver. »
A peine eut-il fini sa phrase que l'animal magique apparût, les joues rouges de colère. Il s'enroula autour du coup de Valdrigue sans rien dire.
« Luluka... ?
- Laisse-moi tranquille, grogna leur mascotte. »
Hall se mit à rire doucement.
« Val, il va falloir que tu apprennes à te défendre parce que je ne t'aiderais plus... »
Le prince leva la main et caressa la tête du pauvre Luluka. Ce dernier enfouit son visage dans le cou du prince en frissonnant. Il avait eu chaud... et tout ça parce qu'ils s'étaient arrêtés dans cette auberge près d'un château maudit.
Fin
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Date: 2009-07-10 08:46 pm (UTC)J'aime comment Hall décide d'utiliser Luluka pour récupérer son prince ^^ surtout qu'il sait pertinemment que ça ne plaira pas au lapin <3
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Date: 2009-08-03 11:00 pm (UTC)